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Couverts d’interculture : comment optimiser leurs bénéfices sur la structure du sol ?

Bien menés, les couverts végétaux améliorent la structure du sol sur les premiers centimètres, mais ne remplacent pas le travail du sol lorsque la structure est compactée en profondeur.

En hiver, la présence d'un couvert contribue à une meilleure infiltration de l'eau, réduisant les risques de tassement ou de lissage du sol en profondeur.
En hiver, la présence d'un couvert contribue à une meilleure infiltration de l'eau, réduisant les risques de tassement ou de lissage du sol en profondeur.
© C. Gloria

« Les couverts, quelle que soit l’espèce, limitent les phénomènes de battance, de ruissellement et d’érosion du sol, indique Jérôme Labreuche d’Arvalis. Ils agissent sur la structure de surface avec des effets très remarquables. En hiver, ils contribuent à préserver la structure des sols sensibles à la battance ou à la prise en masse. »

Ce constat est confirmé par Vincent Tomis, chargé de projet chez Agro-transfert. Dans ses essais menés dans le cadre du projet « Multifonctionnalités des couverts d’interculture », il a remarqué que la présence de couverts favorise la fissuration du profil du sol. « En complément des galeries de vers de terre, ces fissures créées par les couverts végétaux sont des voies préférentielles pour les racines des cultures suivantes, précise-t-il. En améliorant le passage de l’air et l’infiltration de l’eau, ces fissures contribuent à l’évolution des propriétés du sol. » Cette résultante s’observe d’autant plus que le sol contient de l’argile, celle-ci gonflant avec l’humidité et se rétractant avec le sec.

Les couverts ne remplacent pas le travail du sol

« Les couverts végétaux représentent un levier intéressant qui permet de conserver la structure du sol à condition que celle-ci soit déjà suffisamment poreuse pour permettre aux racines de se développer correctement et de coloniser le profil, prévient Michael Geloen, ingénieur de développement chez Terres Inovia. En revanche, si le sol est dégradé, aucun couvert végétal, quelle que soit sa nature, n’est en mesure de le restructurer. »

En hiver, la présence d’un couvert contribue à une meilleure infiltration de l’eau, réduisant les risques de tassement ou de lissage du sol en profondeur. Les couverts se transforment en pompe à eau, ce qui permet d’assécher le profil dans les sols qui contiennent au minimum 16 à 18 % d’argile. Cette constatation est d’autant plus marquée autour des zones tassées.

Bien menés, les couverts limitent la prise en masse du sol et créent des mottes plus fines. Cela leur confère un rôle préventif dans la préservation de la structure du sol, même s’ils ne remplacent pas le travail du sol. Au printemps, ce dernier, plus aéré, est plus facile à travailler. En semis direct, un couvert permanent comme la luzerne permet ainsi de retrouver une meilleure porosité et de compenser en partie le non-travail du sol.

La composition du couvert a son importance. Il doit être composé idéalement d’un mélange d’au moins cinq espèces non gélives, en associant des configurations racinaires pivotantes et fasciculées. Cette diversité limite le risque d’échec en cas de conditions climatiques défavorables et permet d’explorer différentes niches écologiques. « Il faut privilégier la biomasse racinaire plutôt que la biomasse aérienne, même si les deux sont souvent liées, explique Michael Geloen. La vesce ou le lin convient parfaitement à la colonisation de l’horizon de surface. La phacélie, avec son chevelu racinaire développé, est intéressante pour la couche intermédiaire de sol. Enfin, le sorgho, le seigle ou le radis fourrager favorise l’exploration de la strate la plus profonde. Il convient de viser 250 à 350 pieds par mètre carré, avec 10 à 15 pieds par mètre carré de crucifères pour assurer une couverture rapide du sol sans créer de concurrence entre les plantes pour l’accès aux minéraux et à l’eau disponible. »

Dans ses essais, l’équipe d’Agro-transfert a constaté des différences significatives entre les espèces de couverts en fonction de la durée de végétation. « Après 500 degrés jour (DJ), soit un mois et demi après la levée du couvert, les racines atteignent difficilement 50 centimètres de profondeur, précise Vincent Tomis. Dans le profil réalisé à 1 000 DJ, l’exploration racinaire est plus importante. Les effets sur la structure du sol sont davantage visibles et l’infiltration de l’eau est meilleure. »

Il convient de trouver le bon compromis selon les objectifs recherchés. En effet, un couvert détruit tardivement, même s’il agit positivement sur la structure du sol, peut mobiliser davantage d’azote pour sa destruction, son rapport C/N (carbone/azote) étant plus élevé. Pour limiter cet effet et maintenir au mieux la structure du sol, il est possible d’effectuer une interculture longue avec des couverts relais. « Le principe consiste à semer le couvert en été, puis de le détruire avant sa floraison. Ensuite, un second couvert est implanté dans la même parcelle, explique Michael Geloen. Avec cette technique, le C/N est moins important et par conséquent la quantité d’azote mobilisée est plus faible. »

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