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« Cette année, il faut faire un diagnostic de l’état structural de son sol avant de semer »

Matthieu Archambeaud, agronome et fondateur d’Icosystème, centre de formation en agronomie et agroécologie, considère qu’au vu des conditions de la campagne 2024, le risque est grand d’avoir abîmé son sol. Le miniprofil 3D est la méthode qu’il conseille pour poser un diagnostic de sa structure.

Matthieu Archambeaud, agronome et fondateur du centre de formation Icosystème.
« Le risque de tassement est fort, il est indispensable d'aller vérifier en ouvrant son sol », estime Mathieu Archambeaud.
© M. Archambeaud

Pourquoi les sols risquent d’être tassés en cette fin de campagne 2024 ?

« Cette campagne a été particulièrement compliquée : les cultures ont été semées et récoltées dans de mauvaises conditions. Le risque est grand d’avoir abîmé ses sols. Dans les régions les plus concernées, les fortes précipitations couplées aux passages de roues sur des sols très humides constituent d’importants facteurs de dégradation. Les sols deviennent plastiques, avec des risques de battance, de compaction, voire d’érosion.

De façon générale, un sol est capable de se restructurer naturellement s’il est correctement pourvu en matière organique, y compris si c’est un sol plutôt pauvre en argile (teneur inférieure à 25 %). La matière organique comme l’activité biologique vont permettre au sol de mieux supporter des conditions très humides comme des conditions très sèches. Dans de nombreuses des situations, les sols sont pauvres en matière organique, et au regard des conditions de la campagne, quel que soit le type de sol, on ne pourra pas se contenter d’une seule observation en surface.

Quelle est la meilleure méthode pour identifier si un sol a été tassé lors de la campagne 2024 ?

S’il a un tassement, il risque d’être localisé en profondeur. Un test bêche ne suffira pas, sauf si l’on connaît très bien la structure de son sol. Un sol dégradé en surface ne l’est pas forcément en profondeur et inversement. Prendre la décision d’intervenir mécaniquement sans creuser peut se révéler pire que le mal, s’il s’avère finalement que cela n’était pas nécessaire. Le décompacteur ou le fissurateur va fragiliser le sol en défaisant les agrégats qui permettent de le structurer.

Un diagnostic, type miniprofil 3D sur 60 à 70 cm de profondeur, est essentiel pour savoir s’il y a une dégradation et si elle est sérieuse et profonde. Une fois le sol ouvert, le meilleur indicateur de la compaction est l’enracinement des plantes. Si les racines ne sont pas capables d’explorer le sol en profondeur, c’est qu’il faut faire un travail mécanique. Il est généralement recommandé d’attendre l’automne, car plus un sol est sec, plus il est difficile à expertiser. Mais cette année, vu l’humidité des sols, l’expertise sera possible dès cet été pour intervenir mécaniquement si besoin avant les semis de blé. »

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