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Dégâts de grand gibier : comment faire clôturer sa parcelle pour la protéger ?

Des collaborations sont à l’œuvre entre fédérations de chasseurs et agriculteurs pour protéger les champs des dégâts de sangliers, chevreuils et cerfs. La pose de clôture peut résoudre les problèmes dans les zones à risques. Exemple sur deux territoires.

Deux hauteurs de fil avec électrification sont nécessaires pour protéger les maïs des incursions de sangliers.
Deux hauteurs de fil avec électrification sont nécessaires pour protéger les maïs des incursions de sangliers.
© C. Gloria

La chasse est ouverte pour tous les gibiers et les sangliers sont plus particulièrement dans le viseur. Outre des mesures facilitées pour organiser des battues contre les sangliers, la mise en place de clôtures autour des parcelles peut constituer une solution efficace contre les dégâts si elle est bien mise en œuvre.

« 800 kilomètres de clôture sont installés par an pour une surface de 5 000 hectares environ et sur 500 exploitations, chiffre Bernard Mailly, exploitant agricole de Nouvion à la retraite et président de la commission grand gibier de la fédération départementale des chasseurs de la Somme (FDC80), une des trois plus importantes de France. Ces clôtures vont en priorité sur les cultures à haute valeur ajoutée (légumes, pomme de terre), les pois, le maïs… Cette dernière culture constitue près des deux tiers des mesures de protection, avec des clôtures restant en place du semis à la récolte. »

La FDC80 met les moyens sur la prévention des dégâts avec un service dédié constitué de cinq agents techniques à plein temps sur le terrain. « Nous avons fait l’acquisition du matériel et nous installons les clôtures nous-mêmes, explique Emmanuel Lavoisier, directeur de la FDC80. L’agriculteur a à sa charge l’entretien et la surveillance. Il lui est demandé de préparer un terrain propre de végétation à l’emplacement de la clôture, en laissant un rang de semis vide sur maïs par exemple. Aucune végétation ne doit toucher le fil, ce qui nécessite de débroussailler ou de désherber à certains moments. »

Une indemnité pour l’entretien et la perte de surface

L’agriculteur est indemnisé pour cela : 70 euros du kilomètre linéaire pour la suppression d’un rang de maïs et 83 euros par kilomètre pour l’entretien. Le non-respect de l’entretien peut se traduire par une réduction des indemnités. Toutes les règles figurent sur une convention que le producteur signe avec la FDC80. En cas de dégâts malgré tout avec une clôture électrifiée en place, l’agriculteur est toujours en droit d’exiger une indemnisation de sa fédération départementale des chasseurs. Ce cas de figure donne parfois lieu à des litiges dans certains départements, tout comme dans les situations où l’agriculteur refuse une installation de clôture conseillée par la fédération de chasseur de son département et que des dégâts surviennent.

La FDC80 admet qu’elle a parfois du mal à répondre à toutes les demandes au moment des semis de maïs pour l’installation de clôtures. « Depuis cette année 2024, nous proposons aux agriculteurs d’acheter eux-mêmes les équipements et de les installer, moyennant indemnisation de 53 euros par kilomètre (pose, dépose). Pour une parcelle de 5 hectares, le coût de ce matériel est de 400 euros, chiffre Emmanuel Lavoisier. C’est un investissement pour plusieurs années. »

Des maïs pop-corn et semences à protéger impérativement

Autre département, autre territoire. Le Tarn-et-Garonne compte moins de surface agricole, moins d’agriculteurs, moins de chasseurs… À la FDC82, Gilles Arquier est le technicien responsable de la prévention des dégâts. « Nous ne posons pas les clôtures, mais nous les mettons à disposition des agriculteurs qui en font la demande, contre chèque de caution. Nous avons aux alentours de 200 dossiers de prêt chaque année, dont 70 % pour le maïs. » Le Tarn-et-Garonne est un bastion du maïs et le troisième département en maïs semences, une production qui ne tolère pas le moindre manque de pieds mâles pollinisateurs. « Nous conseillons la pose le plus tôt possible après le semis ou dès la levée des maïs, souligne Gilles Arquier. Sur les maïs grain, nous notons que la majorité des dégâts se produisent entre le 15 juillet et le 25 août, au stade grain laiteux. »

L’enjeu de la protection des parcelles concerne les agriculteurs, qui souhaitent limiter les pertes de production, mais aussi les fédérations de chasseurs dont les finances peuvent être mises à mal si les montants d’indemnisations à leur charge sont trop élevés. « La pression de grand gibier est supportable financièrement avec du sanglier (4 889 tués en 2023-2024), du chevreuil (7 000), un peu de cerfs. Selon les années, les indemnisations de dégâts varient entre 120 000 et 180 000 euros, » chiffre Gilles Arquier. Dans le département, la surface de dégâts sur laquelle il y a eu indemnisation se limite à une centaine d'hectares contre 408 hectares dans la Somme pour plus de 500 000 euros d’indemnisations.

Électrificateurs, piquets et fils de fer

Sur des piquets en fibre de verre et des piquets de coin en fer, un câble fil d’acier est posé sur une ou deux hauteurs selon le degré de risque de la parcelle à protéger, lié à son environnement (secteur boisé, friches à proximité, couloir de passage…). Un poste électrificateur est installé par clôture avec batterie. En s’inspirant de ce qui a été mis au point en Seine-et-Marne, la FDC80 a mécanisé la pose à l’aide d’un quad sur lequel sont installées les bobines de fil. Entre la préparation et la pose, il faut compter une heure par kilomètre de linéaire (équivalant à un champ de 5 ha).

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