Une journée dédiée à la filière bovine et aux légumes de plein champ
La journée départementale Agriculture Biologique (AB) organisée par la Chambre d'agriculture de l'Allier en partenariat avec Allier Bio s'est tenue le jeudi 27 mai à Target et à Marcenat pour échanger sur la valorisation et les techniques de production en AB.
La météo était plutôt propice aux récoltes d'herbe ce qui n'a pas empêché une cinquantaine de personnes de participer à ce temps d'échange.
À Target, Joël Dufour nous a accueillis sur son élevage, 70 vaches (60 %
charolais et 40 % aubrac) sur
151 ha de SFP, pour montrer comment il avait réussi sa conversion en agriculture biologique depuis 2017. Il souhaitait pouvoir continuer à valoriser l'engraissement des boeufs, une production traditionnelle de son élevage. Et c'est ce que l'agriculture biologique lui a permis à partir de mai 2019.
Production conforme
Anne-Laure Reverdy, conseillère en agriculture biologique (AB) de la Chambre d'agriculture de l'Allier, a présenté le bilan de l'année 2020 qui est la première année représentative de sa conversion en agriculture biologique. Il en ressort une production conforme à ce que l'on peut attendre en système naisseur-engraisseur de boeufs, soit 284 Kg de viande vive par UGB. Cette production en baisse est compensée par une meilleure valorisation des animaux en AB. La commercialisation en AB est réalisée en partenariat avec deux groupements Covido-Bovicoop et Sicagieb qui sont certifiés pour valoriser des animaux en AB sur le marché national de la boucherie et de la transformation. Globalement, la valorisation a progressé de
2,09 EUR/Kgvv à 2,38 EUR/Kgvv, soit
14 %, ce qui est permis par le taux de valorisation des animaux (100 % des femelles et 41 % des mâles) et les prix qui sont fonction des critères de contractualisation, de planification et de qualités des carcasses. Mais il reste une marge de progression possible avec des broutards qui ne sont pas valorisés en AB.
Conversion simplifiée
Techniquement, la conversion s'est faite assez simplement car ses pratiques étaient proches de celles en AB : peu de traitement et de fertilisation. Il était prévu de réduire le chargement à
1 UGB/ha par une diminution des vêlages, mais c'était sans compter les années de sécheresse que nous avons connues. Heureusement, Joël a eu l'opportunité de reprendre 41 ha à proximité de ses bâtiments, ce qui lui a permis de rester autonome en maintenant son nombre de vêlages. En complément, pour sécuriser ses implantations de prairies face aux sécheresses de fin d'été, il a, depuis quatre ans, systématisé le semis de ses prairies sous couvert de méteil d'automne.
Emmanuel Desilles, conseiller en AB de la Chambre d'agriculture, a présenté la technique dont l'objectif est de sécuriser le renouvellement des prairies temporaires riches en légumineuses pour maintenir une rotation dynamique entre les prairies et les cultures, technique clé de réussite en AB.
Diversification
À Marcenat, Philippe Lafarge a présenté sa production de légumes de plein champ : une diversification aux grandes cultures. Il est en AB depuis 2005 et recherche actuellement à abandonner les contraintes de l'élevage par une diversification de sa production en légumes secs et pomme de terre. Cette année, il ajoute la culture des salades, des betteraves rouges, des carottes, des céleris raves et des oignons. Aussi, il expérimente cette année une culture peu courante mais intéressante diététiquement pour les diabétiques, le Yacon, autrement dit « la poire de terre ». Cette culture est notamment demandée par les magasins spécialisés en AB. Cette expérimentation est conduite en partenariat avec une startup située à Arfeuilles.
Des plateformes de commercialisation
Pour le volet commercial, Laure Bridonneau, du Conseil départemental, a présenté la plateforme Agrilocal, qui permet de mettre en relation les producteurs et acheteurs de la restauration hors domicile. Elle a en particulier exprimé les besoins en légumes que cet outil permet d'identifier pour la consommation locale, notamment dans les établissements scolaires qui devront appliquer la loi Égalim, 50 % de produits durables ou sous signe de qualité et d'origine, dont 20 % de produit AB, à partir du 1er janvier 2022.
La visite a également permis de donner la parole à Arnaud Fournier de la société de conserverie Podarno. Basée à Cusset, cette société valorise les légumes de 2ème choix pour la transformation en purée, en soupes et autres recettes de son savoir-faire. Elle recherche également des légumes secs.
Nous avons pu également avoir le témoignage de Coralie Pireyre pour l'association Auvabio. C'est une plateforme créée par des agriculteurs qui vise à garantir à ses clients une régularité dans les approvisionnements. Les clients de la plateforme Auvabio sont principalement les magasins spécialisés, les supermarchés, les épiceries ou les restaurateurs.
Pour la partie plus technique de la production, Alexandre Barrier-Guillot, conseiller maraîchage à la Fédération régionale de l'AB, a rappelé l'importance de l'irrigation pour satisfaire les besoins en eau des cultures légumières. Il a également abordé l'importance d'avoir une bonne structure de sol et de ne pas hésiter à faire un profil de sol pour connaitre son fonctionnement. Il a également présenté avec la société Nutri O, les différentes techniques et matériels associés pour assurer une bonne couverture hydrique.
La Chambre d'agriculture et Allier Bio remercient l'ensemble des partenaires pour l'organisation de cette manifestation et restent à l'écoute des besoins des agriculteurs dans leurs projets pour les accompagner.
Pour aller plus loin, retrouvez le portrait des agriculteurs, sur panneaux, de Philippe et Joël sur le site internet de la Chambre d'agriculture de l'Allier.
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