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La Nouvelle Aquitaine cultive sa différence

La région qui s’étend du Poitou jusqu’au Pays Basque regroupe des filières de production très variées. Mais elles se caractérisent toutes par la volonté de se différencier pour continuer d’exister.

Selon une étude de la Draaf Nouvelle-Aquitaine, la Nouvelle-Aquitaine, qui regroupe les anciennes régions Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin, a produit en 2016 un peu plus de 160 000 tonnes équivalent carcasse (tec) de porcs en 2016. Elle arrive ainsi en troisième position des régions productrices de porcs, derrière la Bretagne et les Pays de la Loire. La région représente 7 % de la production nationale en volume et 6,4 % en valeur. Comme le Grand Ouest, ses éleveurs ont souffert des crises à répétition depuis le début des années 2000. Mais si le nombre de porcs produits a baissé de 13 % en 17 ans, le volume en tonnes ne se replie que de 3 % seulement sur la même période, grâce à un alourdissement des carcasses. Elles sont passées en moyenne de 90,5 kg par porc en 2000 à 100,1 kg en 2017. La production de porcs charcutiers se concentre essentiellement sur les Deux-Sèvres et des Pyrénées-Atlantiques. Ces deux départements représentent 46 % des porcs à l’engrais de la région. Cependant, l’évolution de leurs effectifs est contrastée. S’il a augmenté de 15 % sur le bassin picto-charentais entre 2000 et 2017, il a été divisé par deux en Pyrénées-Atlantiques. Cependant depuis 2016, les cheptels de porcs charcutiers repartent à la hausse en Nouvelle-Aquitaine.

Des signes de qualité très développés

Les abattoirs de porcs de la région ont augmenté leur activité de 5,6 % entre 2000 et 2017. Mais l’écart entre le nombre de porcs produits et les abattages se creuse. En 2017, la production régionale représentait seulement 64 % des abattages totaux. Le département des Deux-Sèvres est prépondérant dans l’activité, avec 58 % des porcs abattus en 2017 (Cooperl à Saint-Maixent-l’École et Socopa à Celles-sur-Belle). Les Pyrénées-Atlantiques ont une activité deux fois inférieure, avec notamment l’abattoir du groupe Fipso à Lahontan et celui d’Arcadie à Anglet. Ces outils sont pour la plupart liées aux coopératives auxquelles adhèrent les producteurs de porcs. Elles sont de vraies locomotives du développement régional, en leur permettant notamment de bien cibler les productions différenciantes, sources de meilleures plus-values. Ces productions sont parfois communes avec celles du Grand Ouest (porc sans antibiotiques, non OGM…). Mais beaucoup sont spécifiques à la région. L’aire de production du Jambon de Bayonne et de l’IGP Porc du Sud-Ouest couvre la presque totalité du territoire régional. Ces deux signes de qualité majeurs valorisent environ 1,5 million de porcs charcutiers par an. Les labels rouges constituent une production complémentaire intéressante pour les exploitations de polyculture-élevage, tant pour les porcs élevés en claustration (Porc Délice dans le Limousin) qu’en plein air (Porc fermier du Sud-Ouest dans le bassin de l’Adour). Au Pays Basque et dans le Béarn, la coopérative Lur Berri est le premier groupe français à utiliser le Duroc pour une production de viande et de charcuterie premium. D’autres indications sont présentes, moins fournies en effectifs mais tout aussi dynamiques : AOP Kintoa au Pays Basque, IGP porc du Limousin qui valorise notamment la race Cul noir, et des IGP issues de régions périphériques (porc d’Auvergne, porc noir de Bigorre, porc de Vendée). Au total, la Nouvelle-Aquitaine représente 11 % des exploitations françaises produisant du porc sous signe de qualité, hors bio, encore peu développé.

Source des données chiffrées : Agreste Nouvelle-Aquitaine

Trois questions à Pierre Moureu, président de l’Interprofession Nouvelle-Aquitaine

"Nous devons accentuer nos démarches de qualité"

Éleveur de porcs à Mazerolles dans les Pyrénées-Atlantiques, Pierre Moureu est le premier président de l’interprofession NouvellAquitaine créée en novembre 2018. Regroupant tous les maillons de la filière porcine, éleveurs, fabricants d’aliments du bétail, abattage-découpe et transformation, l’association régionale interprofessionnelle porcine de Nouvelle-Aquitaine se veut l’interlocutrice privilégiée des collectivités locales (région, départements), des pouvoirs publics et des structures nationales (Inaporc, Coop de France, etc.). Elle s’est structurée autour des démarches qualité conduites dans les trois ex-régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes.

Pourquoi avoir créé une interprofession sur cette région ?

En Aquitaine, l’interprofession a clairement permis de maintenir la production, notamment en étant le moteur du développement des signes de qualité tels que le jambon de Bayonne. Elle a aussi créé des outils de soutien aux producteurs tels qu’un fonds de garantie et un fonds d’investissement. Nous souhaitons reproduire cette dynamique à l’échelle de la nouvelle région.

Quels sont les principaux chantiers qui vous attendent ?

Nous devons relever le défi de l’acceptation sociétale des élevages. La Nouvelle-Aquitaine a une faible densité porcine. Notre production est méconnue. Nous devons aller au-devant des citoyens pour faire valoir notre production. Nous devons également accentuer nos démarches de qualité, et notamment le bio, en faisant un état des lieux et en réfléchissant pour créer un type d’élevage bio compétitif. L’interprofession a aussi un rôle à jouer dans la gestion du sanitaire en coordonnant les actions des structures.

Quels sont les principaux atouts de votre région ?

La faible densité porcine permet aux élevages d’avoir un excellent statut sanitaire et une grande latitude pour satisfaire les aspects environnementaux. Nous avons aussi un fort lien au sol pour valoriser les céréales produites localement, notamment le maïs. En aval, nous avons des outils d’abattages performants et des outils de transformation diversifiés. Enfin, la production est structurée autour de démarches de qualité permettant une meilleure valorisation des produits.

 

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