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Environnement : quelles performances avec l’acide benzoïque en engraissement porcin?

Diminution des émissions d’ammoniac et amélioration des performances techniques : combinaison gagnante grâce à l’ajout de 0,5 % d’acide benzoïque dans l’aliment des porcs charcutiers. Cependant, le coût du kilo de croît est identique aux lots témoin.

Selon des expérimentations menées à la station expérimentale de Crécom, pilotée par les Chambres d’agriculture de Bretagne dans les Côtes-d’Armor, l’ajout de 0,5 % d’acide benzoïque dans les aliments des porcs charcutiers a permis de réduire les émissions d’ammoniac de 10 à 24 % sur trois bandes de porcs suivies à différentes saisons météorologiques, en comparaison aux porcs témoin ayant reçu les mêmes aliments sans acide benzoïque.

L’acide benzoïque a permis une réduction moyenne de 17 % des émissions Ammoniac émis par les porcs en cours d’engraissement (bande 1)

Ces réductions s’expliquent par une meilleure rétention de l’azote par les porcs charcutiers et le maintien de l’azote sous forme ammoniacal non volatil dans le lisier. En effet ce dernier est acidifié, grâce à l’action de l’acide hippurique issu de l’acide benzoïque, ce qui permet de limiter la volatilisation de l’azote.

Une même marge sur coût alimentaire

Les performances zootechniques ont également été améliorées. Les porcs ont présenté une meilleure vitesse de croissance (977 g/j contre 944 g/j) et un meilleur indice de consommation (2,53 contre 2,63).

Ainsi, malgré le surcoût de 3 % de l’aliment avec acide benzoïque, les coûts alimentaires pour produire un kilo de poids vif sont identiques entre les lots « témoin » et « acide benzoïque ». En ce qui concerne les caractéristiques de carcasses, le taux de muscle des pièces (TMP) des porcs recevant l’acide benzoïque est amélioré (61,3 contre 61,0) en raison d’une épaisseur de muscle plus importante. Il en résulte que la marge sur coût alimentaire est similaire entre les deux lots. L’amélioration des performances zootechniques peut être attribuée au rôle de l’acide benzoïque qui agit sur la morphologie des villosités de l’intestin permettant une meilleure absorption des nutriments par les porcs.

Une meilleure santé digestive

La santé digestive des animaux recevant 0,5 % d’acide benzoïque est également améliorée. Il y eu deux fois moins de traitements administrés pour des raisons digestives aux animaux des trois bandes en comparaison des lots témoin. Le coût sanitaire a été réduit de 58 %. Mais cette baisse n’a pas d’impact sur la marge sur coût alimentaire et sanitaire en engraissement. L’amélioration des performances sanitaires peut être attribuée au rôle de l’acide benzoïque sur l’abaissement du pH de l’intestin qui aide à la suppression des agents pathogènes et à l’amélioration de la biodiversité du microbiote intestinal.

Valorisation du potentiel de croissance

Aucune interaction de l’ajout d’acide benzoïque et du sexe n’a été observée sur les performances, exceptée sur le gain moyen quotidien (GMQ) durant la période de croissance. Sur cette période l’écart de GMQ entre les mâles entiers et les femelles ayant reçu de l’acide benzoïque (+ 52 g/j pour les mâles entiers) est bien supérieur celui du lot témoin (+ 11 g/j). Il semblerait donc que l’acide benzoïque ait permis de maximiser le potentiel de croissance. Mais on ne retrouve pas cet effet sur les autres critères de performances. On observe classiquement que les performances de vitesse de croissance, d’efficacité alimentaire et les caractéristiques de carcasses sont meilleures chez les mâles entiers. Ainsi on obtient une meilleure marge sur coût alimentaire avec les mâles entiers de + 3,25 €/100 kg de carcasse et + 3,81 €/100 kg de carcasse, respectivement pour les lots acide benzoïque et témoin, dans le contexte économique de l’étude.

Constance Drique et Solène Lagadec, constance.drique@bretagne.chambagri.fr

Les taux protéiques bas limitent les émissions d’ammoniac

Solène Lagadec, Chambres d’agriculture de Bretagne

Les taux d’abattement des émissions d’ammoniac ont été obtenus dans des contextes d’aliments formulés à faible taux de protéines (14 % pour l’aliment croissance et 13 % pour l’aliment finition) et sont équivalents aux taux de réductions référencés dans le Bref élevage (1). Néanmoins, les références du Bref élevage ont été définies avec une supplémentation à 1 % d’acide benzoïque et des taux de protéines plus élevés dans les aliments (de 16,6 à 18,1 % pour les aliments croissance, de 15 à 16,2 % pour les aliments finition). L’ajout de 0,5 % d’acide benzoïque dans l’essai réalisé à Crécom a pu permettre d’obtenir les mêmes résultats de réduction d’émissions d’ammoniac car la réduction du taux de protéines de l’aliment permet de diminuer le pouvoir tampon du lisier, c’est-à-dire la capacité qu’a le lisier à résister à des variations de pH. Ainsi, le lisier reste plus acide, ce qui limite la volatilisation de l’azote ammoniacal.

C.D.

(1) Le Bref élevage décrit les meilleures techniques disponibles (MTD) pour réduire les émissions des exploitations soumises à la directive IED, relative aux émissions industrielles. Les exploitations concernées actuellement sont celles ayant 750 places de truies ou 2 000 places de porcs charcutiers.

Côté biblio

Effet de l’incorporation de 0,5 % d’acide benzoïque dans l’alimentation des porcs à l’engrais sur les performances zootechniques et les émissions d’ammoniac et de gaz à effet de serre. Lagadec S., Drique C., Amin K., Kolytcheff N., Roger L., Planchenault D., Potot S., Perez-Calvo E., 2024. 56e journées de la recherche porcine.

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