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« Des élevages bio viables, vivables et transmissibles »

Gildas Alleno représente la nouvelle génération d’éleveurs de porcs bio installés depuis trois à quatre ans qui ont contractualisé leur production avec les abattoirs. Mais il ne veut surtout pas opposer son modèle de production à celui des « pionniers ».

Gildas Alleno, éleveur de porcs bio à Lanfains, dans les Côtes d'Armor © Syproporcs
Gildas Alleno, éleveur de porcs bio à Lanfains, dans les Côtes d'Armor
© Syproporcs

Comment peut-on décrire les éleveurs bio tels qu’on peut rencontrer au Gouessant, votre coopérative ?

Gildas Alleno - Ce sont généralement de jeunes éleveurs, à la recherche d’une alternative à un mode de production qui ne leur convient pas ou plus, pour des raisons très diverses. Ils ont une taille d’atelier autour de 100 truies pour travailler avec un salarié et avoir une bonne qualité de vie. Pour cette raison, ils veulent généralement produire dans des bâtiments. Cela leur permet de viser des performances de meilleur niveau que le plein air, et des conditions de travail améliorées. Au Gouessant, nous sommes six éleveurs représentatifs de cette nouvelle génération. Quatre d’entre nous se sont installés grâce au bio. Notre groupe se caractérise par la jeunesse de ses membres. À 41 ans, je suis presque le plus vieux !

Quel a été le facteur déclenchant de votre décision de faire du bio ?

G. A. - Notre choix est d’abord un choix personnel de mode de production. La contractualisation avec l’abattoir a été un élément déterminant. Avoir une garantie de prix sur une longue période procure de la sérénité pour l’avenir et la pérennité de l’exploitation. Nous disposons ainsi de solides arguments auprès des financeurs. Pouvoir investir sereinement dans des outils performants techniquement et qui facilitent le travail est important. Nous pouvons consacrer l’essentiel de nos moyens à l’amélioration des performances. Mais du côté abatteur aussi, les avantages d’une contractualisation sont nombreux. Ils peuvent compter sur un volume de production garanti et à un prix stable pour fournir leur clientèle en produits français et s’engager sur de nouveaux marchés.

Votre génération n’a pas le même profil que celle des éleveurs bio qui se sont installés ou convertis depuis plus longtemps. Pourquoi ?

G. A. - Les premiers éleveurs de porcs bio étaient des pionniers. Ils étaient et sont encore à la tête de plus petits ateliers. Généralement, leur objectif est d’être le plus autonome possible grâce à un fort lien au sol et/ou par la vente de leur production en direct. De ce fait, leur revenu dépend parfois moins des performances techniques de l’élevage. Ces éleveurs représentent toujours une part importante de la production.

Ces deux visions du porc bio sont-elles complémentaires ou concurrentes ?

G. A. - Il ne faut surtout pas les opposer. Chacune a ses propres circuits de commercialisation et vise des marchés différents. La nouvelle génération d’éleveurs ne se substitue pas à l’ancienne. Nos cochons remplacent essentiellement les porcs importés des pays du Nord de l’Europe. Ensuite, la demande ne cesse d’augmenter. Durant la période de confinement, on a constaté une augmentation d’achats de produits bio de + 30 à + 40 % ! On a vu arriver de nouveaux consommateurs. Cette tendance sera à confirmer dans les mois qui viennent. Mais je suis convaincu qu’il y a de la place pour tous les modes d’élevage, à condition que l’augmentation de la production soit maîtrisée. La contractualisation est un outil majeur de la maîtrise de ce développement, car les abattoirs ne contractualisent qu’à hauteur de leurs besoins.

Certains craignent pourtant un marché bio à deux vitesses, un « premium » distribué dans les circuits spécialisés, et un bio moins coûteux, principalement vendu en GMS ?

G. A. - Le cahier des charges reste le même pour tout le monde, et il est très exigeant. Chaque structure essaie de pousser en avant ses produits, en se différenciant sur certains aspects de la production. C’est un moyen de s’adapter à sa clientèle. On peut même ajouter un troisième niveau de marché, celui de la vente à la ferme, qui répond à une demande d’ultra-proximité. Mais quel que soit le mode de commercialisation de ses produits, le bio a un bel avenir devant lui.

« La nouvelle génération d’éleveurs ne se substitue pas à l’ancienne, elle la complète

Curriculum

Gildas Alleno exploite à Lanfains (Côtes-d’Armor) un élevage bio de 100 truies naisseur engraisseur depuis 2016, après avoir produit du porc conventionnel avec 190 truies NE. Il a passé un contrat de vente avec Le Gouessant et Kermené pour dix ans, à un prix indexé sur celui de l’aliment. Il est également le président du groupement Syproporcs.

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