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Comment la technologie RFID UHF évalue le taux d’occupation des courettes extérieures en élevage de porcs ?

Une série de mesures réalisée avec la technologie d’identification RFID UHF démontre que les porcs charcutiers passent jusqu’à la moitié de leur temps dans la zone extérieure de la case d’un bâtiment ouvert de type Physior.

L’Ifip, la coopérative Le Gouessant et Asserva ont collaboré dans le cadre du projet EPP pour tester la technologie d’identification individuelle par RFID UHF (identification par radiofréquence à ultra haute fréquence) afin de déterminer le temps passé par des porcs charcutiers dans la courette d’un bâtiment ouvert (concept Physior). 

Lire aussi : Les bâtiments Physior offrent aux porcs du bien-être à tous les stades physiologiques

Elle a révélé que les cochons y passent au moins 25 % de leur temps. Cette valeur correspond à une bande hivernale (entre novembre et février). Le temps passé dans la courette était probablement dédié aux périodes d’alimentation et d’abreuvement, puis les animaux rentraient dans la partie fermée du bâtiment. On constate un lien fort entre la température extérieure et le taux d’occupation des courettes. Ainsi, sur une bande d’automne (entre août et octobre), le taux d’occupation moyen monte à 36 % du temps. Il grimpe à 53 % pour la bande estivale (entre avril et juillet). 

Lire aussi : Comment aménager les zones de vie d’un post-sevrage ouvert dans un élevage de porcs

Si on analyse les données individuelles, on observe, malgré tout, une assez grande disparité dans le comportement des animaux. Certains animaux ne vont sortir sur la courette que pour manger puis retourneront dormir dans la zone intérieure. Ils ont donc un taux d’occupation des courettes très faible (15 %). Tandis que d’autres vont y passer jusqu’à 80 % de leur temps.

Trois zones de vie dans la case

Ce dispositif n’a été déployé que sur une case de 20 animaux. Ces résultats méritent donc d’être nuancés. La collecte de données va se poursuivre pour vérifier si cette tendance se confirme dans le temps. Cette case propose 1,20 m² par porc. Elle est découpée en deux parties :

Une zone intérieure isolée et fermée sur quatre côtés. La surface par animal est modulable selon l’âge et le poids des animaux grâce à une cloison mobile. Elle varie de 0,25 à 0,50 m² par animal. Il s’agit de la zone de repos. Les animaux disposent d’un sol plein sur lequel une fine couche de paille est apportée tous les jours. La quantité est calculée pour que l’intégralité soit consommée dans la journée.
Une courette extérieure intégralement couverte. Elle offre une surface de 0,70 m² par porc. Cette zone est coupée en deux. 60 % de la surface est sur gisoir où se trouve le système d’alimentation. 40 % est sur caillebotis avec un système de raclage en dessous. C’est la zone de déjection et d’abreuvement.

Ce bâtiment a été imaginé autour d’un concept simple : permettre une meilleure prise en compte du bien-être des animaux notamment en leur laissant le choix entre plusieurs zones de vie. Malgré tout, il est pertinent d’évaluer de manière objective leur comportement, et plus précisément le taux d’occupation des différentes zones. En effet, il peut fortement varier selon la température extérieure, le poids et l’âge des animaux. Au vu de technologies déjà présentes sur le marché, nous avons testé un réseau d’antennes RFID Ultra haute fréquence. Huit antennes ont été suspendues au-dessus de la case (trois en zone intérieure et cinq à l’extérieur). Chacun des porcs a été équipé d’une puce RFID UHF positionnée à l’oreille. Chaque antenne réalise une lecture des puces présentes dans son périmètre toutes les quatre secondes. Ce mode de détection permet de détecter plusieurs animaux en même temps et sur une longue portée (supérieure à 1 mètre). Ainsi, lorsque chaque animal passe dans le champ d’émission d’une antenne, il est détecté individuellement et pourra être localisé précisément dans la case. Les mesures ont été réalisées sur une année complète à cheval sur 2022 et 2023.

Des ajustements pour gagner en précision

Avec ce dispositif expérimental, nous arrivons à détecter les animaux environ 80 % du temps. Les 20 % de données manquantes sont liées à plusieurs aspects. Premièrement, le nombre et la répartition des antennes ne permettent de couvrir que 70 % de la surface de la case. En effet, le champ d’action circulaire des antennes ne permet pas de détecter les animaux présents dans les angles morts de la case. Deuxièmement, afin de limiter le volume de données collectées, la fréquence de lecture des badges était de quatre secondes. Troisièmement, la détection des boucles RFID UHF est beaucoup plus délicate qu’en système LF (système traditionnel présent en élevage). En effet, selon la position de l’animal par rapport à l’antenne le taux de détection des puces peut être très différent. À l’avenir, si cette technologie vient à se développer il serait pertinent de travailler plus spécifiquement sur ces trois points afin de pouvoir suivre le moindre mouvement individuel des animaux dans un espace donné.

Deux autres solutions pour tracer les animaux

Il existe sur le marché d’autres solutions que la RFID UHF (identification par radiofréquence à ultra haute fréquence) pour déterminer le taux d’occupation des zones de vie :

Caméra et traitement d’images : en installant une caméra sur chacune des deux zones (intérieure et extérieure), il est ensuite possible de réaliser des traitements d’images par intelligence artificielle pour compter le nombre de silhouettes observées. La réalisation et l’entraînement de l’algorithme de détection peuvent être une étape très chronophage car il faut, dans un premier temps, réaliser le pointage des animaux par un opérateur et renseigner le tout dans une base de données. De plus, cette technologie permet uniquement de faire une analyse de groupe et dépend fortement de la luminosité du lieu (données difficilement interprétables en période nocturne ou dans la zone intérieure du bâtiment qui est plus sombre).

Antenne RFID basse fréquence et puce individuelle : Ce mode de détection permet de ne détecter qu’un seul animal à la fois et sur une faible portée (entre 10 et 60 cm). Pour ce faire, il faut installer une puce à l’oreille de l’ensemble des animaux et installer une antenne au niveau d’un point de passage obligatoire. Dans notre cas de figure, cela aurait pu correspondre à la porte permettant aux animaux de passer de la zone intérieure à la zone extérieure. Ce dispositif permet de déterminer de quel côté de la porte se trouve chacun des animaux mais sans moyen de le suivre dans la case.

Yvonnick Rousseliere, yvonnick.rousseliere@ifip.asso.fr

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