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Frédérique Turgot, bergère et productrice de laine

Atelier Pure Laine est né dans les dépendances de la ferme l’Agneau d’herbe, où Olivier et Frédérique Turgot élèvent des moutons Hampshire Down depuis 1987. On y achète pelotes et écheveaux de laine sur les conseils avisés de Frédérique, artisane passionnée par son produit.

 

8h

 

 

 

À l’Atelier Pure Laine, la journée commence au bureau. Répondre aux demandes d’information, de rendez-vous ou autre, de manière rapide et sympathique, Frédérique y met un point d’honneur. Les réseaux sociaux, et surtout Instagram, sont devenus la pierre angulaire pour échanger avec les clients. « Je vis et vends dans la ferme qui se trouve au bout d’une voie sans issue, à la campagne… c’est grâce à internet que j’existe » affirme la bergère. Une fois les commandes imprimées, direction l’atelier pour les préparer. « J’ai tout le petit matériel nécessaire ici, sur lequel j’ai mis le logo de l’atelier, sur les cartons avec un tampon que j’ai fait faire. » Elle range dans les colis les pelotes de sa laine pure, écrue, locale (du dos du mouton à la transformation), et sans autre traitement que de l’eau chaude et du bicarbonate. « J’aime lorsque les colis sont bien faits, que la marchandise est bien calée à l’intérieur, qu’elle ne se balade pas dans le carton. Je les emmène au centre de tri un jour sur deux pour éviter de multiplier les trajets. »

10h

 

 

 

Une fois rentrée, il y a toujours à faire. Comptabilité, maintenance du site internet, inventaire, Frédérique rend sa boutique accueillante et chaleureuse. « Ici, tout est à l’image des moutons. » Dans son atelier, ouvert à qui la prévient de sa venue, on trouve de tout, une vraie caverne d’Ali Baba pour les amoureux de la laine. « La laine Hampshire est tout terrain. On peut l’utiliser en nappe pour rembourrer des couettes, ou en tricot pour des vêtements et accessoires, et même pour de la décoration. » Le mouton Hampshire Down est plutôt classé dans la catégorie des races à viande. Cependant, cette race qu’Olivier - le mari de Frédérique - a adoptée depuis plus de trente ans, produit une laine résistante et facile d’entretien. Elle passe facilement en machine à laver, ne feutre pas et ne nécessite pas de traitement particulier. C’est dans cet atelier, dont l’ébauche existait depuis 2015 mais réellement achevé en 2019, que Frédérique reçoit clients et curieux. On y retrouve la laine de ses moutons, de l’état brut aux différents calibres de fils proposés à la vente. Malgré la présence d’authentiques machines à carder et rouets, les centaines de kilos de laine des moutons de l’Agneau d’herbe passent par le centre de lavage de Saugues, en Haute-Loire, puis par la filature Terrade de Felletin dans la Creuse. « C’est tout de même bien de pouvoir, dans l’atelier, expliquer et montrer aux gens comment on passe de la toison au fil de laine. Il y a des histoires à raconter, comme celle de la vieille machine à carder que ma famille utilisait au début du siècle pour le rembourrage de matelas. »

Curriculum

 

  • Olivier, diplômé de la Bergerie nationale de Rambouillet, en poste à l’ESAT Madame de Fontanges de La Ferté-Vidame (Papillons Blancs d’Eure-et-Loir) jusqu’en octobre 2020.

  • Frédérique, diplômée de l’UER de Lettres d’Orléans-La Source (allemand)

  • Installation en 1987 (vente de reproducteurs Hampshire et viande en circuit court)

  • Vente de laine en circuit court depuis 2010 (de 1987 à 2010, vente à la coopérative lainière d’Eure-et-Loir).

 

14h

 

 

 

Après le déjeuner, Frédérique reçoit Thierry, ébéniste voisin venu chercher de la laine locale pour la crinière et la queue d’un cheval à bascule. Les deux artisans réfléchissent ensemble, les idées fusent dans l’atelier. Le problème est plus compliqué qu’il n’y paraît. La longueur, le calibre, la forme (frisée ou non), la couleur, la résistance, le type d’attache déterminent le produit qui sera choisi. Frédérique accompagne et propose, pour finalement façonner un écheveau selon les modalités les plus pratiques pour son client.

16h

 

 

 

Un passage obligé pour quiconque vient à l’atelier : la pause-café. « Ici, c’est un va-et-vient permanent de tricoteuses, mais j’aime quand les gens ont le temps, qu’on peut s’asseoir autour de boissons chaudes ensemble ». Sur les chaises en bois, on échange technique de tricot entre copines, anecdotes sur ses activités, son histoire, mais également sur la laine et l’élevage de moutons. Frédérique raconte comment les 120 brebis de la ferme sont tondues chaque année à l’Ascension afin de produire une laine de qualité. Elle s’appuie sur un livre dont elle détient l’exclusivité de la vente, sa bible de la production de laine : Les moutons et la laine en Europe. « La laine, c’est le carnet de santé des brebis. On trouve les meilleures mèches sur le dos et les cuisses, mais il ne faut pas oublier que la pousse dépend du cycle de lactation, de l’alimentation, et qu’en bergerie, les brebis se salissent plus facilement qu’au pré. »

20h

 

 

 

Tous les jours, le compte Instagram Atelier Pure Laine a sa publication, ses stories. Comme le dit Frédérique, « je me donne à fond sur les réseaux plutôt que de courir sur les marchés le week-end ». C’est avec soin qu’elle choisit ses photos, et montre à ses abonnés - sa « communauté bienveillante » comme elle aime l’appeler - le quotidien à la ferme. C’est d’ailleurs grâce aux réseaux qu’elle organise son chantier de tonte. « Je mets un mot sur Instagram, et tous les ans, de nouveaux visages comme des habitués répondent présents ». C’est ainsi que des tricoteuses avérées, aujourd’hui proches de Frédérique, sont venues peu à peu dès la tonte, pour mieux connaître le processus de transformation lainière. « Nous sommes entre vingt et trente ce jour-là, la grande majorité assignée au tri de la laine. Les fileuses connaissent le produit qu’elles travaillent, et il faut prendre en compte la standardisation du lavage au Gévaudan en excluant les plus petites mèches par exemple, ainsi que les parties souillées ». Quand le chantier est fini, la laine qui sera acheminée au centre de lavage est pesée et empaquetée, et les rebuts sont rassemblés pour trouver des repreneurs… Encore une fois grâce à Instagram. « J’ai trouvé une personne intéressée par les écarts de tonte pour la permaculture, c’est super car je valorise l’ensemble de mon produit, tout part et rien n’est jeté. » Les réseaux sociaux sont aussi le lieu de création de certains partenariats et collaborations, dont on retrouve les fruits exposés dans l’atelier. À titre d’exemple, Frédérique expose un gilet fabriqué avec sa laine, dont le patron est vendu par une marque partenaire. « Je ne tricote pas pour l’atelier, mais je pratique ce qu’on peut appeler l’invitation au tricot en montrant les possibilités de création et en vendant moi-même quelques patrons simples ». Cette année encore, les ventes ont été bonnes et le stock s’écoule même si pour la première fois Frédérique est allée collecter de la laine dans d’autres élevages Hampshire. « L’âge de la retraite approche pour nous, le cheptel a déjà été réduit, mais l’activité lainière est en croissance constante, il est donc indispensable de sensibiliser les éleveurs à la transformation pour que le relais soit pris dans les années à venir : la filière laine doit perdurer ! »

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