« Nous ne perdons plus de vaches grâce aux tapis drainants installés sur les aires d’exercice de notre stabulation à logettes »
En Loire-Atlantique, le Gaec la Coulée a équipé les couloirs de sa stabulation de tapis drainants. Un investissement rentabilisé par l’amélioration de la santé des pieds et la suppression des cas de vaches équasillées.
En Loire-Atlantique, le Gaec la Coulée a équipé les couloirs de sa stabulation de tapis drainants. Un investissement rentabilisé par l’amélioration de la santé des pieds et la suppression des cas de vaches équasillées.

« Malgré le rainurage et la scarification, les bétons de notre stabulation étaient devenus trop glissants. Nous réformions en moyenne sept vaches par an, équasillées à la suite d’une chute, retrace Sylvain Paboeuf, éleveur en Gaec avec sa compagne Fanny Perrigaud à Marsac-sur-Don en Loire-Atlantique. Cela nous a conduits en 2022 à recouvrir nos deux couloirs d’exercice de tapis drainants. Trois ans après, les résultats sont là, nous ne perdons plus une seule vache. Dans une stabulation fermée où les animaux sont présents 24 h/24, ces revêtements nous paraissent désormais incontournables. »
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Accueillant en moyenne 115 prim’Holstein, le bâtiment comporte deux couloirs de 75 mètres de long encadrant une double rangée de 117 logettes. Le premier, contigu au couloir d’alimentation, mesure 4,50 mètres de large, tandis que le second, séparant les logettes des deux robots de traite, affiche une largeur de 5 mètres. Chacun des deux est nettoyé par un racleur à corde toutes les heures et demie, sauf au moment de la distribution au cornadis. « Pour bien évacuer le lisier présent dans les rainures des tapis, nous avons dû adapter un peigne sur chaque racleur », précise l’éleveur. En plus des deux couloirs, les tapis Magellan de Bioret Agri recouvrent également les passages transversaux surélevés. « Ces zones sont raclées manuellement une fois par jour. »

Des vaches qui glissent moins et se relèvent
La capacité drainante des tapis associée à un raclage régulier offre un confort indéniable aux vaches. « Sans pouvoir le mesurer, l’ambiance est plus saine dans le bâtiment, grâce à l’évacuation rapide des jus. Mais l’aspect le plus remarquable est la très forte baisse du nombre des glissades. Depuis l’installation des tapis, je ne suis plus entré une seule fois dans la stabulation avec le télescopique pour relever une vache. Je suis aussi beaucoup moins stressé à l’idée de ne pas isoler immédiatement une vache en chaleur. Quelques chutes subsistent, mais l’amorti du tapis de 25 millimètres d’épaisseur limite leur gravité. En plus, le profil rainuré permet à la vache de se relever seule », apprécie Sylvain Paboeuf.

Ce nouveau revêtement participe aussi au maintien de la santé des pieds des vaches. « Réalisant moi-même le parage, j’avais peu de problèmes de boiterie ou de dermatite. Mais ça s’est encore amélioré grâce aux tapis. Les cas se comptent désormais sur les doigts d’une main ! Même durant les chaudes journées d’été, pendant lesquelles les vaches ont tendance à se regrouper et à rester debout, les tapis réduisent la pression sur les pattes. »
Davantage de parages la première année
La souplesse du caoutchouc et sa surface beaucoup moins abrasive se sont traduites dans les premiers temps par une pousse beaucoup plus rapide des onglons. « J’ai été particulièrement attentif à ce changement la première année, en effectuant beaucoup plus de parages préventifs. Mais la croissance des onglons semble s’être régulée depuis, car j’ai quasiment retrouvé le même rythme de parage qu’avant l’installation des tapis », observe l’éleveur.

Dans ce bilan plus que positif, l’éleveur ne relève que quelques contraintes liées aux tapis drainants. « Les tapis sont tellement confortables que quatre ou cinq vaches ont tendance à se coucher dans le couloir. J’espère qu’elles seront plus motivées à s’installer dans les logettes, lorsque j’aurai renouvelé leurs matelas par des modèles à eau. » Durant l’été, l’extrémité du bâtiment d’où partent les racleurs a tendance à sécher plus rapidement, formant une croûte de lisier plus difficile à racler. « Avec leur pouvoir drainant, les tapis ont accentué ce phénomène, ce qui nous impose d’arroser plus régulièrement cette zone lors des journées les plus chaudes. »

La fixation des tapis à surveiller
Autre petite contrainte, les pointes de fixation des tapis peuvent ressortir. « En général, on les renfonce facilement, mais il faut parfois refaire un trou pour qu’elles restent bien scellées dans le béton », précise Sylvain Paboeuf. Pas de quoi lui faire regretter l’investissement de 60 000 euros. « Au rythme de sept vaches épargnées par an, je n’ai aucun doute sur la rentabilité des tapis. Je suis aussi rassuré sur leur vieillissement, car l’usure est très faible après trois ans. L’objectif de les conserver vingt ans me paraît réaliste, en sachant que le constructeur les garantit dix ans. »

Le Gaec la Coulée en chiffres
2 associés et 1 salarié
115 prim’Holstein à 40 kg de moyenne
1,65 million de litres de lait produits
200 ha de SAU, dont 80 ha de cultures de vente (blé, orge, colza), 55 ha de maïs (15 pour l’ensilage), méteil et luzerne
710 m² de surface de tapis drainant
60 000 euros d’investissement dans les tapis
Des tapis déroulés et fixés en deux jours
Une équipe d’entraide à permis au Gaec la Coulée de placer les tapis drainants en un temps record, sans sortir les vaches du bâtiment et en perturbant au minimum la traite robotisée.
« L’ensemble des tapis ont été installés en seize heures de travail sur deux jours, grâce à une équipe de quinze personnes en entraide et à deux techniciens du concessionnaire, un spécialiste de chez Bioret supervisant les travaux. Cette durée comprend aussi le démontage des racleurs et l’ajout des peignes », se félicite Sylvain Paboeuf.
Les vaches sont restées dans la stabulation durant les deux jours. « Nous avons commencé par le couloir des cornadis le premier jour. Les vaches étaient bloquées du côté des robots. La deuxième journée, c’était l’inverse, les vaches n’ont donc pas eu accès à la traite pendant huit heures. La production a repris à un rythme normal dès le lendemain. » Après avoir bien raclé le couloir et déversé une tonne à eau pour nettoyer les bétons, les tapis ont été déroulés à l’aide du télescopique. « Comme ils couvrent toute la longueur du couloir d’un seul tenant, on les fixe d’un bout, puis on les tend avec le télescopique, en s’assurant de leur bon alignement avec la rainure centrale du béton où passe le câble du racleur. C’est ensuite qu’est entrée en jeu une première équipe de huit perceurs équipés de perforateurs, suivie d’une seconde équipe de cloueurs qui enfonçaient les pointes à frapper. »
Le petit et le grand couloir comportent respectivement sur leur largeur, quatre et six bandes de tapis rainurés bordées aux extrémités par une bande de tapis lisse. Cette dernière est relevée par des cales pour bien évacuer les jus issus des logettes, vers les tapis drainants. « Le grand nombre de pointes utilisées pour fixer les tapis leur permet de vraiment bien épouser les petites dénivellations des bétons, sans compromettre le travail des racleurs. »