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« Je donne une seconde chance à mes prairies pour les faire vieillir »

Dans la Sarthe, Benoit Drouin cherche à maximiser le rendement de ses prairies tout en les faisant vieillir. Il a apporté son témoignage lors des journées AFPF(1) en mars dernier.

Installé en zone Natura 2000, Benoit Drouin n’a pas attendu l’augmentation du coût du carburant pour chercher à faire durer ses prairies et ainsi éviter de sortir le tracteur. « Nous les avons fait vieillir au fur et à mesure que nous avons développé le pâturage, explique cet adhérent du Civam, en Gaec avec son épouse. Dans notre élevage, sur les 6 tMS que mange une vache sur l’année, seulement 1 à 1,5 tMS sont des stocks d’ensilage d’herbe, tout le reste est pâturé. »

Pour l’éleveur, l’important pour faire vieillir une prairie est de bien l’observer et de ne pas raisonner sur une seule année. « Il faut savoir lui donner une seconde chance », explique-t-il. Il faut aussi « accepter qu’elle produise un peu moins au bout de huit, dix ou quinze ans au regard du coût si on la met dans une rotation de céréales ».

« Bien observer pour les faire vieillir »

La portance des sols, lors de la mise à l’herbe, est un élément essentiel. Si la prairie est trop abîmée, c’est toute la saison qui en pâtira. L’exploitation a la chance d’avoir des sols très légers sur schistes qui permettent de sortir les vaches dès février. Trois critères sont à prendre en compte : le type d’animal, le nombre d’animaux mis au pâturage, et le temps qu’ils restent dans la parcelle. « Lorsque nous les sortons au 10 février, les vaches commencent par ne pâturer que l’après-midi. Nous ne nous interdisons pas non plus de les rentrer 48 heures en cas de fortes pluies, même si la production baisse. »

« Le meilleur outil pour mesurer le piétinement, c’est la vache », affirme Benoit Drouin, fort de son expérience accumulée au fil des saisons. Son repère visuel pour estimer qu’un piétinement est « limite » ? Un sol défoncé à plus de 6 ou 7 cm. « Quand 20 à 30 % de la prairie comporte des trous de 6 ou 7 cm, c'est que l’on est allé un peu loin. Par contre, si toute la prairie est marquée à 3 ou 4 cm, ce n’est pas un problème. »

« Une forte capacité de récupération »

Si la mise à l’herbe suit une année de sécheresse, il convient d’être particulièrement vigilant. « Une prairie met beaucoup plus de temps à récupérer avec des stress répétés », observe le producteur laitier. Mais elle a une forte capacité de récupération après un stress important. Benoit Drouin a pu le constater en 2003 et 2011 : « Les prairies ont été vraiment grillées, je pensais qu’elles ne repartiraient pas. Mais plus elles sont stressées, plus elles repartent vite à la première goutte d’eau. La prairie a la faculté de s’adapter à ce que le climat lui impose : nous devons en tenir compte dans nos pratiques. » Après la canicule de 2020 par exemple, le pâturage d’automne a été exceptionnel. Les vaches sont en pâturage tournant avec fil avant dans des paddocks prédécoupés. La clôture est déplacée deux fois par jour à chaque traite.

Depuis quelques années, le changement climatique a amené Benoît à changer ses pratiques. Avec l’accentuation du trou fourrager l’été, il fait des stocks d’herbe sur pied. « Je fais monter à graines certaines parcelles en sautant un tour de pâturage, puis je remets les vaches dessus, fin juillet par exemple s’il n’a pas plu en juin. » Les hivers durent aussi de moins en moins longtemps. Sur les dix dernières années, les vaches sont rentrées trois fois après le premier janvier, constate-t-il. La pousse de l’herbe démarrant beaucoup plus tôt, elles sortent aussi plus tôt. L’éleveur reste pour le moment très attaché à un repos hivernal d’un mois et demi, mais sa suppression est en discussion. « Nous allons la tester. Je ne veux pas prendre le risque de louper une saison de pâturage. »

(1) Association francophone pour les prairies et les fourrages.

Les atouts des vieilles prairies

]]> Diversité d’espèces.

]]> Richesse en micronutriments liée à la proportion élevée de dicotylédones.

]]> Souplesse d’utilisation.

]]> Prévention de l’érosion, bonne rétention d’eau liée au développement racinaire.

]]> Intérêt pour la pollinisation.

]]> Fort capital carbone.

Source : Journées AFPF 2022

Chiffres clés

Le Gaec de la Pie :

80 vaches vêlant toute l’année
85 ha de prairies et 22 km de haies
volailles de Loué avec des parcours
50 ha de cultures assolées
400 000 l de lait dont 100 000 l transformés
4,5 UMO

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