Politique agricole et alimentaire
[Coronavirus Covid 19] L’APCA fait des propositions pour relancer l’agriculture française
Sébastien Windsor et Gilbert Guignand, respectivement président et président de la commission économique de l’APCA, ont détaillé, mercredi 3 juin, des propositions à court et à moyen terme pour soutenir l’agriculture hexagonale.
Sébastien Windsor et Gilbert Guignand, respectivement président et président de la commission économique de l’APCA, ont détaillé, mercredi 3 juin, des propositions à court et à moyen terme pour soutenir l’agriculture hexagonale.
Après avoir rappelé que l’agriculture dans son ensemble n’avait pas été le secteur le plus touché par la crise du Coronavirus, les deux responsables ont précisé que les filières horticole, équine, viticole/cidricole, de la pomme de terre, du lin textile et de l’agritourisme ont été particulièrement impactées.
Dans ce contexte, l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) veut « pousser un plan pour pérenniser les comportements des consommateurs entrevus ces dernières semaine et appuyer ces changements ». A court terme, un ensemble de mesures ont déjà été obtenues ou sont en cours d’étude, notamment dans les filières d’élevage, de la viticulture, de la pomme de terre et de la betterave… Elles concernent les exploitations elles-mêmes, la relance de certains débouchés (par les collectivités locales notamment), la régulation (stockage, baisse des volumes, droit d’import...), la promotion du made in France et d’une marque « Produit en Région », l’application de la loi Egalim sur l’équilibre des relations commerciales ou encore la vigilance sur une pression à la baisse sur les prix producteurs pour compenser les surcoûts des mesures sanitaires dans les industries agroalimentaires, le gel des accords commerciaux internationaux (Mercosur, ...).
Protéine végétale, céréales, oléo et protéagineux
A moyen terme, l’APCA fait également des propositions pour la sortie de crise et le redressement de l’agriculture française autour de trois idées : reconquête de la souveraineté alimentaire et relocalisation de la production ; investissement dans le secteur agricole pour le pérenniser et dynamiser l’économie ; développement de l’emploi dans le secteur agricole.
Parmi ces propositions, on note le fait de « développer les secteurs déficitaires et gagner en compétitivité ». Cela concerne notamment la promotion de la production de luzerne, de céréales et d’oléagineux sur la ferme pour la consommation des animaux, maintenir des dispositifs d’aides à la production de protéagineux et renforcer les utilisations de biocarburants afin de notamment de disposer d’une offre plus importante en tourteaux d’origine France non OGM. Tout cela concourrait à la reconquête de la souveraineté alimentaire et au made in France, dans le cadre de la transition écologique.
Parmi les autres propositions, l’APCA veut travailler à un plus grand déploiement des projets alimentaires territoriaux (PAT) pour relocaliser les productions alimentaires. Ayant rencontré mardi 2 juin la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, Sébastien Windsor, président de l'APCA, a évoqué avec elle la possibilité de les inclure dans les plans de transition écologique que l’État signe avec les collectivités locales. Autre proposition : travailler avec la GMS pour que le référencement des produits locaux soit décidé plus rapidement et pour des petits volumes. « C’est l’intérêt de la GMS d’intégrer cette dimension de territoire » souligne le président de l’APCA. Autre piste de travail évoquée dans ce plan, l’étiquetage des produits alimentaires : « ce n’est pas demander la lune que d’intégrer un critère proximité dans les appels d’offre » indique-t-il. Au niveau européen, le Danemark a travaillé sur le sujet de l’étiquetage sur l’origine des produits et il semble que le système mis en place, « exemplaire », a réorienté la consommation vers plus de produit danois.
Ce plan de relance à moyen terme prend bien soin également de préciser que la « crise sanitaire actuelle met également en relief des tensions sur les échanges alimentaires, avec des risques de rupture d’approvisionnement pour certains pays. L’Europe, et singulièrement la France jouent un rôle important dans les équilibres alimentaires mondiaux. La relocalisation de la production et la souveraineté alimentaire doivent s’inscrire en complémentarité avec les enjeux et stratégie d’exportations des produits agricoles français ».
En conclusion, Sébastien Windsor reconnaît que les « changements de comportements de consommation, c’est un vrai pari. On reviendra certainement en arrière par rapport aux nouvelles habitudes prises mais pas complètement non plus. Et ce plan de relance de l’agriculture française est justement fait pour éviter une marche arrière totale ».