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Tuberculose bovine : une nouvelle feuille de route sera présentée «avant l’été»

Pour améliorer la maîtrise de la tuberculose bovine, de nouvelles mesures de gestion seront présentées avant l’été. Les attentes des éleveurs sont très fortes dans les zones concernées par la maladie.

Un volet important à faire évoluer par rapport au dispositif actuel de maîtrise de la maladie est l’acceptabilité des mesures de surveillance et de lutte.
© Réussir

Une nouvelle feuille de route du plan de lutte contre la tuberculose bovine sera présentée lors du prochain Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (Cnopsav), qui se tiendra "avant l’été". C’est ce qu’a annoncé Marc Fesneau dans une allocution enregistrée et diffusée lors du congrès de GDS France (fédération nationale des groupements de défense sanitaire) fin avril.

Lire aussi : Tuberculose bovine : en 2023 la situation sanitaire s’améliore mais la prudence reste de mise

«La difficulté que nous rencontrons pour éradiquer la tuberculose, malgré tous les efforts entrepris depuis une vingtaine d’années, démontre la nécessité de renforcer l’efficience des actions de prévention, de surveillance et de lutte pour y parvenir», affirme le ministre.

Kristel Gache, directrice de GDS France, présente en effet « un bilan sanitaire plutôt stable à l’échelle collective » car on reste sur une centaine de foyers de tuberculose bovine par an en France, mais avec des « situations contrastées selon les zones géographiques ». La zone de Côte d’Or semble en bonne voie vers l’assainissement, et la situation est plutôt stable en Normandie. En Corse, avec plusieurs espèces touchées, la situation est complexe, et dans le Sud-Ouest, elle reste assez préoccupante.

« Pour améliorer la lutte contre la tuberculose bovine, il faut qu’on parvienne à détecter précocement les foyers », explique Kristel Gache. « Cela nécessite d'améliorer la qualité des dispositifs de surveillance, à la fois en élevage et dans la faune sauvage. »

Biosécurité et recherche scientifique 

Un autre volet important à faire évoluer par rapport au dispositif actuel de maîtrise de la maladie est l’acceptabilité des mesures de surveillance et de lutte. « La tuberculose bovine est une maladie usante parce qu'elle fait peser énormément de contraintes sur les éleveurs dont les exploitations sont en suspicion ou déclarées comme foyer ». 

Une évolution de la règlementation peut être nécessaire pour avancer sur ce sujet, par exemple pour pouvoir transporter pour abattage sanitaire des femelles en fin de gestation. « Il y a aussi un travail à poursuivre autour de la biosécurité pour l’ensemble des intervenants en élevage », explique Kristel Gache.

« En ce qui concerne les indemnisations des élevages - et en filigrane la fiscalité - le dispositif doit être revu et c’est un sujet transversal à l’ensemble des maladies. » Les montants avaient été revalorisés en 2023 au niveau national.

« Du côté de la recherche scientifique, des progrès sont attendus pour que les dynamiques d’infection soient mieux comprises », poursuit l’épidémiologiste. C’est le cas sur le génotypage des souches de la bactérie, ou encore sur la surveillance de la faune sauvage. La vaccination de blaireaux avec le BCG est expérimentée depuis 2023 en Dordogne dans une zone de 100 km de rayon. 

Lire aussi : Tuberculose bovine : quels sont les leviers identifiés pour endiguer la hausse du nombre de foyers ?

Quant à la vaccination des bovins contre la tuberculose, actuellement interdite par la réglementation européenne, c’est « une piste à ne pas écarter, qui est suivie de près par le laboratoire de référence de l’Anses à Maisons-Alfort ». Mais énormément d’étapes seraient à franchir au cas où il serait envisagé de l’entreprendre.

« L’efficacité et l’innocuité du vaccin pour les bovins devraient être validées. Il faudrait aussi s’assurer qu’on distingue les animaux vaccinés des animaux infectés, et qu’il n’y a pas de circulation de la souche vaccinale » développe Kristel Gache.  « Comme souvent, quand le pays a le statut indemne d’une maladie, la vaccination est interdite pour éviter cette confusion. La tuberculose est une zoonose, et il ne faut pas baisser la garde. » 

La vaccination des bovins en complément aux autres moyens de lutte est étudiée notamment en Angleterre et aux Etats-Unis. De nouveaux résultats de recherche sur l’utilisation du vaccin BCG sur des bovins en Ethiopie contre la tuberculose bovine viennent d’être publiés par l’université de Cambridge et l’université de Pennsylvanie.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, les éleveurs expriment des attentes très fortes

Dans le département des Pyrénées-Atlantiques, le nombre de foyers de tuberculose bovine a baissé en 2023. Treize foyers ont été recensés contre 19 foyers en 2022. « On reste très vigilants car d’une année à l’autre, on peut avoir des variations importantes dans le nombre de foyers », explique Maxime Arrebolle, directeur du GDS des Pyrénées-Atlantiques. « Mais c’est un résultat positif. Et depuis la dernière campagne, dans certains cas, on a la possibilité de faire un recontrôle à l’interféron gamma en complément de l’IDC », apprécie-t-il.

En 2023, onze foyers ont été mis en évidence suite à la réalisation de la prophylaxie et deux suite à l'inspection réglementaire à l'abattoir.

« Avec l’aide financière de la région Nouvelle-Aquitaine, des audits de biosécurité sont réalisés et des aides pour des travaux d’amélioration sont proposées. Pour la gestion de la faune sauvage, on travaille avec la DDPP, la préfecture et les partenaires de l’élevage tels que les piégeurs et les chasseurs. Le but étant d’avoir la vision la plus précise possible de l’état sanitaire de la faune sauvage et qu’on imagine collectivement des moyens pour mieux la surveiller », présente aussi le directeur du GDS.

La situation demeure cependant extrêmement difficile à vivre pour les éleveurs. « Ça fait plus de vingt ans qu’on subit des abattages importants à cause de cette maladie, et l’élevage est vraiment mis à mal. Les éleveurs ont de grosses inquiétudes au moment de la prophylaxie et à chaque fois que des animaux partent à l’abattoir. C'est un stress important pour l'éleveur qui rejaillit sur la famille. Chaque année nous sommes hantés par le risque de tuberculose », relaie Bruno Labeguerie, président de l'association Elvea des Pyrénées-Atlantiques et des Landes,  

« Hormis les cas graves de "lésions ouvertes" qui présentent des risques d'infections directs pour les autres bovins ou pour la santé des éleveurs, on souhaiterait systématiser davantage l'abattage partiel pour conserver la génétique ou des bovins habitués à des conduites particulières comme la transhumance dans nos Pyrénées par exemple. Mais ce processus se traduit actuellement par une gestion extrêmement lourde. Les entrées et sorties du troupeau sont bloquées jusqu'à ce que l'élevage retrouve sa qualification, et des contrôles sont subis tous les deux mois », poursuit-il. « Pour nous, il est utopique de croire qu’on pourra maitriser la faune sauvage. La vaccination est notre seule porte de sortie. La recherche doit aller plus vite, et à ce titre des moyens financiers mis en face. La grippe aviaire avec l'arrivée d'un vaccin est un très bon exemple pour trouver une issue. »

Lire aussi : « Sans moyens de maîtrise efficaces dans la faune sauvage, la tuberculose bovine restera un éternel casse-tête »

 

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