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Fières d’être éleveuses

Le secteur de la viande bovine est un milieu très masculin mais les mentalités évoluent. On rencontre dans les élevages de plus en plus de femmes compétentes et passionnées. La parité est encore loin d’être de mise, mais les choses évoluent dans la bonne direction !

© G.Gapihan

« Bonjour Madame, je voudrais voir le patron. » « Oui, ici le patron c’est moi, que puis-je faire pour vous ! » A quelques mots près, ce bref échange avec des commerciaux ou autres prestataires se répète encore régulièrement dans les élevages ou le « patron » est désormais une « patronne » qui assume seule ou en partenariat avec son ou ses associés les destinées de l’élevage qui la fait vivre.

S’il est vrai que les femmes ont toujours joué un grand rôle au sein des exploitations agricoles, il n’y a que peu de temps que celui-ci est légitimé économiquement, socialement et juridiquement.

Pendant des années, même si les femmes d’agriculteurs trimaient du matin au soir le plus souvent entre la maison, le jardin et l’étable, officiellement elles ne travaillaient pas. Elles étaient « femmes d’agriculteurs » et ne faisaient « qu’aider leur mari ». D’ailleurs comme le souligne une note de la Mutualité sociale agricole, le mot « agricultrice » n’est apparu dans le Larousse qu’en 1961.

Et il a fallu attendre la Loi d’orientation de 1999 et la création du statut de « conjoint collaborateur » pour que les agricultrices aient accès à une protection sociale. La couverture sociale a ensuite été étendue, en 2006, aux conjointes d’exploitants. Et en 2010, la loi de modernisation agricole a permis la constitution de Gaec entre conjoints, qu’ils soient mariés, pacsés ou concubins, pour donner un statut juridique au travail du conjoint dans une exploitation agricole. Autant d’évolutions qui ont permis une reconnaissance professionnelle du travail des femmes et une amélioration de leur protection sociale.

L’horizon s’est donc peu à peu dégagé pour permettre une véritable égalité entre agricultrices et agriculteurs. Sur le terrain, certaines éleveuses rencontrées pour ce dossier confirment pour autant qu’il n’est pas toujours facile de faire sa place dans le milieu de l’élevage bovin allaitant. Pour s’affirmer, les éleveuses gagnent à être volontaires et à associer à cette qualité une certaine force de caractère et un certain sens de la répartie.

Souvent davantage diplômées

Il n’est malheureusement pas possible d’avoir des statistiques concernant le seul secteur « bovins viande » stricto sensu. Mais aujourd’hui en France un chef d’exploitation sur quatre (24,3 % en 2019 soit un total de 107 100 personnes) est une femme et près de 30 % des exploitations ou entreprises agricoles ont au moins une femme dans l’équipe dirigeante. Une proportion globalement stable depuis plus de dix ans. Chiffre auquel il convient d’ajouter 19 300 collaboratrices d’exploitation, soit un total de près de 126 500 femmes. « Elles représentent 27,1 % des non-salariés agricoles », rapporte la MSA.

Autre donnée importante, les femmes cheffes d’exploitation ou d’entreprise agricole sont plus âgées que leurs homologues masculins. En 2019, leur âge moyen était de 51,7 ans (stable par rapport à 2018) contre 48,3 ans pour les hommes (en baisse d’un mois par rapport à 2018). C’est très lié au fait qu’une femme sur dix est devenue cheffe lorsque son conjoint est parti à la retraite.

Jeunes exploitantes souvent plus diplômées

Les jeunes exploitantes agricoles sont généralement plus diplômées que les hommes de la même classe d’âge et ont des parcours plus diversifiés. Cela reflète aussi la féminisation croissante des élèves dans les établissements de formation. Aujourd’hui, l’enseignement agricole, c’est plus de 45 % de filles, avec cependant de grandes disparités en termes de filières et de niveau. Les femmes peuvent apporter de nouvelles compétences, une vision différente quant à la conduite de l’exploitation.

Elles sont souvent à l’origine de la diversification des activités : vente en circuits courts, hébergements touristiques, activités de loisirs… « Elles sont également souvent plus engagées dans l’agriculture biologique. » explique le Ministère de l’Agriculture. Aucune production agricole est bien entendu inaccessible aux femmes, mais ces dernières sont proportionnellement plus nombreuses dans l’élevage (46 % de femmes, 41 % d’hommes), et plus particulièrement dans les petits ruminants laitiers que dans l’élevage bovin allaitant.

Elles sont également très présentes dans la filière cheval. En revanche, on compte peu de femmes dans les cultures céréalières et industrielles (16 %), dans les cultures et élevages non spécialisés (13 %) et dans la viticulture.

Féminisation des autres métiers liés à l’élevage bovin

La progression de la proportion de femmes dans les exploitations s’accompagne d’une féminisation croissante des métiers liés à l’élevage. De plus en plus de techniciens des entreprises d’agrofourniture et des différents organismes (organisations de producteurs, chambre d’agriculture, Bovins croissance, insémination, organisme de sélection…) sont des techniciennes. La parité est même parfois pratiquement atteinte. Au herd-book limousin, six des treize techniciens sont désormais des techniciennes !

Et même si une fois diplômées elles sont proportionnellement moins nombreuses que les hommes à opter pour une activité à dominante rurale, plus de 70 % des étudiants actuellement formés dans les quatre écoles vétérinaires sont des étudiantes.

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