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Néonicotinoïdes/betteraves : l’arrêté confirme les contraintes pour la rotation, mais ouvre la porte à des assouplissements

L’arrêté paru le 5 février sur l’emploi des néonicotinoïdes sur les semences de betteraves entérine des restrictions fortes pour les rotations. Il propose toutefois des mesures pour accélérer le retour du maïs et du colza, sous réserve de leur validation par l’Anses.

Les surfaces de betteraves sucrières sons annoncées à - 5 % pour les prochains semis par rapport à 2020.  © V. Marmuse
Les surfaces de betteraves sucrières sons annoncées à - 5 % pour les prochains semis par rapport à 2020.
© V. Marmuse

L’arrêté autorisant l’emploi de néonicotinoïdes sur les semences de betterave sucrières a été publié au Journal Officiel le 5 février. Il précise les modalités de mise en œuvre de l’usage des deux néonicotinoïdes (NNI) visés par la dérogation, l’imidaclopride et le thiamethoxam (produits Gaucho 600 FS et Cruiser SB), ainsi que les règles de rotation.

Comme dans le projet d’arrêté publié en janvier, l’arrêté reprend l’avis de l’Anses sur le calendrier des cultures pouvant être cultivées après des betteraves traitées aux NNI. Des cultures comme le maïs ou la pomme de terre ne pourront être cultivées qu’en année N + 2 et le colza, la féverole, le lin, le pois, le tournesol… à N + 3.

L’arrêté introduit cependant en annexe 2bis des mesures d’atténuation et de compensation qui pourraient permettre une culture de maïs à N + 1 ou de colza à N + 2. Mais l’Anses doit encore se prononcer sur celles-ci.

- Maïs à N + 1 :

Ce retour serait possible à une double condition. La première, applicable pendant la culture de la betterave, consiste en « l’utilisation sur une largeur d’au moins dix-huit rangs de betterave qui ne peut être inférieure à huit mètres, de semences de betteraves non traitées aux néonicotinoïdes sur le pourtour des parcelles traitées avec ces produits ».

Cette mesure doit être complétée par une autre pour cultiver du maïs dès 2022 : « l’implantation en 2021 et 2022 sur l’exploitation concernée, à une distance adaptée, de surfaces mellifères à raison de 2 % des surfaces implantées de semences de betteraves traitées aux néonicotinoïdes ».

Traduction : il sera possible de cultiver du maïs dans un champ ayant accueilli une culture de betterave traitée aux NNI à deux conditions. d'abord qu’une bordure d’au moins huit mètres de betteraves non traitées à ces insecticides ai été mise en place sur le pourtour du champ, et que soit cultivé deux années de suite un couvert spécifique de plantes mellifères sur une surface équivalente à 2 % de celle de la betterave traitée.

- Colza à N + 2 :

Concernant le colza, la mesure proposée pour permettre sa culture à N + 2 (au lieu de N + 3) est plus simple : « implantation d’un mélange composé d’au moins 50 % d’une variété précoce à floraison de type ES Alicia ou d’une variété équivalente sur une surface représentant au moins 10 % de la sole de colza de l’exploitation concernée et sur laquelle n’ont pas été cultivées de betteraves traitées aux néonicotinoïdes au cours des trois années précédentes. »

Il faut donc réserver 10 % de sa sole de colza à un mélange permettant de nourrir les insectes pollinisateurs (en premier lieu les abeilles), ce mélange devant être implanté sur des parcelles non occupées par des betteraves traitées aux NNI. À cette condition, il pourra être cultivé du colza deux ans après une betterave traitée aux NNI.

Il faudra donc désormais attendre la validation de ces mesures par l’Anses, qui devra dire si leur effet de protection est équivalent à celui de l’espacement de ces cultures dans le temps.

« Le rôle essentiel du colza pour les pollinisateurs reconnu »

Pour Terres Inovia, « cet arrêté reconnaît le rôle essentiel du colza dans le bol alimentaire des pollinisateurs. En 2020, 90 000 hectares de colza ont succédé à des betteraves protégées par des néonicotinoïdes en 2018, avec un bilan satisfaisant des miellées observées par des apiculteurs dans la moitié nord de la France. Le niveau de risque lié au colza N + 2 après néonicotinoïde est compatible avec l’activité apicole. »

 

Les semis de betterave se profilent. Pas sûr que l’Anses donnera à temps son avis favorable aux mesures d’atténuation pour que les agriculteurs puissent les prendre à leur compte sur le terrain. Mais cela portera à conséquence pour la culture du maïs avant tout puisque des mesures spécifiques doivent être prises dès cette campagne sur betteraves pour pouvoir cultiver du maïs dès 2022 dans la succession culturale.

Suite à la consultation des opérateurs de terrain, le ministère de l’Agriculture a affirmé que les surfaces de betteraves étaient désormais attendues en baisse de 5 % seulement, loin des 20 à 25 % annoncés avant la confirmation du retour des néonicotinoïdes. Pour le ministre, les mesures prises devraient donc permettre d’éviter la mise en péril de la filière betteraves à sucre.

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