Chez Thomas Couëpel, éleveur de volailles de chair
"Un gain de confort de travail indéniable avec les sols bétonnés"
Les deux poulaillers ont été équipés début 2009 d’une dalle bétonnée. Pour l’éleveur, le gain de temps et le confort de travail justifient largement l’investissement, même s’il a nécessité une adaptation de la conduite technique.
C’est un peu sous la contrainte que Thomas Couëpel, éleveur à Andel, dans les Côtes-d’Armor, a été amené à bétonner ses deux poulaillers à ventilation transversale de 1200 m2.Au cours de l’été 2008, l’un des lots de poulets a été touché par une toxine botulique. Pour éviter tout risque de récidive sur les bandes suivantes — la toxine pouvant rester « dormante » dans le sol —, il avait deux alternatives : décaper 30 cm de profondeur de terre battue ou bétonner. C’est la seconde qu’il a choisi, laissant de côté ses a priori négatifs sur le coût du béton et la gestion de l’ambiance. Une dalle a été coulée en janvier 2009 dans les deux bâtiments (datant de 1998), rénovés à cette occasion (trappes discontinues, pipettes, éclairage). Depuis, ses conditions de travail « n’ont plus rien à voir », explique-t-il. « Je ne reviendrais pas en arrière. » C’est une somme d’améliorations dans l’organisation au quotidien qui permet de gagner du temps et d’alléger certaines tâches. À commencer par la préparation du bâtiment.Avec la dalle, l’épaisseur de litière est six fois moins importante, soit 500 à 800 g/m2 contre 4 à 4,5 kg/m2 auparavant. « J’amène la paille broyée avec un épandeur. À leur arrivée, les poussins se chargent d’affiner la répartition. En plus du gain de temps, je suis devenu autosuffisant en paille. » Il utilise désormais 40 bottes de 350 kg par an. Comme le sol est très régulier, les lignes de pipettes et de mangeoires sont beaucoup plus faciles à régler. Le chariot de poussins roule plus aisément.
LE FUMIER VIDÉ EN DEUX HEURES
Moins de paille égale aussi moins de fumier à évacuer (et à traiter, Thomas Couëpel exportant la totalité après compostage). « Le volume est divisé par deux », constate-t-il. Les deux bâtiments sont curés en l’espace de deux heures. Pour le nettoyage, l’éleveur procède ainsi: passage de la balayeuse, nettoyage des murs, du plafond et des équipements intérieurs avec un nettoyeur haute pression, passage de la balayeuse puis nettoyage de la dalle. Le second balayage évite d’envoyer des saletés dans les tuyaux d’évacuation des eaux usées. « Le nettoyage doit être terminé dans la journée car la dalle sèche très vite », conseille Thomas. « Elle est encore à 15-20 °C une semaine après le départ des volailles. » Au final, les poulaillers sont prêts à être remplis en moins d’une semaine de vide.
d’ambiance. « Sur béton, il faut éviter à tout prix l’humidité, ventiler plus et chauffer plus », résume-t-il. « L’eau ne peut plus être évacuée par capillarité dans la terre battue, elle reste entre la dalle et la paille, avec le risque d’avoir une litière grasse. » Il faut évacuer l’humidité en ventilant et empêcher que l’eau ne rentre en traquant la moindre fuite. Au début, l’éleveur a tâtonné pour trouver l’équilibre optimal entre la ventilation et le chauffage par ses deux canons intérieurs. « L’objectif est d’avoir un taux de matière sèche de la litière le plus élevé possible pour passer le cap des 15 à 20 jours. »
MESURE PAR INFRAROUGE
A l’arrivée des poussins, la dalle doit être aussi chaude que l’air, c’est-à-dire à 32- 33 °C. Pour le vérifier, il s’est équipé d’un thermomètre à infrarouge. Le préchauffage dure plus de 48 heures contre 24 heures auparavant. Ces adaptations ont eu un impact important sur la consommation de gaz qui a progressé de 25 %, sachant qu’elle atteignait 5 kg/m2/lot (11,5 tonnes pour 2 400 m2). Pour y remédier, Thomas Couëpel a équipé chaque bâtiment de quatre échangeurs Lead-Le Roy en avril 2011. Récemment, en septembre, il a investi dans deux générateurs d’air chaud de 470 kW de Villoria Otero, approvisionnés par des plaquettes de bois. En plus de limiter le coût énergétique, ce chauffage à air chaud ne produit pas d’eau, contrairement à la combustion d’une tonne de gaz qui génère 1600 litres d’eau.Un argument d’autant plus avantageux avec les sols bétonnés.
Une dalle bétonnée à 12,50 €/m2
Pour limiter le coût de la dalle, Thomas Couepel a largement participé aux travaux, notamment ceux de la préparation du sol, et a lui-même acheté les matériaux. Les interventions très techniques telles que le nivelage du sol puis le coulage et le surfaçage de la dalle ont été réalisées par des professionnels. « Il est important que la dalle soit très bien faite, c’est-à-dire lisse et régulière », souligne l’éleveur. Dans un premier temps, il a décapé le sol en terre battue de 30 cm d’épaisseur puis l’a comblé avec une même épaisseur de mâchefer. Ce déchet de combustion, récupéré gratuitement auprès d’une usine d’incinération, a plusieurs avantages. « Très granuleux, il est facile à travailler.Une fois sec, il devient très compact et stabilise le sol », explique-t-il. « Il fait un peu fonction d’isolant », estime-t-il. « Cela constitue un bon terrassement et permet de réduire l’épaisseur de la dalle bétonnée à 8 cm. » Le mâchefer a été réparti grossièrement par l’éleveur, puis il a été nivelé par une entreprise de terrassement avec une double pente de 1 %. Il a ensuite été recouvert d’un film de polyane sur lequel a été coulé le béton. Comme le camion toupie ne pouvait pas entrer dans les poulaillers, c’est l’éleveur qui a apporté le béton à l’aide d’un télescopique. Le coulage et le surfaçage des 2 400 m2 de surface a été réalisé en trois jours, quasiment en non-stop, suivi du rainurage quelques jours après. DU MÂCHEFER POUR STABILISER Les eaux usées sont récupérées par de petits regards de 80 mm de diamètre (5 par côté) puis transitent jusqu’au collecteur à l’extrémité des bâtiments. Equipé d’une pompe, il évacue les eaux dans le champ. Le coût total de la dalle bétonnée approche 30 000 euros, soit 12,50 !/m2.Aux 3,80 !/m2 de coût d’étalage et de surfaçage (9120 euros), s’ajoutent l’achat du béton (191 m3 soit 17 700 euros), le polyane (850 euros) et les deux jours de présence de la niveleuse et du rouleau compacteur (2 150 euros). Sans compter le temps de main-d’oeuvre de l’éleveur.