Composition corporelle
La poulette mise "à nu" pour affiner les besoins nutritionnels
Inzo a mis au point une méthode de mesure de la composition
de la poule. Son but est de définir le profil le plus propice à la performance de ponte avec l’ itinéraire technique d’élevage poulette adéquat.
Demain, la composition corporelle des futures pondeuses sera un critère d’achat qui aura probablement autant d’importance que le poids vif, l’homogénéité du lot ou le programme vaccinal. C’est ce qu’avance la firmeservices Inzo, qui s’intéresse depuis plusieurs années à cette nouvelle approche des besoins physiologiques de la poule. « Tout l’enjeu est de savoir précisément quels sont les profils de composition corporelle intéressants et comment les atteindre, via la nutrition et la conduite d’élevage des poulettes », souligne Lucien Roffidal, responsable pondeuses d’Inzo. Les besoins nutritionnels varient en fonction de la vitesse de développement des différents tissus qui constituent l’organisme (voir p. 40). « Par exemple, la croissance des plumes n’est pas constante: elle est intense entre 6 à 8 semaines d’âge puis diminue progressivement pour laisser la place à un renouvellement progressif du plumage. Le dépôt sous forme de plume représente jusqu’à 8 % du GMQ à 7 semaines. La nutrition doit tenir compte de la composition chimique de la plume, très riche en protéines (de 55 à 65 %) et en acides aminés souffrés. De même, le dépôt des tissus musculaires diminue en fin d’élevage. Un aliment pré-ponte riche en protéines en fin d’élevage n’est donc pas si utile que ça. La poulette ne stocke ni protéine ni minéraux et, au contraire, sollicite ses organes (foie et rein) pour éliminer et, dans un certain sens, se détoxifier. »
MESURE DE L’IMPÉDANCE ÉLECTRIQUE
Jusqu’à présent, la connaissance de la composition corporelle était basée sur l’analyse chimique de l’intégralité de l’animal. « Mais cette méthode est lourde et par définition ne permet pas de suivre l’évolution de la composition corporelle des mêmes individus en même temps que leur production. » Inzo a donc développé une méthode non invasive que l’on peut effectuer à plusieurs âges et qui permet de suivre l’évolution de la composition corporelle de poules de l’élevage jusqu’à la fin de ponte. Cette méthode est inspirée de la balance « impédance-mètre » utilisée chez l’homme — qui informe sur la composition corporelle — et adaptée à la poule (voir encadré page précédente). La mesure d’impédance, réalisée en même temps que la pesée, permet d’estimer la quantité d’eau, de matières minérales, protéiques et de matières grasses. « Elle est simple à mettre en oeuvre et ne constitue pas un stress supplémentaire pour l’animal », souligne le nutritionniste. Les mesures faites depuis plus d’un an en station de recherche ont d’abord montré qu’il existait une dispersion naturelle de la composition corporelle au sein d’un groupe d’oiseaux ayant pourtant reçu le même programme alimentaire et provenant du même élevage. Cette variabilité est soit génétique soit le résultat du hasard de l’élevage. « Si l’on suit les performances de groupes de poules très opposés en composition corporelle, on constate des écarts de performance importants. C’est bien la preuve que la performance de ponte dépend de la composition de la poulette puis de la poule. Nous avons identifié des profils qui permettent d’atteindre un taux de ponte extrêmement performant. » Des profils que la firmeservices ne divulgue pas, bien sûr. « Ces travaux nous aident d’abord à mieux comprendre les situations « terrain ». Si une poule puise sur sa masse musculaire, c’est que des déficits nutritionnels graves ont été subis », illustre Lucien Roffidal.
HISTORIQUE DE LA CROISSANCE
L’intérêt pratique principal de la méthode est de définir l’itinéraire technique qui permettra d’atteindre la composition corporelle idéale et de réduire l’hétérogénéité au sein d’un même groupe. Cela passe notamment par un ajustement de la croissance et une meilleure maîtrise de la consommation : formulation et nombre d’aliments, rationnement ou non, apport de compléments nutritionnels. « Actuellement, l’éleveur se fixe un objectif de poids final en fin d’élevage. On sait aujourd’hui que c’est l’historique de la croissance de la poulette qui explique la composition corporelle finale. Quel est le meilleur itinéraire d’élevage ? L’enjeu est un gain économique non négligeable, lié à une baisse de l’indice de consommation. Certaines pratiques d’élevage devraient évoluer. Comment dominer toutes les phases d’élevage et les prises de poids ? » Les recherches sur la composition corporelle optimale seront achevées d’ici quelques mois. La firme-services prévoit une application sur le terrain avec la définition d’itinéraires techniques d’ici fin 2012. Ils seront adaptés aux poules pondeuses d’oeufs de consommation (cage ou plein air) ainsi qu’aux poules reproductrices. La mesure de la composition corporelle ouvre de multiples champs d’investigation, comme par exemple celui du stock de matière minérale sous forme osseuse pour limiter la déminéralisation en ponte.
Mesure de l'impédance
Le gras, moins conducteur que le muscle
La composition corporelle des poulettes est mesurée avec une nouvelle méthode d’investigation: la BIA, pour « bio impédance analysis ». L’appareil est constitué d’un boîtier relié à des électrodes. La mesure est réalisée au moment de la pesée. Les électrodes sontmises au contact des pattes de la poule et diffusent un courant de très faible intensité. L’impédance repose sur les propriétés électriques des différents tissus : le courant pénètre facilement le tissu musculaire mais rencontre une résistance plus importante dès qu’il traverse du gras (peu conductible). L’appareil mesure à la fois la résistivité (résistance au passage d’électricité) et la réactance (aptitude à ralentir le courant, liée à la quantité et à la taille des cellules). « Le boîtier indique donc un résultat d’impédance et de réactance. Une calibration établie au préalable par Inzo° (relié à l’analyse chimique des animaux) permet la prédiction de la composition corporelle, en termes de quantité d’eau, de matières minérales, protéiques ou de gras avec un bon niveau de prédiction », précise Lucien Roffidal.