Vache Salers : visite virtuelle d’un élevage à l’occasion du Sommet de l’élevage
A l’occasion du Sommet de l’élevage 2023, le groupe Réussir vous emmène visiter un élevage de vaches Salers à Job, commune de l’est du Puy-de-Dôme. L’occasion de découvrir toutes les caractéristiques de cette race rustique.
A l’occasion du Sommet de l’élevage 2023, le groupe Réussir vous emmène visiter un élevage de vaches Salers à Job, commune de l’est du Puy-de-Dôme. L’occasion de découvrir toutes les caractéristiques de cette race rustique.
Rencontre avec Benjamin Tarrit, éleveur de vache Salers
Benjamin Tarrit est éleveur de vaches Salers, à Job, à l’est du Puy-De-Dôme, au cœur du parc naturel régional du Livradois-Forez où l’altitude varie entre 550 et 1600 mètres. Sur 280 hectares dont 140 hectares d’estives, une dizaine d’hectares en céréales et le reste en herbe, ce jeune agriculteur élève 110 mères Salers plus une soixantaine de génisses, conduites en race pure, ainsi qu’un système reproducteur.
L’exploitation compte deux stabulations en aires paillées libres, un bâtiment de stockage pour le foin et la paille, un bâtiment-tunnel atelier pour le matériel agricole et sur un autre site à 12 km des bâtiments sur caillebotis pour les génisses de deux ans.
« Je garde un pourcentage des femelles pour moi et le reste je les vends pour l’export ou à d’autres éleveurs. J’essaie de garder 10-12 mâles chaque année et j’en mets toujours un ou deux à la station. Les autres partent pour faire des reproducteurs chez les voisins, à l’export ou à l’engraissement en Italie ou en Espagne », confie Benjamin Tarrit.
La vache Salers, une race rustique qui s’adapte à la montagne
« La vache Salers est une vache de montagne, une vache rustique, elle vient des Monts d’Auvergne et donc s’adapte très bien à notre relief », témoigne l’éleveur dont l’exploitation se situe à flanc de montagne, entre 550 et 1600 mètres d’altitude. L’été, le troupeau se nourrit en estive et l’hiver la ration alimentaire provient de l’enrubannage et l’ensilage avec des céréales provenant de l’exploitation. « On essaie d’être à 100% autonome », souligne Benjamin Tarrit qui va devoir adapter son système de production avec le départ en retraite de son associé. « Je vais diminuer le nombre de mères de 110 à 80 et essayer de semer plus de céréales sur mes terres labourables », confie-t-il.
Caractère maternel, lait et morphologie du bassin de la Salers
Le troupeau de vaches Salers de Benjamin Tarrit est inscrit au Herd Book Salers et ses orientations génétiques portent sur « le caractère et dans un second plan le lait et la morphologie du bassin », explique-t-il.
Je recherche la facilité de vêlage
« Je recherche la facilité de vêlage, la Salers donne naissance à son veau toute seule dans les champs. J’arrive le matin et les veaux sont sous les mères en train de téter et tout va bien dans 99% des cas ».
Les vêlages des vaches Salers groupés entre le 1er septembre et le 10 novembre
Les vêlages sont groupés entre le 1er septembre et le 10 novembre, avec une reproduction à 95% en monte naturelle et 5% en insémination artificielle. « J’achète des doses sur le marché et j’insémine moi-même » souligne l’éleveur qui a passé sa formation d’inséminateur. Sur l’élevage, des doses de taureaux Salers connus comme Béguin ont été utilisées. « J’ai aussi acheté beaucoup de doses provenant de la famille Duval (Valette) et sur ma ferme, j’ai beaucoup utilisé Elégant et Ourson que j'avais acheté la station d'évaluation », poursuit-il.
La passion des concours et de la vache Salers
Dans sa stabulation, nombre de plaques de concours sont fièrement accrochées. « Mon associé a débuté en 2008 et c'est lui qui m'a donné cette passion. On fait le concours départemental, le national, le régional au Sommet de l'élevage et depuis quatre années le salon de l’Agriculture à Paris », raconte Benjamin, passionné de la race Salers qui est pour lui « une vache élégante, féminine, une jolie vache quoi ! ».
Une vache élégante, féminine, une jolie vache quoi !
Comme Merveille, deux fois championne départementale, « qui reflète bien la Salers avec les cornes en forme de lyre, le front large, une grosse largeur de poitrine, un bon bassin, de bonnes pattes et de jolies mamelles » détaille-t-il.
Tyssandier d’Escours, créateur de la race Salers en 1850
Et ce n’est pas Corentin Paris, ingénieur à l’organisme de sélection (groupe Salers Evolution) qui dira le contraire.
Les premiers concours de Salers remontent à 1853
Originaire du Massif central (Est de la Corrèze, Cantal et Puy-de-Dôme) la race a été créée par Tyssandier d’Escous à partir des années 1850 à partir des meilleurs animaux du canton de Salers, d’où son nom. Les premiers concours remontent à 1853 sur la commune de Salers.
La Salers est une vache assez particulière, on ne peut pas la traire sans son veau
« La Salers est une vache assez particulière, on ne peut pas la traire sans son veau », souligne Corentin Paris. Jusqu’aux années 60, elle est utilisée pour la traite avec le veau.
Les facultés laitières de la race Salers conservées
« C’est à partir des années 60, du développement de la mécanisation, que la vache Salers a été utilisée en système broutard, les vaches devant amener leur veau au sevrage en faisant le plus de poids possible », explique-t-il. « La Salers répondait très bien à ces critères-là de par son côté maternel que l’on cherche à conserver et surtout sa faculté laitière », poursuit l’ingénieur.
Le rameau laitier pourvoyeur de diversité génétique pour la race Salers
Actuellement le rameau laitier qui compte à peu près 3% des animaux de la race Salers représente 965 animaux au contrôle laitier, concentrés sur le berceau de la race. « C'est un pourvoyeur de diversité génétique assez important pour la race. On cherche vraiment à garder ses facultés laitières pour pouvoir amener des veaux au sevrage [sans complémentation] », argumente l’ingénieur.
Une persistance laitière pour mener des veaux lourds au sevrage recherchée pour la Salers
Pour mesurer les aptitudes laitières, l’OS se base sur l’index Alait calculé avec le poids des veaux à 210 jours. « On ne veut pas de pic de lactation on veut plutôt des animaux ayant une bonne persistance laitière et pouvant mener des veaux lourds au sevrage », indique Corentin Paris.
Concernant le format, la Salers est une race de vaches grands formats avec des développements musculaires moindres que des Charolaises ou des Limousines, pour garder une rusticité.
La Salers, une vache qui s’exporte bien
« La Salers elle est destinée à tous les systèmes d’élevage on peut retrouver des animaux Salers à l'engraissement grâce à leurs bons aplombs, dans les pâtures de montagne ça soit les montagnes du Massif central, les Rocheuses ou les montagnes en Croatie, on arrive à très bien exporter ces animaux grâce à leur capacité d'adaptation » se félicite Corentin Paris.
Depuis 2023, la Géorgie nouveau marché de la Salers
En dehors de ses marchés historiques que sont l’Espagne ou le Royaume-Uni, la vache Salers s’exporte aujourd’hui vers les secteurs des Balkans (Croatie, Serbie, Bosnie) mais aussi depuis cette année en Géorgie, pays d’honneur du Sommet de l’élevage 2023.
« On a pas mal de jeunes femelles qui sont parties que ça soit des génisses d'un an, des doublonnes ou des doublonnes pleines », annonce Corentin.
La Salers : une race rentable
« La Salers est une race rentable parce qu’elle nourrit son beau jusqu'au sevrage sans complémentation extérieure », explique l’ingénieur. « C’est aussi une race économique parce qu'on arrive à produire de la viande, un mâle à 210 jours fait 274 kg u et une femelle de 244 kg », poursuit-il.