« Respecter les préconisations à tous les niveaux »
La maîtrise de la parvovirose passe simultanément par la biosécurité, par l’hygiène et par la vaccination du reproducteur et du canard commercial. C'est ce qu'affirme Stéphane Lemière, directeur technique mondial des vaccins aviaires de Merial.
La parvovirose est-elle en recrudescence ?
Stéphane Lemière - "Avec cette maladie à effet économique, nous observons des vagues de cas plus ou moins creusées qui ne sont pas liées à un rythme climatique. Nous suspectons les effets cumulatifs de l’augmentation de la charge du milieu en virus et de l’application collective plus ou moins stricte des règles de prévention (biosécurité, nettoyage-désinfection, vaccination) qui dépassent un point de non-retour. Et quand ça va mal on fait collectivement plus d’efforts."
Quels sont les facteurs de risque ?
S. L. - "Là où il y a de la production organisée de canard de Barbarie, il y a présence de virus de la parvovirose. Ce virus pose problème uniquement sur les canards en croissance. Les adultes ne sont pas affectés, mais ils peuvent héberger et excréter du virus, même s’ils sont vaccinés. De plus, le virus est très résistant dans le milieu, et très persistant dans les déjections. Par conséquent, les risques majeurs sont les densités importantes et la présence d’effluents donc de virus sur les caillebotis, la fosse à lisier, le matériel d’épandage. Viennent ensuite les stress d’élevage, comme le traitement du bec et des griffes. Le transfert de cet acte au couvoir devrait réduire ce stress à moyen terme."
Faudrait-il modifier les vaccins ou les programmes de vaccination ?
S. L. - "Génétiquement, ce virus est remarquablement stable dans le temps. Par conséquent, les vaccins actuels sont adaptés. La vaccination précoce des canetons (primo vaccination) et la seconde deux semaines plus tard (effet rappel) visent à relayer le plus vite possible l’immunité passive des anticorps maternels qui décroît. Pour les reproducteurs, on fait trois vaccinations (deux en inactivé et une en vivant) conduisant à la production d’anticorps maternels transmis au caneton. Les suivis des prises vaccinales sont généralement assurés chez les reproducteurs, mais difficilement mis en place chez les issus. Le diagnostic sérologique Elisa aujourd’hui ne concerne que le parvovirus du canard de Barbarie, mais le niveau de ces anticorps fluctue d’une manière difficilement prédictible par le niveau de protection des reproducteurs (mesuré par séroconversion). Par ailleurs, on manque de kits de diagnostic adaptés à la parvovirose du canard de Barbarie.
La réovirose joue t-elle un rôle dépressif sur l’efficacité de la vaccination ?
S. L. - "La réovirose du canard agit sous la forme d’épidémies qui se propagent via les épandages. Nous n’avons pas de vaccin pour s’en prémunir et les conditions d’élevage jouent un rôle important dans son expression. Quand la réovirose est présente, il faut être très vigilant sur l’hygiène, notamment celle du chantier de vaccination."
Les conditions de vaccination sont-elles satisfaisantes ?
S. L. - "Pas toujours, mais nous ne savons pas dans quelle proportion. Il faut absolument veiller à de bonnes pratiques du chantier de vaccination, aussi bien au couvoir qu’en élevage, sachant que les risques sont nettement plus élevés à l’élevage, du fait de conditions plus variables : préparation du vaccin, adaptation du matériel, organisation du chantier, état sanitaire des canetons, conditions d’élevage… Au couvoir, vu les volumes de canetons en jeu, une erreur de réglage peut vite avoir un impact important. Ne pas respecter les pratiques recommandées, c’est prendre un risque important, surtout si les autres risques sont présents. En apportant une garantie de moyens à tous les niveaux, on obtient le résultat attendu."
Pour en savoir plus
Voir article de présentation du dossier Réussir Aviculture de janvier-février 2016 : " Tous mobilisés contre la parvovirose ".