Soja : coup de chaud à Chicago
Sur le marché à terme américain, mardi dernier, l’échéance de mai 2004 pour les graines de soja a clôturé à 9,26 dollars le boisseau, du jamais vu depuis quinze ans et demi, selon Joe Victor, expert de la maison de courtage Allendale.
Hier, le marché reculait sous l’effet de prises de bénéfices, mais la tendance haussière restait intacte. « On n’a pas vu les graines de soja enregistrer pareils gains à cette époque de l’année depuis dix ans. C’est le nouveau chéri des petits investisseurs», a souligné Joe Victor. « L’objectif est 9,60 dollars. Je n’exclus pas qu’on monte jusqu’à 10,50 ou 11,00 dollars », spéculait Dan Cekander, directeur de la recherche chez Fimat.
Les raisons de cette flambée des graines de soja se trouvent aussi bien aux Etats-Unis qu’à l’étranger. Aux Etats-Unis, les stocks disponibles à la fin de la campagne 2003-2004 (septembre-août) devraient tomber cette année à leur plus bas niveau depuis la saison 1976/77, à 3,41 millions de tonnes, soit près de 30 % de moins que la campagne précédente, selon les dernières estimations du département américain de l’Agriculture (USDA).
L’USDA a révisé à plusieurs reprises son estimation de la production américaine de graines de soja en 2003, qui atteint 65,80 millions de tonnes, son niveau le plus bas depuis 1996.
Le marché est également préoccupé par la situation de la récolte sud-américaine, qui commencera à arriver sur le marché vers le mois de mars. Dans le Sud du Brésil et le Nord de l’Argentine, les cultures commencent à être affectées par la sécheresse. Dans la partie nord du Mato Grosso, premier Etat producteur de soja du Brésil, le temps est beaucoup trop humide.
Malgré la flambée des prix, rien ne semble indiquer pour le moment un rationnement de la demande intérieure américaine. « L’USDA s’attendait à une baisse de presque 10 % des triturations cette année mais pour le moment, elles ne sont en baisse que de 1,2 %», a souligné Joe Victor.
A l’exportation, c’est le contraire. Le niveau des prix décourage les achats des triturateurs européens. Et l’expert d’Allendale n’exclut pas que la Chine annule de précédentes commandes. La grippe aviaire est un autre facteur de refroidissement à envisager.