Les producteurs sous signes officiels sur la réserve
Si l’agriculture raisonnée est une attente supposée des consommateurs, des transformateurs et des distributeurs, les producteurs restent sceptiques, y compris ceux sous signes officiels de qualité. Tous s’accordent sur la logique du système et l’intérêt de l’agriculture raisonnée, mais ils s’interrogent sur la faisabilité de la démarche et surtout rappellent qu’il s’agit bien là d’une qualification d’entreprise et non de produits. « La logique et le bon sens conduisent à ce qu’un produit de qualité soit issu d’exploitations qualifiées», estime Marc Roose, directeur de la filière foie gras du Sud-Ouest, le PALSO, « mais il est hors de question de faire rentrer les critères de l’agriculture raisonnée dans les cahiers des charges. Il ne faut pas mélanger des cahiers des charges produits avec des cahiers des charges horizontaux.»
Même approche dans le secteur de la viande où il semblerait que l’agriculture raisonée ne soit plus la préoccupation du moment compte tenu de la situation économique. « L’agriculture raisonnée est une démarche volontaire par agriculteur» prévient Marc Pagès, directeur de Fil Rouge. « Les groupements qualité seront présents pour inciter, communiquer et expliquer l’agriculture raisonnée. Mais cela se fera exploitation par exploitation, sans toucher au cahier des charges produit, ce qui aurait comme effet néfaste de faire repasser tous les cahiers des charges à la section examen des référentiels de la CNLC. Il ne faut pas oublier non plus que la qualification portera sur toute l’exploitation et qu’il y a beaucoup de pluriactivité chez nos agriculteurs. L’activité Label Rouge ne couvre pas l’exploitation toute entière.» Si la démarche n’est pas contestée, les groupements qualité des producteurs estiment qu’il sera beaucoup plus facile de qualifier une exploitation à 100 % céréales qu’une exploitation d’élevage, incorporant aussi l’alimentation animale et des activités annexes. Enfin, tout le monde s’entend, à l’instar d’Henri Baladier, président de Fil Rouge, sur le fait que « les attentes des consommateurs sont très fortes dans ce sens et qu’il faut en tenir compte.» Tout en ayant à l’esprit que les agriculteurs ont pris en horreur les « usines à gaz ». »