L’Anses confirme les risques potentiels liés aux bisphénols
La loi de décembre 2012 a « suspendu » à partir du 1er janvier 2013 l’usage de tout conditionnement comportant du bisphénol A et « destiné à entrer en contact direct avec des denrées alimentaires pour les nourrissons et enfants en bas âge ». Elle doit s’étendre à l’ensemble des conditionnements alimentaires au 1er janvier 2015. Dans l’attente d’une interdiction complète, les conditionnements doivent comporter un avertissement sanitaire déconseillant son usage aux femmes enceintes, aux femmes allaitantes et aux nourrissons et enfants en bas âge.
Cette loi fait suite à un avis qu’avait remis l’Anses (l’agence de sécurité sanitaire) en septembre 2011. L’agence en attend une « baisse très significative du niveau d’exposition au bisphénol A ». Mais les substituts au bisphénol A sont-ils sûrs ? L’agence vient de dresser un état des lieux des alternatives potentielles. Ce rapport accompagne les résultats de trois ans de travail sur l’évaluation des risques sanitaires associés au bisphénol A, qui confirment l’avis de 2011, ainsi qu’une évaluation des dangers d’autres composés de la famille des bisphénols et un rapport sur les incertitudes entourant les perturbateurs endocriniens.
L’avis publié le 9 avril dernier sur les effets sanitaires du bisphénol A pointe en particulier des risques potentiels pour l’enfant à naître, venant majoritairement par l’alimentation de la femme enceinte. Le groupe de travail dédié aux perturbateurs endocriniens a réalisé une estimation des « expositions réelles » de la population par voies alimentaire, respiratoire et par contact. Il a déterminé une contribution de plus de 80 % par l’alimentation.
Identification des sources d’exposition
Les boîtes de conserve représentent environ 50 % de l’exposition alimentaire totale (sans avoir pu distinguer la présence ou non d’un vernis susceptible de libérer du bisphénol A). L’Agence a aussi identifié l’eau distribuée en bonbonnes de polycarbonate comme une « source conséquente » d’exposition. Les risques pour l’enfant à naître ont été évalués par organes, et il apparaît que la glande mammaire est susceptible d’un développement tumoral ultérieur. Les experts ont cependant associé ce risque à un « niveau de confiance modéré au regard de l’état actuel des connaissances et des incertitudes ».
D’autres situations d’exposition, comme la manipulation de papiers thermiques (tickets de caisse, reçus de cartes bancaires...) dans le cadre professionnel, contribuent à réhausser le « niveau de confiance » dans l’évaluation des risques. C’est pourquoi l’Anses recommande dès à présent, avant une étude ciblée, de prendre des mesures en vue de réduire l’exposition des femmes manipulant des papiers thermiques contenant du bisphénol A ou d’autres composés de la famille des bisphénols, notamment en milieu de travail.