Lait : les propositions de Jean Le Vourch
« Nous n’avons jamais été confrontés à une crise aussi dure,a expliqué le président du CNIEL (interprofession laitière) et de la FNCL (coopératives) Jean Le Vourch vendredi dernier aux Marchés. A la mise en place des quotas (en 1984, Ndlr), au moins les prix n’avaient pas bougé ».
Dans un conflit où Jean Le Vourch constate ne pas toujours être compris et où les barrages ont eu des conséquences commerciales quasi immédiates, le président de la coop Even propose à ses 1 400 adhérents le versement d’une ristourne exceptionnelle. Cumulée avec d’autres avantages de l’entreprise et l’aide européenne (12 euros versés à la fin 2004), elle doit permettre aux producteurs de bénéficier d’un prix du lait 2004 égal à celui de 2003, malgré la baisse proposée « qui devrait être de 15 euros pour 1 000 litres ».
« Un double prix, pourquoi pas ? »
Il faudra ensuite songer à de plus profondes mutations. Rapprochements entre entreprises, baisse de la production de l’Union « car il y a actuellement trop de lait en Europe», mise en œuvre d’un double prix en fonction des marchés… Jean Le Vourch n’élude rien. « Il faut un nouveau système de fixation des prix». Le paysan aux nombreuses responsabilités observe qu’aux Etats-Unis coexistent « quatre prix en fonction des marchés, et ils sont OMC compatibles. Alors pourquoi pas un double prix en Europe ?». Ce système permettrait de maintenir le maximum de producteurs laitiers pour approvisionner indistinctement l’un ou l’autre des marchés. « La question a rencontré de fortes résistances au départ », les avis changent progressivement. Jean Le Vourch va encore plus loin en invoquant « une nouvelle politique laitière, un plan de modernisation des exploitations, de nouvelles règles d’installation ». Si la Commission a consenti à maintenir le système des quotas, elle s’est placée dans « une souricière » en acceptant de réduire les aides à la production pour « donner le change à l’OMC ». Quant à l’entrée de dix nouveaux pays dans l’UE, les flux d’échange en produits laitiers risquent de s’en trouver perturbés avec des produits basiques fabriqués moins cher là-bas.