La rationalisation du système de qualité de l’Union européenne
Depuis le 13 novembre 2012, un nouveau règlement européen encadre le système des produits de qualité. Analyse.
Rédaction Réussir
La politique européenne de qualité des produits agricoles, introduite en 19921, est notamment mise en œuvre par une procédure d’enregistrement de dénominations de certains produits, afin de leur conférer une protection spécifique. Il peut s’agir d’appellations d’origine protégées (AOP), d’indications géographiques protégées (IGP) ou de spécialités traditionnelles garanties (STG). Le 13 novembre, le Conseil a adopté un règlement fixant le nouveau cadre pour ces systèmes de qualité2, qui remplacera les règlements 509/20063 et 510/20104 aujourd’hui en vigueur5.
Cette réforme a été initiée en 2010 par la Commission européenne dans son « paquet qualité », qui est composé, outre le règlement précité qui est la clé de voûte de cet édifice normatif, de lignes directrices relatives aux systèmes volontaires de certification et à l’étiquetage des produits utilisant des ingrédients bénéficiant d’une AOP ou d’une IGP6, ainsi que d’une proposition de révision du règlement relatif à l’organisation commune des marchés (OCM unique7) visant à modifier les normes de commercialisation.
Un niveau de protection renforcé
S’agissant des AOP et les IGP, le règlement – qui ne s’applique ni aux vins ni aux spiritueux – renforce et clarifie le niveau de protection des dénominations enregistrées et des symboles de l’UE. Ainsi, pour mieux faire connaître ces produits auprès des consommateurs et pour faciliter les contrôles, le règlement impose que, outre la dénomination, figurent dans l’étiquetage du produit les symboles de l’UE correspondants. De plus, le rôle et les responsabilités des groupements ayant soumis une demande d’enregistrement de dénomination, sont davantage reconnus en matière de suivi, de promotion et de communication.
Malgré ces innovations unanimement saluées, de nombreux opérateurs regrettent cependant que la proposition initiale de la Commission n’ait pas été adoptée en l’état, notamment en ce qui concerne l’octroi de certains pouvoirs de gestion à ces groupements (inspirés du secteur laitier).
De nouvelles mentions sont reconnues
Sur un plan plus formel, il convient de souligner que la procédure d’enregistrement des dénominations est réduite de moitié, (six mois), ainsi que le délai d’opposition à l’octroi d’une AOP ou d’une IGP (trois mois).
Le régime des STG, peu utilisé jusqu’à présent, fait l’objet d’une révision d’ampleur, qui étend notamment à 30 ans la période nécessaire pour qu’un produit puisse être considéré comme traditionnel (contre 25 ans actuellement).
Enfin, le règlement introduit un cadre pour les mentions de qualité facultatives, comme « produit de montagne » qui est expressément reconnue. La Commission doit fournir un rapport dans les douze mois sur l’opportunité d’établir une mention pour les « produits de l’agriculture insulaire » ainsi que pour ceux issus de l’ « agriculture locale et de la vente directe ».
On retiendra que le règlement, qui confère d’importants pouvoirs à la Commission par la voie d’actes délégués et d’exécution, simplifie et rationalise le système de qualité.
Cette réforme ne sera cependant achevée qu’une fois modifié à son tour le règlement relatif à l’OCM unique, ce qui, au vu des difficultés rencontrées dans le cadre des négociations de la réforme de la Pac, n’est pas à attendre dans l’immédiat.
1. Règlement n°510/2006 du Conseil du 20 mars 2006, JO (2010) L 93/12.
2. Règlement du Parlement européen et du Conseil, PE-CONS 41/12.
3. Règlement n°2081/92 du Conseil du 14 juillet 1992, JO (1992) L 208/1.
4. Règlement n°509/2006 du Conseil du 20 mars 2006, JO (2006) L 93/1.
5. Approuvé en première lecture par le Parlement européen le 13 septembre, il entrera en vigueur après sa publication au JO de l’UE.
6. Communication de la Commission du 16 décembre 2010, JO (2010) C 341/3 et C 341/4.
7. Proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil du 10 décembre 2010, 2010/0354 (COD).