A la mêlée
Je voyais à la télé Sarkozy affronter les députés de l’opposition et, je ne sais pas pourquoi, il me faisait penser à Jacques Fouroux. Le capitaine de l’équipe de France de rugby à la fin des années soixante-dix était petit, ridiculement petit à côté des mastodontes d’avants qui jouaient avec lui. Or si balèzes que fussent les Cholley, Bastiat, Skrela et autres Rives, ils lui obéissaient au doigt et à l’œil. Non pas que Fouroux fût un joueur génial, il était bon sans plus. Mais il émanait de lui une autorité naturelle qui en faisait un leader incontesté. Le plus souvent, la victoire souriait à ce bloc galvanisé, au grand dam des Anglais, dernières victimes du grand chelem de 77 et qui voyaient en lui une réincarnation du « petit caporal ». Évidemment, Fouroux fut vite en butte à l’ostracisme des « gros manteaux » de la Fédération. Ceux-ci n’appréciaient pas que leur autorité fût contrebattue par ce petit bonhomme qui appelait un chat un chat et un talonneur qui recule une demoiselle sur une balançoire. Ils barrèrent à Fouroux l’accès à la présidence de la Fédération. Vous me direz : quel rapport avec Sarkozy ? Aucun, sauf que sa mêlée recule, que ses ailiers battent de l’aile et que, dans les tribunes, le président de la Fédé se demande à quoi Sarko peut bien penser le matin en se rasant.