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Européennes : l'agriculture et l'agroalimentaire en première ligne



Règles en matière d'étiquetage, levée des barrières à l'export, soutiens à la R&D… Au-delà de la Pac, les décisions prises au niveau européen influencent de plus en plus la vie des industries agroalimentaires. Les résultats des prochaines élections européennes sont à regarder de près. Ils auront des conséquences non négligeables sur plusieurs dossiers chauds.

Réglementation, traité de libre-échange, financement… Les entreprises agroalimentaires sont chaque jour confrontées aux décisions de Bruxelles. Les élections de la fin mai sont donc loin d'être anodines pour le premier secteur économique européen en termes d'emploi. Rappel des différents enjeux.

Du 22 au 25 mai prochain, les Européens sont appelés aux urnes. Plus de 380 millions d'électeurs des 28 États membres vont voter pour désigner les 751 députés de l'Europarlement. La France désignera 74 membres de cette nouvelle assemblée. Dès le 27 mai, le président du Conseil européen, le Belge Herman Van Rompuy va recevoir les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne (UE).

L'objectif ? Discuter de la succession de José Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne, qui sera votée à la mi-juillet au Parlement. Car cette fois, le mode de désignation est différent. Depuis 2009, le Parlement européen a accru ses pouvoirs. Comme le prévoit le traité de Lisbonne, c'est désormais lui qui procédera à l'élection du prochain dirigeant de la Commission européenne, organe exécutif de l'UE, qui initie et supervise la mise en œuvre des législations. En attendant, les candidats à la présidence de la Commission sillonnent l'Europe. Le conservateur Jean-Claude Juncker et le socialiste Martin Schulz partent favoris. Le libéral Guy Verhofstadt, placé en embuscade, se pose en homme du compromis et en faiseur de roi. Les trois s'accordent sur la nécessité de tourner la page de dix ans de Commission Barroso.

Agenda politique simplifié

Tous plaident pour un exécutif européen plus social, plus actif et plus politique. Quels défis attendent ces nouveaux élus ? Le monde agricole et agroalimentaire européen est en tout cas déjà mobilisé. Les professionnels ” du secteur ont fait le déplacement à Athènes au début du mois de mai pour assister à la réunion informelle des ministres européens de l'Agriculture, et faire entendre leur point de vue. La Copa-Co-geca (agriculteurs et coopératives agricoles de l'UE) a ainsi présenté son manifeste intitulé « Une vision pour exploiter le potentiel de l'agriculture et de l'industrie alimentaire dans l'UE ». Le groupe a demandé un agenda politique européen simplifié « dont l'objectif central serait l'innovation afin de soutenir une production alimentaire sûre, de haute qualité et à des prix abordables, ainsi qu'un vaste choix pour le consommateur ». L'organisation demande également « aux institutions européennes de travailler ensemble pour stimuler l'innovation dans le secteur agricole par le biais de politiques améliorées et étayées par des preuves scientifiques ».

Stimuler l'innovation pour une production alimentaire sûre

Du côté de l'industrie, l'organisation représentative, Food Drink Europe a déjà préparé un petit livret « d'accueil » à l'attention des députés fraîchement élus. Intitulé « Fee->> ding the debate » (nourrir le débat en français), ce recueil réclame lui aussi plus d'innovation aux députés « en levant les barrières » ou encore en simplifiant les procédures d'autorisation pour les « novel food ». L'organisme de lobby réclame également la création du « food4future KIC ». Créés à l'initiative de l'Insitut européen d'innovation et de technolgie (EIT), ces groupes d'innovation ou KIC (knowledge and innovation communities) sont pour le moment consacrés au changement climatique, à la gestion de l'eau et aux nouvelles énergies. FDE veut s'assurer que le nouveau parlement mettra bien en place le KIC pour l'alimentation prévu en 2016.

QUEL VISAGE AURA LE FUTUR PARLEMENT ? Focus

Près de 400 millions d'européens sont invités à voter du 23 au 25 mai afin d'élire les 751 députés du Parlement. Tous les instituts de sondage s'accordent sur une forte abstention et une poussée des extrêmes. La montée en puissance du FN en France, ou de l'Ukip en Grande-Bretagne serait cependant à relativiser. Ainsi pour le cabinet Stratfor, si les europhobes « disposeront de plus de moyens pour s'exprimer (…) ils ne pourront pas bloquer la construction européenne ». Leur présence dans le Parlement va cependant contraindre les pro-européens à travailler ensemble, à l'image des grandes coalitions allemandes, grecques, italiennes ou belges. La dernière enquête de Pollwatch, qui compile des dizaines de sondages nationaux, projette que la droite du PPE perdrait une soixantaine de sièges, mais conserverait une légère avance sur les socialistes avec 216 députés contre 205. Les centristes de l'Alde resteraient en 3e position avec une soixantaine de députés devant la gauche radicale et les Verts, en perte de vitesse. À propos des « eurosceptiques », les estimations de Pollwatch montrent que trois groupes parlementaires, à la droite du PPE, disposeront d'une quarantaine de sièges chacun.

Voir le site www.pollwatch2014.eu

Le défi de l'export

Concernant l'économie du secteur, les acteurs des filières agricoles et agroalimentaires ont maintes fois répété l'importance à leurs yeux du marché unique européen. Mais pas seulement. L'export au-delà de l'UE prend une place de plus en plus importante. En plus du soutien aux PME vers l'export et la politique de promotion des produits agricoles de l'UE, l'Europe signe également des accords d'échanges extérieurs. « Le cinquième round des négociations avec les États-Unis arrive et nous essayons à notre niveau d'enfoncer notre clou en réclamant la fin des barrières réglementaires qui gênent les exportations européennes. L'accord transatlantique est pour nous un grand défi à venir de la prochaine mandature », indique Florence Ranson, directrice de la communication de Food Drink Europe.

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