Des mesures pour détendre le marché du sucre
Comment la fin de campagne sucrière, qui s’annonçait plutôt tendue, se renfloue à la demande des betteraviers et transformateurs de sucre de canne.
La Commission européenne vient d’engager, coup sur coup, deux mesures susceptibles d’accroître la disponibilité en sucre dans l’Union d’ici à la prochaine campagne. La première, réalisée courant mars, réaffecte au marché européen 500 000 tonnes de « sucre hors quotas ». Ce volume est en principe réservé à l’exportation vers les pays tiers, à la production d’alcool ou à d’autres usages non alimentaires. Ces 500 000 tonnes se partagent entre les différents producteurs européens de sucre. Ces derniers, majoritairement français, avaient eux-mêmes réclamé cette mesure il y a quelques mois, alors que les prix sur le marché mondial étaient plus attractifs que les prix intérieurs.
Rééquilibrage du marché
Le seconde mesure, prise fin mars et qui est en cours de réalisation, est l’ouverture du marché communautaire à un contingent de 300 000 tonnes de sucre brut à droit nul. Les certificats d’importation seront attribués aux différentes raffineries. Cette mesure avait été demandée par le Portugal, à hauteur « d’au moins 500 000 tonnes », au cours du Conseil agricole du 21 février dernier. Le motif invoqué était de « rééquilibrer les conditions de concurrence entre le secteur de la canne à sucre et celui de la betterave sucrière ». Vue aujourd’hui du pays betteravier qu’est la France, cette seconde mesure de la Commission européenne n’était pas absolument nécessaire. En effet, la situation du marché mondial du sucre a bien changé depuis lors. Les prix mondiaux qui, en février, étaient supérieurs à ceux du marché domestique et qui détournaient les producteurs mondiaux du marché européen, sont redescendus dans le courant du mois de mars. Les importations, qui étaient en retard par rapport à février 2010, sont maintenant en avance de 135 000 à 140 000 tonnes de sucre brut, selon Bruno Hot, président du Syndicat national des fabricants de sucre. Nul doute, estime-t-il, qu’un apport total de 800 000 tonnes de sucre sur un marché de 16 millions de tonnes suffira à détendre le marché d’ici à l’entrée en production en septembre prochain.