Camembert de Normandie, la guerre est relancée
L’affaire fait grand bruit : Patrick Mercier, président de l’ODG Camembert de Normandie, a annoncé lors des Rencontres de Cambremer le lancement d’une procédure pour faire respecter la réglementation contre le camembert « fabriqué en Normandie ».
Lors des Rencontres de Cambremer (Calvados) de 2010, Patrick Mercier, l’actuel président de l’ODG Camembert de Normandie (AOC depuis 1986 et AOP depuis 1996) avait dénoncé le non-respect de la réglementation européenne sur la protection des AOP et IGP. Était visée la coexistence, à côté du « Camembert de Normandie (AOP) », du camembert « fabriqué en Normandie ». Patrick Mercier aura attendu un an pour qu’à la dernière assemblée générale de l’ODG « Camembert de Normandie », en mars 2011, soit votée à une majorité importante la décision de faire respecter la réglementation face au camembert « fabriqué en Normandie ».
Procédure contre le « fabriqué en Normandie »
Une étude démontrant que le consommateur est incapable de faire la différence entre le « fabriqué en Normandie » et le « de Normandie », du moment que le terme « Normandie » apparaît sur les étiquetages, est venue étayer la décision.
Ainsi lors des Rencontres de Cambremer 2011 qui avaient lieu samedi 30 avril, Patrick Mercier, mandaté par son ODG, a annoncé le lancement d’une procédure pour faire respecter la réglementation contenue dans l’article 13 alinéa a) du règlement 510, sur la protection des dénominations géographiques. À savoir : « Les dénominations enregistrées sont protégées contre toute utilisation commerciale directe ou indirecte d'une dénomination enregistrée pour des produits non couverts par l'enregistrement, dans la mesure où ces produits sont comparables à ceux enregistrés sous cette dénomination ou dans la mesure où cette utilisation permet de profiter de la réputation de la dénomination protégée. »
Cette décision fait grand bruit en Normandie car la production de Camembert AOP, fleuron et mythe de la région, est d’environ 5 000 tonnes. Elle était de 13 000 tonnes avant le retrait des marques Lactalis et Isigny de l’ODG. Les camemberts fabriqués en Normandie représentent entre 80 000 et 110 000 t, on comprend ainsi mieux pourquoi les pouvoirs publics semblent réticents à faire appliquer la réglementation et préfèrent la négociation. Mais attention : toute décision pourrait faire jurisprudence et créer un précédent dont l’ensemble des AOP et IGP françaises en supporteront les conséquences futures.