Marchés céréaliers - suspension des droits à l’importation
Pour faire face à la hausse des cours des céréales, Bruxelles envisage une « suspension totale des droits de douanes » à l’importation, comme l’a suggéré la commissaire à l’Agriculture Mariann Fisher Boel, le 26 septembre lors du conseil européen. Une proposition, complémentaire à la remise en culture des jachères, qui fait suite à la requête de la délégation espagnole relayant les difficultés rencontrées par le secteur de l’élevage. L’interruption serait effective jusqu’au 30 juin 2008, à moins que le contexte de marché ne légitime de nouveau ces taxes. La plupart des états membres se sont dits favorables à cette mesure. La France a émis des réserves, cette décision risquant d’affaiblir l’UE dans le cadre des négociations à l’OMC.
« Une mauvaise réponse » à la hausse des cours, selon Michel Barnier
« Il est incohérent de demander aux exploitants européens de cultiver à nouveau les terres en jachère en se montrant si prompt, dans le même temps, à ouvrir le marché communautaire aux concurrents », indiquent les producteurs de grandes cultures réunis au sein d’Orama dans un communiqué du 27 septembre. « Compte tenu de l’état des disponibilités sur le marché, du dispositif douanier européen et du coût de fret, il est douteux qu’une telle mesure, si elle était adoptée, puisse véritablement modifier les conditions d’approvisionnement de ceux qui sont censés en en bénéficier, les éleveurs du sud de l’Union européenne » estiment-ils.
Pour Michel Barnier, la levée de ces droits est « une mauvaise réponse à une vraie question ». En effet, les contingents d’importations de céréales sans droits de douanes n’étant pas atteints, explique le ministre français de l’Agriculture, ces taxes « ne sont pas forcément le problème ». De plus, « il est, selon lui, très difficile d’imaginer qu’on pourra les réintroduire plus tard », ce qui constituerait une première concession dans le cadre du cycle de Doha et fragiliserait la position de l’UE. Reconnaissant que le retrait temporaire des barrières douanières n’aurait qu’un effet limité, compte tenu de leurs bas niveaux actuels, Mariann Fisher Bœl verrait cette mesure comme « un signal ». Pour Michel Barnier, cette décision, prise « d’une façon unilatérale » n’est justement pas « un bon signal » envoyé aux autres camps pour la suite des négociations à l’OMC.