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Maroc/hausse du prix du pain
L’état va compenser la tension des cours des céréales pour en limiter l’effet

Les autorités marocaines vont temporairement subventionner les achats de blé pour faire face à la hausse conjoncturelle des prix du pain

SOUTIEN. Alors que les achats de blé sont libéralisés depuis 1996 au Maroc, les autorités locales ont décidé d’encadrer de nouveau le marché, à titre exceptionnel, pour limiter la hausse du prix du pain consécutive à la flambée des cours de la matière première. L’état va subventionner les achats de blé jusqu’à fin décembre.

L’effet de la hausse du prix de la baguette est à relativiser

Confrontés à la hausse des prix de farine, les boulangers marocains ont dû augmenter le tarif de la baguette. Vendue habituellement 1,20 dirhams (DH, 1 €=11 DH), elle pouvait atteindre 1,50 DH dans certaines boutiques des grandes villes. Les prix ont évolué de manière anarchique pendant une quinzaine de jours. Une situation dénoncée par plusieurs organisations politisées, alors que le Maroc est en période électorale, et qui a généré une mini-polémique. Cependant, l’impact sur l’opinion publique « est à relativiser » selon Yann Lebeau responsable du bureau de France Export Céréales (Fec) à Casablanca, puisque la consommation de pain est limitée pendant le Ramadan. De plus, il reste dans le pays une forte tradition de confection domestique du pain, préparé à partir de farine broyée dans des moulins artisanaux. Ce circuit représente près de 60 % de la consommation. « La perception de la hausse est alors limitée », même si elle est effective.

Pour faire face à cette situation, les autorités, freinées par les élections, sont intervenues « rapidement » en conviant, vendredi 21 septembre, meuniers et boulangers à se réunir pour dégager une solution. Le nouveau gouvernement n’étant pas encore formé, c’est l’ancien qui a géré le dossier. La filière devant affronter une situation jugée exceptionnelle, marquée par la forte tension des cours sur le marché mondial, les autorités ont pris la décision d’encadrer les achats de blés pendant une période limitée. Celle-ci s’étend pour le moment jusqu’à la fin de l’année. L’état va en premier lieu privilégier les ressources nationales. Ce qui suppose avant toute chose que l’office national établisse l’état exact des stocks. Concernant les importations, les achats feront l’objet d’appels d’offres et la compensation gouvernementale se fera sur la base d’un prix rendu à la minoterie de 250 DH/q. Le but étant de sortir de la farine “nue” (hors conditionnement,…) à 350 DH/q pour aboutir à un prix de vente aux boulangers d’environ 360 DH/q. « La subvention directe du marché marocain par l’état devra être d’environ 300 millions de dirhams par mois », estiment les spécialistes de Fec.

Le Maroc devait se manifester aux achats dès ce vendredi 28 septembre, pour un tonnage de 260.000 t. Un volume qui, ajouté aux stocks des minotiers (110.000 t), devrait permettre d’ « assurer la couverture des 40 prochains jours de l’écrasement industriel du pays », indique Yann Lebeau. Cette décision « est le résultat des récentes discussions entre les professionnels du secteur et les pouvoirs publics marocains ». L’office marocain devra ensuite renouveler des appels d’offres mensuels « qui devraient être situés autour de 300.000 t ».

Des perspectives d’exportation incertaines

En dépit de la tension des cours, la France, bénéficiant des accords bilatéraux conclus entre l’UE et le Maroc —qui réservent des droits de douanes avantageux— a continué d’exporter vers cette destination. Dans le cadre de ces accords, l’Union européenne peut lui vendre jusqu’à 1,06 Mt de blé. Les états-Unis, évincés de ce marché depuis 2000, ont recouvré des parts de marchés depuis qu’ils sont liés au Maroc par des accords associatifs. Grâce à cet engagement, ils peuvent prétendre lui fournir jusqu’à 700.000 t de blé par ce biais cette année.

Les besoins du Maroc, dont la récolte a été affectée par la sécheresse, s’élèvent à 3,3 Mt. Même si l’UE et les états-Unis exploitent tout leur potentiel d’exportation dans le cadre des accords, il reste un potentiel de vente supplémentaire dont la France –qui fournit traditionnellement 60 % des blés achetés par le Maroc sur le marché international– pourrait profiter. Tout dépendra des disponibilités et des niveaux des prix affichés par les différents fournisseurs. Quant à savoir qui sera présent, il est bien difficile de le prédire. La France devrait disposer de suffisamment de volumes pour alimenter ce marché. Les états-Unis, compétitifs sur cette destination début septembre, en dépit du haut niveau des coût de fret, pourraient être moins présents sur la seconde partie de campagne. Ils ont en effet déjà engagé une large part de leur surplus exportable. L’Ukraine pourrait vouloir exploiter ce débouché, mais la qualité de leur blé ne convient pas aux boulangers marocains. La marchandise russe, bien acceptée par la filière, pourrait trouver preneur, mais, là encore, on s’interroge sur la capacité d’exportation du pays, Moscou s’apprêtant à appliquer des taxes à l’exportation.

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