Les surfaces sont suffisantes pour produire des agrocarburants, selon l’Onigc
L’Onigc assure que l’objectif d’incorporation de 7% d’agrocarburants en 2010 ne nuirait ni aux besoins alimentaires français ni à l’export
POSSIBLE. L’Organisme national interprofessionnel de gestion des céréales a rendu public une étude montrant que l’objectif français d’incorporation de 7% d’agrocarburants dans les carburants traditionnels à l’horizon 2010 est possible, sans pour autant compromettre les besoins alimentaires du pays, et en conservant même sa capacité exportatrice céréalière. Cette étude, présentée à la presse le 22 novembre, a été réalisée par un comité spécial créé par l’Onigc.
Les coproduits des agrocarburants permettraient un gain de terres
Pour répondre aux objectifs de Bruxelles, les filières devront produire 2.620.000 t de biodiesel et 740.000 t d'éthanol, alors qu'elles n'en produisent respectivement que 70.000 et 230.000 t actuellement.
Atteindre ces niveaux de productions nécessitera selon l'étude la mobilisation de 310.000 ha, toutes cultures confondues (colza, tournesol pour le biodiesel, blé, maïs et betteraves pour le bioéthanol). Une surface qui ne représente que 1 % de la SAU française.
Mais cette hausse des volumes d'agrocarburants s'accompagnera de gain de surfaces importantes, comblant même le besoin pour parvenir aux objectifs bruxellois, selon le Comité Biocarburants et Biomasse. En effet, ce dernier prévoit « de dégager des superficies comprises entre 40.000 et 310.000 ha »* grâce à la substitution partielle des céréales par les coproduits générés (tourteaux, drêches et pulpes) par la production de biocarburants.
L'utilisation d'une partie de la jachère, jusqu'à 400.000 ha, est également envisagée. Finalement, 340.000 ha à 710.000 ha seraient disponibles pour un besoin estimé à 310.000 ha. Pour le Comité, « le développement pourra être assuré par le disponible national en surface, sans modification des systèmes de production, tout en répondant à la demande alimentaire ».
Le Comité Biocarburants et Biomasse, créé par l'Onigc, est composé d'experts des ministères chargés de l'Agriculture et de l'Environnement, des filières grandes cultures (AGPB, AGPM, Fop), des industriels, des syndicats agricoles (FNSEA, CR et Confédération paysanne), des instituts techniques, de l'Inra et de l'Ademe.
La défiscalisation en recul dans la prochaine loi de finance
La baisse de la défiscalisation sur les biocarburants sera finalement présentée au législateur dans le cadre du passage de la loi de finances 2008. Mais après concertation entre les pouvoirs publics et le syndicat majoritaire, le recul ne s'élèvera pas à 7 ou 10 euros, mais sera de l'ordre de 3 ou 4 euros. L’exonération de la taxe intérieure sur la consommation (Tic, ex Tipp) passerait alors de 33 à 29 euros/hl pour l'éthanol, et de 25 à 22 euros/hl pour le biodiesel. Les représentants agricoles ont en outre obtenus des pouvoirs publics une enveloppe de 20 millions d'euros affectés au financement de la recherche sur les carburants de seconde génération. D’ici cinq ans, le fonds devrait disposer de 130 millions d’euros. Malgré la légère inflexion obtenue, la profession reste inquiète. Les syndicats des producteurs des grandes cultures, qui se sont exprimés dans un communiqué le 27 novembre, dénoncent « un revirement inadmissible par rapport aux diverses déclarations du chef de l’état sur la fiscalité des biocarburants, et par rapport aux gréments accordés par les pouvoirs publics en la matière, ayant donné lieu à de lourds investissements industriels ». L’AGPB, l’AGPM et la CGB demandent ainsi que la Commission paritaire revienne sur le vote du Sénat concernant la baisse de l’exonération, « sinon la viabilité économique de la filière bioéthanol, actuellement en phase de démarrage, serait gravement menacée».