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Coop de France
La France sera
pour une agriculture régulée, assure Michel Barnier

Le ministre de l’Agriculture, intervenant lors de l’assemblée générale de Coop de France, a réaffirmé son soutien aux outils de régulation

Ouvrant l’assemblée générale de Coop de France le 29 novembre, le ministre de l’Agriculture Michel Barnier a indiqué que « la France sera offensive » à Bruxelles pour une économie agricole régulée. Il souhaite rendre la Pac « plus responsabilisante », qu’elle ne soit pas seulement fondée sur les aides directes découplées, mais aussi sur des soutiens plus ponctuels, en période de crise notamment.

Des dispositifs de gestion des crises

Michel Barnier a répondu à Philippe Mangin, président de Coop de France, qui, dans son discours, a comparé la Commission européenne aux médecins de Molière : à tous les maux, quels qu’ils soient, un seul remède, la saignée. Aujourd’hui, la Commission, face aux prix bas ou aux prix élevés, « propose toujours l’élimination des organisations de marché ». Les propositions de la Commission sur la Pac « ne permettront pas d’assurer l’indépendance et la sécurité alimentaire de l’UE, parce que les aides directes ne sont pas la réponse à tous les défis que doit relever notre agriculture », a déclaré Michel Barnier. Sa première priorité sera de veiller à ce que les marchés, « par nature instables », soient régulés par « des instruments efficaces ». Sur ce point, « je suis en désaccord avec la Commission, qui estime que les agriculteurs peuvent, avec des aides découplées, répondre aux signaux des marchés ». Il a annoncé qu’il se battra pour « qu’au sein du premier pilier de la Pac, l’on mette en place des dispositifs prenant en compte la volatilité des prix ». Il défendra donc « cette vision d’une économie agricole régulée » à propos de la réforme de l’OCM du vin, et à propos du secteur porcin, pour lequel il a obtenu des restitutions à l’exportation.

Michel Barnier a annoncé également qu’il faudra donner la possibilité aux producteurs et à leur groupements et entreprises de transformation, d’organiser les marchés, sans pour cela tomber sous le coup de la loi des ententes : « Je souhaite, après le dépôt auprès de la Commission du memorandum sur le droit de la concurrence dès la fin de l’année, profiter du bilan de santé pour avancer ».

Sa deuxième priorité sera de consolider les bassins de production « menacés par une libéralisation sans règles ». Il compte soutenir, et ce dans le cadre du premier pilier de la Pac, les productions liées aux territoires : la production laitière en zones de montagne, la production ovine et l’agriculture biologique. Sa troisième priorité sera « une plus grande équité » des aides aux agriculteurs français, le dispositif des références historiques n’étant « pas tenable dans la perspective 2013 », et les producteurs de fruits et légumes n’étant pas dotés de DPU.

Le ministre a été applaudi quand il a déclaré sa « vigilance et sa détermination » à défendre à Bruxelles le statut fiscal des coopératives, attaqué par la Confédération française du commerce de gros. Mais il a provoqué des remous dans l’auditoire quand il a demandé que les salariés des coopératives s’engagent sur des résultats de diminution des intrants vendus aux producteurs.

L’amont ne baissera pas les prix

Dans la table ronde organisée par Coop de France sur le thème “Hausse des prix des matières premières agricoles et impacts sur les relations coopération/grande distribution”, il est apparu clairement que les fournisseurs ne baisseront pas les prix, bien que le vœu du président de la République soit d’accroître le pouvoir d’achat des Français par la baisse des prix des produits. Alain Loustanau, directeur général de Socopa (viande), a indiqué qu’il ne voit pas comment il pourrait diminuer ses prix de vente sans mettre la clé sous la porte. « Nos coûts sont à 60 % dus au prix de l’animal. Si je ne suis pas capable de payer 25 % le porc ou le boeuf à l’abattoir, celui-ci ferme, et si on laisse filer l’élevage, il ne reviendra pas », a-t-il souligné. Le marché de la viande est très sensible à la qualité. À trop vouloir réduire les coûts, on la diminue forcément. Exemple cité : pour avoir une bonne tendreté de la viande, il faut conserver les carcasses quelques jours avant de les découper. Raccourcir les rotations pour réduire les frais risque donc d’altérer la qualité, puis finalement de rétrécir le marché.

Bernard Sargis, directeur général d’Épis-Centre, groupe coopératif céréalier, n’est pas prêt à diminuer le prix du malt. D’autant plus que dans la composition du prix de la bière vient en premier le marketing, puis l’emballage, puis le traitement de l’eau, et enfin le malt.

Quant à Serge Papin, président directeur général de l’enseigne Système U, il ne voit pas comment la grande distribution pourrait « remettre » 2,5 milliards d’euros aux consommateurs : « nous représentons 10 % de la grande distribution, or s’il fallait remettre 250 millions d’euros, ce serait plus que notre résultat net ». « Arrêtons de proclamer la vertu des prix bas, car les prix bas, c’est le chômage », a conclu Denis Verdier, président des vignerons coopérateurs.

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