CLIN D’ŒIL
Frissons
L’ex-vice-président américain, et ancien candidat démocrate à l’élection présidentielle Al Gore, a présenté à nos parlementaires son film intitulé “Une vérité qui dérange”. Une sévère mise en garde sur les graves conséquences du réchauffement climatique qui, sauf sursaut des responsables politiques de la planète, « met en péril dans un futur proche notre civilisation ». Selon Al Gore – et ce, sans parler de la prolifération des armes de destruction massive et des pandémies – tout dépend, dans les dix ans à venir, de la prise de conscience et de la mobilisation des citoyens pour qu’ils fassent pression sur leurs gouvernants… Cela n’empêche pas certains voyagistes, qui ne cessent de se remuer les méninges pour trouver de l’insolite, de proposer un périple en Ukraine avec la visite de… Tchernobyl. Mieux, un séjour dans la ville déserte et irradiée, tout près des restes de la centrale nucléaire ! Frissons garantis pour ces touristes en mal de sensations fortes ! Étrange et d’aussi mauvais goût, cette offre d’excursion d’un tour-opérateur mexicain qui s’adresse aux touristes étrangers, de préférence jeunes, aventuriers et sportifs. Ce qui se comprend, puisque la dite excursion consiste à simuler le franchissement de nuit de la très surveillée frontière américano-mexicaine, en se mettant dans la peau de ces malheureux clandestins, qui risquent souvent leur vie pour tenter de gagner, ce qui leur apparaît comme le paradis. Un parcours du combattant est prévu pour ces étranges touristes qui, moyennant une coquette somme en devises, devront ramper dans la poussière, éviter si possible cactus et sales bestioles, traverser chicanes et toutes sortes d’obstacles. En prime, ils se verront également dépouillés par de faux passeurs, et s’ils se font prendre ils seront même arrêtés par de faux shérifs ! On cauchemarde ! Avec de telles idées, on ne serait pas surpris de voir organiser, par ces tour-opérateurs, des traversées en pirogue entre Sénégal, Mauritanie et îles Canaries, pour vivre au plus près le calvaire des clandestins africains fuyant par milliers la misère. Avec, bien entendu, assurance pour ces touristes nantis, de ne pas mourir – comme eux – de faim, d’épuisement, de soif, d’insolation ou de noyade. Une telle indécence, insulte à la misère, ne donne-t-elle pas, elle aussi des frissons ?