La filière laitière avance pour répondre au décret 3R
Les embouteilleurs de lait et fabricants de yaourts ont intérêt à maximiser le recyclage des bouteilles en PET et pots en polystyrène. Mais leurs efforts seront vains si la matière leur échappe.
Un sondage sur le tri des emballages de produits laitiers a été présenté au symposium * du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière sur l’emballage, le 21 octobre à la Maison du lait (Paris). Les trois quarts des 1 500 répondants, interrogés au printemps 2022, ont estimé être bien informés sur le tri des emballages de produits laitiers.
Pour autant, la moitié a exprimé des doutes sur la poubelle de destination. Il ressort que les briques et bouteilles sont les plus triés des emballages laitiers (80 %), suivies de la crème (73 %), des yaourts, des barquettes de beurre et des sachets de fromage râpé (chacun entre 66 et 68 %). « Les moins de trente-cinq ans se disent un peu moins concernés (que l’ensemble) », s’est étonnée la responsable des études du Cniel, Noëlle Paolo.
Fermer les boucles
Quant au recyclage, les bouteilles de lait en plastique sont recyclées à 62 % et les briques à 57 %, selon Citeo en 2020. Les bouteilles en PEHD fournissent la moitié de cette matière recyclée à d’autres industries, tandis que les bouteilles opaques en PET ont été adaptées à leur principal débouché : les fibres textiles ou de construction.
Les pots de yaourt en polystyrène (PS), qui représentent 70 % des pots de yaourt en plastique, n’ont pas encore de filière de recyclage, mais doivent en disposer en 2025. En effet, le consortium PS25, piloté par Citeo, est en passe d’aboutir en désignant un opérateur du recyclage de dimension européenne. Son établissement promet des usines de recyclage opérationnelles avant 2025, selon Citeo.
Les syndicats du lait (Syndilait) et des produits frais (Syndifrais) se mobilisent pour l’accès aux matériaux recyclés. Le PEHD et le PET ne sont quasiment pas réintégrés dans des bouteilles de lait. Quant au polystyrène, la logique économique veut que d’autres secteurs comme ceux des cosmétiques ou des pneus s’approprient le matériau recyclé.
Dans la feuille de route sectorielle des produits laitiers frais, en préparation pour la transition dans le conditionnement, Syndifrais préconise la mise en place d’un recyclage en boucle fermée du PS entre 2025 et 2040. Patrick Falconnier, directeur général d’Eurial Ultra Frais et président de Syndifrais, a considéré au symposium que les industriels de l’ultrafrais ne voudront pas payer une écocontribution pour une filière dont ils ne profiteront pas. A fortiori, si demain la directive européenne visant à éliminer les plastiques à usage unique venait à imposer un taux de matière recyclée au secteur.
« Rentrer de plus en plus dans les détails [afin d'] augmenter les rendements dans les centres de tri »,
Antoine Robichon, directeur général adjoint de Citeo
Des marques sont déjà à l’initiative de petites boucles. Ainsi, Lactel a signé en 2021 une bouteille constituée à 50 % de PEHD recyclé à partir de bouteilles de lait constituées de ce matériau. Yoplait a conçu en 2020 un pot intégrant du polystyrène recyclé venant de pots de yaourt pour un Panier de fruits Yoplait.
Les 300 laitiers bio d’Eurial sont conditionnés depuis cet été 2022 avec 50 % de polystyrène recyclé. La marque Pâturages d'Agromousquetaires et Natur’Avenir, celle de LSDH, partagent le même fournisseur préformes en PET provenant partiellement de bouteilles de lait recyclées.
Devoir de marques
Au symposium du Cniel, Antoine Robichon, directeur général adjoint de Citeo, a annoncé que les progrès du recyclage nécessitaient désormais de « rentrer de plus en plus dans les détails [afin d’]augmenter les rendements dans les centres de tri ». Il a donné pour exemple les opercules d’aluminium qui restent sur les bouteilles et induisent le rejet de celles-ci.
Pour éduquer les consommateurs, l'information devra être mieux diffusée. « L’information pourra être transmise de façon dématérialisée », a-t-il déclaré en se référant à la loi Agec. Il a estimé que les marques devraient mieux faire pour impliquer les consommateurs.
Selon un sondage pour le Cniel
3 Français sur 4 savent quoi faire des emballages des produits laitiers
Mais 1 sur 2 a des doutes