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« Je calibre la paille et le foin pour optimiser l’alimentation et le confort des vaches »

Maxime Berard, éleveur dans l’Orne, utilise un broyeur haut débit calibrant avec précision près de 400 tonnes de foin et de paille par an pour l’alimentation des bovins et le paillage des logettes. Un matériel rentabilisé en prestation auprès d’autres éleveurs.

« Nous visons un haut niveau de production pour notre troupeau de vaches laitières (40 kg de moyenne), ce qui impose notamment de porter un soin tout particulier à l’alimentation des taries. Pour incorporer un maximum de paille dans leur ration, il nous faut un broyage fin et homogène, que l’on n’arrivait pas à obtenir avec le rotocut, le broyeur sous flèche ou encore l’ensileuse », expose Maxime Berard installé avec son frère Cédric à La Mesnière dans l’Orne. Implantée sur 360 hectares, leur SCEA produit 1,9 million de litres de lait, engraisse une centaine de taurillons et pilote une unité de méthanisation de 500 kW, assistée de 5 salariés. « Le broyeur calibreur est apparu comme la seule solution capable de fournir des brins de taille précise, grâce à son système de grilles de différents diamètres (8 à 150 mm) par lesquelles la paille ou le foin ne peut sortir du broyeur, que lorsqu’elle a atteint la bonne longueur. » Il existe deux matériels de ce type sur le marché. « Nous avons choisi le Teagle Calibrator C12 pour ses capacités routières : il est le seul à offrir l’homologation routière à 40 km/h. », précise Maxime Berard qui a réalisé son investissement dans le cadre d’une seconde société SARL dédiée au matériel et à la prestation de service.

Broyer aussi les céréales et le maïs

« Pour rentabiliser cet achat de près 100 000 euros, les seuls besoins de l’exploitation ne suffisent pas. » Utilisé depuis deux ans, le broyeur affiche environ 800 heures de fonctionnement, dont la moitié réalisée en prestation dans un rayon de 50 kilomètres. « C’est un outil utilisé à toutes les saisons. Rien que sur la ferme, on refait notre stock de paille et de foin broyés tous les 15 jours. Sur l’année, cela représente 120 tonnes de foin et 200 tonnes de paille pour l’alimentation des bovins, mais aussi 75 tonnes de paille pour les logettes. » Afin de valoriser encore davantage les capacités de sa machine, Maxime Berard a récemment opté pour un équipement supplémentaire constitué d’une trémie avec trappe de régulation et de grilles plus fines (3 à 5 mm), qui lui permettra, dès cet été, de broyer des céréales et du maïs grain sec ou humide.

Jusqu’à 15 tonnes de paille broyée à l’heure

Ce broyeur haute capacité impose l’utilisation d’un tracteur de forte puissance. « Les 250 chevaux du John Deere 6R 250 ne sont pas de trop pour avoir un bon débit de chantier. Ça se traduit aussi par une consommation conséquente de GNR, qui se situe en moyenne à 40 litres par heure. Ça peut paraître élevé, mais avec de la belle paille en balle carrée, le broyeur arrive à débiter 12 à 15 tonnes par heure pour faire des brins de 50-60 mm destinés à l’alimentation. En foin, c’est plus difficile à passer, on se limite généralement à 6-7 t/h pour la même longueur de coupe. Et pour la paille des logettes broyée à 8-10 mm, il faut se contenter de 3 à 4 t/h. Dans tous les cas, le débit de chantier est fortement dépendant de la qualité du produit, mais aussi du type de balle, les carrées étant plus faciles à passer. Pour ne pas trop impacter le débit du broyeur, nos balles rondes de foin sont pressées avec une machine équipée d’un rotocut à 13 couteaux. »

Un chantier qui dégage beaucoup de poussière

Dans la mise en œuvre du chantier, le Calibrator C12 impose de disposer d’une zone de stockage de la matière broyée. « Le tapis convoyeur repliable permet de déverser dans une benne ou directement sur le lieu de stockage. La seule contrainte est de ne pas être dans un environnement sensible à l’énorme quantité de poussière générée par le broyeur. On n’a pas encore trouvé de solution efficace pour limiter le phénomène. On a tenté la brumisation d’eau, mais ce n’est pas concluant. En revanche, le tracteur doit être équipé d’un ventilateur Cleanfix pour limiter le colmatage des radiateurs. »

Avant la mise en route du broyage, le choix de la longueur des brins s’effectue en sélectionnant le tamis positionné en-dessous du rotor. « Il coulisse très facilement à l’arrière de la machine, après avoir retiré deux boulons. Le tamis en demi-lune se démonte en deux parties en dévissant des boulons. Avec une boulonneuse, cela prend seulement 10 minutes. »

Une trémie rotative pour réguler l’alimentation du rotor

La botte est chargée dans la trémie rotative au fond de laquelle se situe le broyeur surmonté d’un déflecteur. « On régule l’alimentation du broyeur en ajustant la vitesse de rotation de la trémie depuis le boîtier sans fil. Cela nous permet de travailler seul, en prenant le boîtier dans la cabine de la chargeuse. » Le rotor du broyeur, doté de 56 marteaux traités au bore, tourne à  2 000 tr/min. « Un capteur de couple limite la prise de puissance, en stoppant la rotation de la trémie pour préserver les composants et éviter le calage du tracteur. »

En deux ans d’utilisation, Maxime Berard n’a changé aucune pièce d’usure sur le Calibrator C12. « Je prévois les premiers frais autour de 2 000 à 3 000 heures. Pour cela, il faut éviter au maximum les corps étrangers ou les pierres dans les balles. Dans l’idéal, on presse la paille sans l’andainer », avertit l’éleveur. Dans l’entretien courant, la machine Teagle n’impose qu’un soufflage complet à chaque utilisation et un graissage régulier. « Pour nous faciliter la tâche, j’ai opté pour un système de graissage automatique, qui me paraît indispensable pour les paliers les plus exposés. Quant au système hydraulique entraînant le tapis, c’est rassurant qu’il intègre sa propre centrale équipée d’un refroidisseur. »

 

 

De la paille pour les taries et du foin pour les génisses

 

<p>La ration des vaches taries intègre 4 kg de paille broyée. </p>
La ration des vaches taries intègre 4 kg de paille broyée. © M. Portier
Le calibrage de la paille permet aux éleveurs d’en incorporer 4 kg dans la ration des vaches taries, en plus de 22 kg d’ensilage de maïs, 3 kg de tourteau de colza et un minéral. « On obtient quasiment le même volume que celui de la ration des vaches en production, pour préserver la capacité de la panse, tout en réduisant fortement la quantité brute (29 kg contre 50) et l’énergie, de façon à favoriser le tarissement et limiter les problèmes de vêlage. » La paille est également valorisée pour l’engraissement des taurillons, mais aussi par des clients éleveurs de bovins viande, qui incorporent 1 kg de paille dans leur ration.

 

Les génisses profitent du broyeur avec 3 kg de foin intégrés à leur ration, qui se compose par ailleurs de 22 kg d’ensilage d’herbe, de 4 kg d’enrubannage, de 1,5 kg de maïs épi et d’un minéral. « On arrive à déconcentrer la ration avec une bonne quantité de foin, sans aucun refus, se félicite Maxime Berard. Le broyage d’une trentaine de bottes à la fois permet aussi d’homogénéiser la qualité du foin. J’ai par exemple résolu la problématique d’un éleveur de vaches allaitantes, qui n’arrivait pas à faire manger un lot 80 balles rondes de foin. En les broyant et en y incorporant un peu d’enrubannage, il a réussi à les valoriser. »

Les 400 bovins (laitières et génisses) sont alimentés en une heure par une mélangeuse automotrice. « On a gagné 40 à 45 minutes par jour en supprimant le temps nécessaire pour avaler les balles avec la fraise. Le coût et le temps passé au broyage sont largement rentabilisés par le GNR et les heures d’automotrice économisées à la distribution. »

Quant à la perspective de broyer les céréales dans la machine Teagle, « on aura l’avantage d’avoir des grains pulvérisés et non écrasés. Et avec une ration mélangée contenant de la paille, le risque d’acidose est écarté. »

Moins cher que de la farine de paille

 

 
<p>1 à 1,5 kg de paille broyée par vache est épandu quotidiennement sur les logettes. </p>
1 à 1,5 kg de paille broyée par vache est épandu quotidiennement sur les logettes. © M. Portier
La paille broyée et défibrée est épandue quotidiennement avec de l’asséchant sur les logettes, à hauteur de 1 à 1,5 kg par vache. « Elle a un très bon pouvoir absorbant. On pourrait même en mettre moins, mais on privilégie au maximum la propreté des vaches. Le broyage est avantageux pour des agriculteurs qui ont de la paille. Avec un coût d’environ 75 euros la tonne, il est possible d’économiser une centaine d’euros par rapport à de la farine de paille achetée. »

 

Maxime Berard a aussi broyé pour des éleveurs de volailles. « La machine donne vraiment la possibilité de calibrer la paille en fonction des exigences du client. Le défibrage est également un argument essentiel en volailles. »

Chiffres clés du broyeur calibreur

8 à 150 mm de longueur de brins

3 à 4 t/h de paille broyée à 8-10 mm

10 à 15 t/h de paille broyée à 50-60 mm

6 à 7 t/h de foin broyé à 50-60 mm

250 ch de puissance tracteur

40 l/h de consommation de GNR

100 000 euros HT d’investissement (115 000 euros HT actualisé en juin 2023)

325 euros HT la première heure de broyage en prestation, puis 275 euros les suivantes

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