« Le télégonflage a remplacé le jumelage »
Céréaliers à Leudon-en-Brie (Seine-et-Marne), Sylvain et Kilian Corbedanne ont équipé leurs deux tracteurs de tête du télégonflage uniquement sur les roues arrière. Cet équipement leur permet de respecter les sols tout en disposant d’une solution plus facile d’utilisation que leur précédent jumelage.
Céréaliers à Leudon-en-Brie (Seine-et-Marne), Sylvain et Kilian Corbedanne ont équipé leurs deux tracteurs de tête du télégonflage uniquement sur les roues arrière. Cet équipement leur permet de respecter les sols tout en disposant d’une solution plus facile d’utilisation que leur précédent jumelage.
« Soucieux du respect des sols, nous avons longtemps utilisé le jumelage sur notre tracteur de tête qui tirait un semoir Väderstad Rapid de 6 m de large. Mais avec deux sites distants de 25 km de notre exploitation nous obligeant notamment à emprunter la route nationale 4, cette solution s’avérait particulièrement contraignante. Nous avons alors décidé d’abandonner le jumelage et de remplacer en 2022 nos deux tracteurs de 300 chevaux par deux New Holland T7.315 HD équipés du télégonflage PTG uniquement sur les roues arrière », précise Kilian Corbedanne, salarié au sein de l’exploitation familiale dirigée par son père Sylvain à Leudon-en-Brie (Seine-et-Marne). Avec le jumelage en pneus de 650 mm, l’ancien tracteur mesurait 4,15 m de large. « Pour nous simplifier la tâche, nous avons essayé de circuler en retirant uniquement la roue gauche du jumelage pour réduire le gabarit et en roulant avec celle de droite sur la berme, mais cela ne s’est pas avéré concluant. » Les agriculteurs rencontraient de surcroît des soucis mécaniques avec leur jumelage en raison des trajets routiers. Les jantes fissuraient et une trompette a même cassé sur le tracteur.
Des montes de pneus en fonction des travaux
Le choix du télégonflage s’est inscrit dans une réflexion globale au niveau du semis, conduisant au renouvellement des deux semoirs initialement présents sur l’exploitation. Le Rapid semi-porté de six mètres et le combiné herse rotative - semoir de quatre mètres ont été remplacés par un combiné porté repliable de six mètres. L’arrivée de cet appareil n’obligeait plus à disposer d’un jumelage, car, grâce au report de charge sur le pont arrière, ses besoins en traction sont bien inférieurs à ceux du précédent semi-porté. Les deux New Holland T7.315 HD équipés du télégonflage sont particulièrement bien chaussés avec des Michelin Axiobib 2. Ces pneus intégrant la technologie VF de flancs à très grande flexion, permettent, à charge identique, d’abaisser de 40 % la pression de gonflage par rapport à une carcasse standard (ou de supporter 40 % de charge en plus à pression égale). Le premier T7 HD reçoit à l’arrière des pneus de dimension VF 900/60 R42 et le second, lesté de 500 kg dans chaque roue arrière, dispose de VF 710/75 R42. La différence de montes s’explique par les principaux travaux effectués par chaque tracteur. Les pneus de 900 mm sont principalement dédiés aux semis, tandis que ceux de 710 mm correspondent à la largeur maximale admissible pour le labour en raie.
Pas de télégonflage à l’avant
À l’avant, les deux tracteurs reçoivent des Axiobib 2 VF 620/75 R30. Lors de l’achat, les agriculteurs ont hésité avec la dimension VF 650/65 R34, mais ils se sont rendu compte que les modèles de 620 mm de large affichent, à pression identique, de plus grandes capacités de charge, tout en offrant une empreinte au sol quasi identique. De plus, les pneus moins larges pénalisent moins l’angle de braquage et améliorent ainsi la maniabilité. « Sur les conseils de Baptiste Vasseur, représentant de PTG en France, nous n’avons pas équipé les tracteurs du télégonflage à l’avant. Cela fonctionne d’ailleurs très bien sans, car les outils sont pour la plupart portés. Ainsi, les caractéristiques techniques des pneus avant gonflés à 1,1 bar sont compatibles avec la charge plus importante supportée au champ à 10 km/h avec l’outil abaissé et celle plus faible sur route à 40 km/h avec le matériel relevé. De plus, cette configuration a permis de limiter l’investissement. » Facturé 6 495 euros HT par tracteur (prix tarif au 01/07/2023) en utilisant le compresseur d’origine du tracteur, le télégonflage arrière est invisible, puisque l’alimentation en air et le tuyau de pilotage se trouvent à l’intérieur de la roue. La discrétion du système présente cependant une contrainte, car l’entretoise intégrant le joint tournant mesure 15 cm de large et ne permet pas, avec les pneus de 900 mm, de réduire la largeur hors tout du tracteur à moins de 3,10 mètres. Par conséquent, le T7.315 HD équipé de cette monte n’est pas compatible avec la largeur des ponts-bascules et ne peut donc pas être utilisé pour le transport de la récolte. Ce tracteur ne peut pas non plus être utilisé au labour vu la largeur des pneus.
Dix minutes pour mettre la pression route
La compatibilité Isobus du système de télégonflage permet d’afficher les informations sur le terminal du tracteur et facilite son utilisation. « Grâce à la technologie VF, nous travaillons généralement au champ avec 0,9 bar à l’arrière, aussi bien pour le déchaumage, le labour et le semis. La surface de l’empreinte est impressionnante avec un crampon de plus en contact avec le sol par rapport à un pneu à carcasse standard. Sur la route, nous circulons à 1,8 bar pour limiter l’usure de la bande de roulement et moins consommer de GNR. Le dégonflage est rapide, car le système ouvre les vannes au niveau des valves. Pour regonfler, il faut compter environ 10 minutes avec les pneus de 900 mm et environ 8 minutes avec les modèles de 710 mm, car l’air sous pression est fourni par le compresseur du tracteur. » Le temps pour retrouver la pression haute n’est pas une contrainte pour les agriculteurs, puisqu’ils regonflent généralement sur le chemin avant de rejoindre la route. Pour réduire la durée de gonflage, ils ont opté à l’achat des tracteurs pour le compresseur à haut débit proposé en option par New Holland.
En chiffres
720 ha de SAU
300 ha de blé
155 ha de colza
110 ha d’escourgeon
85 ha de maïs grain
50 ha de betteraves sucrières
20 ha de pois d’hiver
4 tracteurs (2 x 220 ch et 2 x 315 ch)
6 495 euros HT investis dans chaque système de télégonflage (prix tarif au 01/07/2023)
Jusqu’à 0,3 bar de différence entre le soir et le matin
Le fonctionnement du télégonflage est surveillé par l’électronique, afin d’éviter toute erreur. Ainsi, dès que la pression descend en dessous de 0,7 bar, le gonflage s’active automatiquement. Il en est de même lorsque la vitesse dépasse 25 km/h et que le pneu n’est pas à la valeur programmée. Avec la montée en température de l’air dans le pneumatique, la pression de gonflage varie au cours de la journée. « Nous arrêtons le tracteur le soir avec 1,8 bar dans les pneus arrière et le reprenons parfois le lendemain matin avec 1,5 bar. Lors des premiers jours avec le télégonflage, vu cette différence, nous avons pensé à une fuite, mais il s’agit en fait d’un phénomène normal », précise Kilian Corbedanne. En pratique, cette modification de la pression est compensée par le système de télégonflage, qui ajuste en permanence le gonflage, afin de respecter la valeur cible programmée par le chauffeur, à condition d’activer cet automatisme sur le terminal (cadenas à déverrouiller).