Vétérinaire : « Nous proposons aux éleveurs différentes formules de suivis forfaitaires »
La clinique vétérinaire de Monestoy, en Saône-et-Loire, rencontre un certain attrait de la part des éleveurs pour des suivis contractuels forfaitaires. Cette formule donne de la visibilité aux deux parties, et génère une approche de la santé du troupeau basée sur la médecine vétérinaire préventive.
La clinique vétérinaire de Monestoy, en Saône-et-Loire, rencontre un certain attrait de la part des éleveurs pour des suivis contractuels forfaitaires. Cette formule donne de la visibilité aux deux parties, et génère une approche de la santé du troupeau basée sur la médecine vétérinaire préventive.
La contractualisation est un engagement réciproque du vétérinaire et de l’éleveur pour la réalisation d’un ensemble d’actes. L’éleveur règle à échéances fixes une somme définie. La partie programmable du suivi sanitaire permanent, ainsi que tous les suivis technico-sanitaires (reproduction, parasitologie, bâtiment, boiteries…) se prêtent bien à la contractualisation. C’est moins évident a priori d’y intégrer le traitement des urgences et des aléas, mais c’est possible.
« Nous proposons aux éleveurs des suivis depuis quelques années, et entre 10 et 15 % de nos clients sont actuellement en contrat avec la clinique », présente Jocelyn Amiot, vétérinaire à la clinique de Monestoy à Épinac, en Saône-et-Loire. « Cette offre a rencontré une certaine demande de la part d’éleveurs qui souhaitent être davantage accompagnés, surtout ceux qui travaillent seuls et cherchent à développer une approche préventive pour la santé du troupeau. »
Du forfait de base au forfait global
Plusieurs formules ont été définies par la clinique. « Un forfait de base couvre pour l’année les déplacements et les actes. Pour ceux qui veulent davantage d’accompagnement, il est proposé un contrat qui inclut le suivi de l’alimentation et de la reproduction. Dans ce cas, seules les urgences obstétriques sont hors contrat et donc à régler en plus. Le parage préventif, l’audit parasitaire, l’audit du logement leur sont proposés en option avec un tarif préférentiel par rapport aux clients qui ne sont pas en contrat », détaille Jocelyn Amiot.
La clinique propose enfin un forfait global dans lequel tout l’accompagnement technico-économique est compris, ainsi que les césariennes, les retournements de matrice et la chirurgie des veaux (seuls les suppléments de tarif pour interventions de nuit et en week-end sont en sus). « Dans ce cas du forfait global, le tarif est adapté à chaque élevage, car les besoins peuvent varier assez fortement d’un cas à l’autre. »
Les contrats sont tarifés au nombre de femelles mises à la reproduction pour les élevages allaitants (et au litrage de lait en élevage laitier), et le paiement est mensualisé. Ils sont annuels et peuvent être rompus à tout moment par les deux parties.
Du temps pour le travail de prévention sanitaire
« De prime abord, le coût d’un contrat est dissuasif aux yeux des éleveurs. Ensuite, ils font leurs comptes, et ils considèrent cet engagement comme un investissement pour sécuriser les performances du troupeau et leur apporter de la sérénité », explique le vétérinaire. Les éleveurs en contrat ne se posent pas la question de décrocher ou pas leur téléphone à chaque fois qu’ils observent « un truc bizarre sur une vache ou un veau ». Ils savent aussi quand le vétérinaire va passer, et donc qu’ils auront l’occasion d’avoir réponse à leurs interrogations sur des sujets qui ne sont pas graves ni urgents, mais qui les préoccupent. « Surtout, pour tout le travail de prévention, nous prenons le temps qu’il faut pour aborder tous les détails. Tout est systématiquement passé en revue. »
De l’avis des vétérinaires, le travail est plus valorisant, car ils n’arrivent plus que très rarement « en pompier » pour des urgences vitales dans ces élevages. La clinique fait aussi davantage de chirurgie sur les veaux par exemple. L’éleveur n’hésite plus à faire opérer puisque c’est compris dans le forfait.
« C’est une autre façon de travailler avec les éleveurs. Nous passons pas mal de temps ensemble, résume le vétérinaire. Cela nous permet aussi de mieux maîtriser l’organisation de notre temps de travail. » Trois demi-journées par semaine sont dédiées aux éleveurs qui sont en contrat. La clinique de Monestoy rassemble dix vétérinaires, dont huit mixtes qui se consacrent essentiellement à l’activité rurale.
Spécialisation des vétérinaires ou mutualisation des compétences
Aymeric Guillemot vient de publier sa thèse vétérinaire sur « l’articulation des offres de service de soin, de suivi et de conseil en filière bovine allaitante sur le territoire ». « Les propositions de contrat sont, selon les structures vétérinaires, ponctuelles ou bien répétées. Les cabinets de grande taille et ceux travaillant exclusivement en rurale ont une plus grande propension à en proposer aux éleveurs », analyse le vétérinaire. « Pour assurer ces services, les cliniques encouragent la spécialisation de leurs propres vétérinaires, ou bien optent pour la mutualisation des compétences avec des confrères. Il faut en effet aussi conserver une aire géographique couverte de dimension vivable pour ceux qui assurent les urgences, ou bien mettre en place des tournées, du conseil à distance… L’idée de la mutualisation de l’offre de services avec des organismes professionnels agricoles déjà en place sur le territoire est une autre option qui ne fait pas l’unanimité. C’est pourtant un axe intéressant à creuser en particulier dans les zones à risque de rupture du maillage vétérinaire. »