Bien-être des veaux : quels sont les points à améliorer en élevage ?
Observer comment les veaux évoluent dans leur environnement sans les perturber, est riche d’enseignements. Clarisse Frémond, vétérinaire, a installé une caméra dans 25 élevages et mis en évidence plusieurs situations récurrentes.
Observer comment les veaux évoluent dans leur environnement sans les perturber, est riche d’enseignements. Clarisse Frémond, vétérinaire, a installé une caméra dans 25 élevages et mis en évidence plusieurs situations récurrentes.
La réglementation européenne pose le cadre des conditions d’élevage des veaux (surface de vie, apport de fibres par exemple, vie en groupe à partir de 8 semaines). Mais au quotidien, il n’est pas toujours facile d’apprécier si ses animaux sont bien dans leur environnement. « Il faut aller au-delà de la seule bien-traitance, pour s’intéresser au bien-être, en décryptant si les pratiques d’élevage et les conditions de logement permettent aux veaux d’exprimer leur comportement naturel. Pour le savoir, il faut les observer sur une longue période", explique Clarisse Frémond, vétérinaire. Avec une caméra time lapse, on peut les filmer sur 48 heures sans le biais de la présence humaine. Déjà utilisée pour les vaches, cette méthode a été adaptée pour tenir compte des besoins spécifiques des veaux. Dans le cadre de sa thèse au sein de BCEL Ouest, la jeune vétérinaire a installé sa caméra dans 25 élevages et complété ses observations par un suivi des croissances.
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« L’idée est d’en faire un outil pédagogique, qui peut être utilisé par un éleveur ou un technicien pour faire un point sur les cinq piliers du bien-être", souligne-t-elle. Ainsi, les audits ont montré des points à améliorer pour la distribution de lait. « Les éleveurs donnent une ou deux buvées par jour, le plus souvent au seau. Cela ne permet pas aux veaux d’assouvir leur besoin de succion, souligne la vétérinaire. Du coup, on observe des succions entre animaux. Même si c’est plus exigeant en nettoyage, on peut contenir ce problème en utilisant des seaux à tétine ».
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Les seaux sont souvent trop bas par rapport à la position physiologique de tétée. « Il faudrait avoir l’encolure vers le haut pour la buvée et vers le bas pour la consommation de fibres ». Pour les râteliers, il faut qu’ils soient suffisamment grands pour que les animaux puissent manger ensemble. « Nous avons constaté un effet d’imitation. Quand un veau en voit un autre, ou même une vache adulte, manger, ça l’incite à le faire. Ce qui améliore sa consommation solide et facilite le sevrage ».
Favoriser les contacts limite le stress
En plus des conditions matérielles, les échanges que peuvent avoir les animaux sont primordiaux. Les veaux sont curieux par nature. « S’il n’y a pas de courant d’air, on peut laisser la porte de la nurserie ouverte. Les veaux voient du passage, s’habituent à différents bruits ». Les veaux qui ont suffisamment de contacts avec leurs congénères mais aussi leurs éleveurs sont moins stressés. « Ils ont appris les codes sociaux et auront des comportements plus stables, souligne la vétérinaire. À tout âge, l’isolement est un facteur de stress. Il faut trouver un équilibre entre le besoin de contacts et le sanitaire ».
A savoir
Pour respecter le bien-être de ses animaux, il faut veiller à cinq piliers fondamentaux. Les veaux doivent être nourris et abreuvés correctement, disposer d’un logement adapté, être indemnes de douleurs, blessures et maladies, ne subir ni peur ni stress, et pouvoir exprimer les comportements normaux de leur espèce.