Un cinéma itinérant pour nos campagnes
Pour divertir les habitants des communes rurales et leur permettre de profiter des dernières sorties cinématographiques, l’association Cinévasion fait son cinéma dans 14 communes de Haute-Loire.
Il est 16h. À St Paulien, dans la salle de cinéma du Chomeil, quelques bénévoles s’activent pour préparer la projection du soir, le film «Nos batailles» dont la sortie nationale date du 3 octobre. Le chauffage de la salle est enclenché, la billetterie manuelle est prête à fonctionner tandis que le matériel de projection a été installé quelques heures plus tôt par l’un des deux salariés de l’association Cinévasion. Il ne manque plus que les spectateurs !
Depuis 1982, l’association Cinévasion s’emploie à diffuser des films dans des communes rurales éloignées de plus de 15 km d’une salle de cinéma fixe. Pour cela, elle s’appuie sur un réseau de bénévoles eux-mêmes structurés en associations locales. Cinévasion est né suite à la volonté de l’État de développer le cinéma en milieu rural dans les années 1980. Une quinzaine de communes se sont à l’époque montrées intéressées. Aujourd’hui, Cinévasion dispose de 14 points de diffusion aux 4 coins de la Haute-Loire.
Dans la majorité des cas, les films sont diffusés grâce au matériel de projection de l’association sauf dans certaines communes comme Retournac qui s’est équipée de son propre matériel.
Cinévasion dispose de 4 jeux d’appareils numériques professionnels du cinéma. Quant aux films, ils ne sont plus livrés par les distributeurs (Paramount, Walt Disney...) sous la forme de bobines mais sous la forme de disques durs (DCP-Digital Cinema Package).
Des bobines aux DCP
La diffusion des films cinématographiques étant un domaine très réglementé, «les films que nous recevons sous la forme de DCP ne sont pas diffusables en dehors de dates précises de projection. Des clés de lecture (KDM) nous sont envoyées au moment opportun afin de déverrouiller les films. Ceci pour éviter les piratages de films» explique le président de Cinévasion Gérard Berger.
Cinévasion projette des films récents, quatre semaines après leur sortie nationale et établit sa programmation tous les 2 mois. «Nous proposons 6 films par tranche de 3 semaines». Drames, comédies, films d’animations, documentaires... il y en a pour tous les goûts. Et pour coller au mieux aux souhaits des spectateurs, les bénévoles de chaque point de projection font remonter les choix des spectateurs à l’association Cinévasion.
Les séances démarrent habituellement entre 20h et 21h. Les bénévoles assurent la billeterie (encore manuelle) et ont en charge de remplir le bordereau du suivi des entrées à transmettre aux distributeurs des films et au CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée).
Pendant la projection, le règlement est strict, le CNC prévoit la présence de 3 bénévoles sans billet dans la salle : l’ouvreur, la personne qui place les spectateurs et le projectionniste.
Cinévasion classée “Art et essai”
Cinévasion propose parfois des animations (débats, expositions, marchés...) en lien avec la thématique de certains films ou documentaires, ce qui lui vaut d’être régulièrement classée «Art et essai» par le CNC.
Les projections se font généralement dans des salles polyvalentes avec des conforts très variables selon les secteurs. «Mais de plus en plus de communes améliorent le confort de leur salle de cinéma, et lorsque le son est jugé insuffisant l’association installe sa propre sono. À la belle saison, Cinévasion organise des séances en plein air avec l’autorisation du CNC ou bien des séances plein air plus commerciales (pour des privés ou entreprises - prestation comprise entre 1200 et 1500 €). Des séances sont parfois réservées aux scolaires.
Apporter le cinéma dans nos campagnes, telle est la mission de Cinévasion. «La Haute-Loire a le réseau routier le plus haut de France (en altitude). Diffuser des films au plus près des spectateurs est un moyen d’éviter des déplacements, notamment lorsque les conditions météorologiques ne sont pas favorables» explique le président.
Le cinéma itinérant de Cinévasion séduit les ruraux qui sont entre 22 000 et 25 000 à se rendre dans les salles obscures chaque année.
Gérard Berger espère pouvoir continuer à proposer cette activité le plus longtemps possible. Le principal souci étant d’ordre financier, le président appréhende par exemple le moment où il faudra renouveler le matériel de projection très onéreux. «L’association ne pourra pas faire face à cette dépense. Nous espérons alors obtenir l’aide des collectivités» souligne Gérard Berger qui souhaite qu’une seule structure départementale de cinéma itinérant existe dans notre département, ce pour une meilleure visibilité et une meilleure viabilité dans le temps.