Nicolas Sarkozy : "j'ai décidé de m'engager à vos côtés sur le long terme"
Le Président de la République s'est rendu la semaine dernière, sur une exploitation ovine conduite en bio das a vallée du Jabron dans les Alpes de Haute Provence. L'exemple d'une exploitation qui ne pourrait pas survivre sans les aides européennes. Nicolas Sarkozy a rassuré les éleveurs sur la pérennité des aides européennes, tout en incitant largement la filière à s'organiser…
La vallée du Jabron est située dans cette Provence montagneuse où l’élevage ovin permet d’assurer encore une présence agricole précieuse tant pour la gestion des espaces naturels que pour le maintien du tissu rural. La ferme d’Arlette Martin, éleveuse bio des Alpes de Haute Provence, très retirée, est l’exemple type de ces exploitations de montagne qui ne pourraient pas survivre sans les aides européennes.
Les aides justement, il en a été beaucoup question lors de la table ronde sur le développement de l’élevage en montagne. Serge Prévereau, président de la FNO et Emmanuel Coste, président d’INTERBEV ovins, se sont interrogés sur leur pérennité. Après avoir fait valoir que le revenu ovin va doubler grâce « à une mesure difficile » qu’il assume, face à « des céréaliers pas contents », le président de la République a rassuré la profession : « Les éleveurs ovins sont ceux pour qui les aides européennes sont les plus importantes par rapport au revenu. Il n’est donc pas question que celles-ci s’arrêtent. L’ICHN et la prime à l’herbe s’appliqueront jusqu’en 2014 ; elles sont en quelque sorte sanctuarisées ; après ce sera à vous de faire votre travail ». Les organisations professionnelles sont quelque peu restées sur leur faim car elles auraient aimé avoir une vision au-delà de 2014.
Nicolas Sarkozy a beaucoup insisté sur l’organisation des filières et la contractualisation.
«Les filières qui s’organiseront, nous les aiderons d’autant plus »
« Renforcez-vous, a t-il plaidé, ne restez pas isolés ! » et de donner en exemple et féliciter fortement la filière ovine qui « s’est restructurée, elle, de façon exemplaire ». D’ailleurs, les filières qui s’organiseront, « nous les aiderons d’autant plus ». C’est une des conditions de leur survie lors des négociations commerciales. « L’essentiel de votre production part chez les clients que sont les 5 grands distributeurs. Face à eux, si vous êtes des milliers, ne dites pas ensuite que l’on ne peut pas négocier et que vous vous sentez faible ! » ; et d’inciter chacun à instaurer « un rapport de confiance ». Puis, le politique reprenant le dessus, il lance : « démonter une grande surface soulage le tempérament mais n’amène à rien ».
Tout naturellement, pour le Président de la République, cette restructuration et ce climat de confiance, doivent conduire à une contractualisation : « une façon de vous donner un peu de temps et d’entrer dans un système gagnant/gagnant ».
C’est aussi cette contractualisation qui peut inverser une tendance : nous produisons moins de 50% de la viande ovine que nous consommons et l’objectif est donc de faire baisser les importations. « Nous avons là un marché fantastique ». Emmanuel Coste s’est inquiété du contenu de l’accord de contractualisation qui sera signé fin 2010 : « Si nous ne pouvons pas discuter du prix entre nous, compte tenu de ce qui se passe, on va droit dans le mur. Que va dire Bruxelles ? Quelles garanties avons-nous ? ». Nicolas Sarkozy : « Il est évident que l’on ne peut traiter le secteur économique agricole comme un cartel de l’acier ! C’est une question de bon sens. Mais si nous ne nous occupons pas de ce point, Bruxelles réagira mal. Il faut dépoussiérer tout cela, ce n’est pas gagné d’avance ». Faisant allusion à la dérégulation des prix, il a annoncé que lors de la future présidence du G20, la France essayerait de mettre en place un système de régulation des matières premières agricoles. Ce sont des propos volontaristes qu’a tenu le chef de l’Etat quant aux négociations qui préparent 2013. « Je ne vous laisserai pas tomber ; dites aux jeunes qu’il y a un avenir dans l’agriculture » a t-il conclu.