Lait
“Ne soyez pas dupes, les entreprises peuvent vous lâcher”
Yannick Fialip propose aux producteurs qui vendent leur lait à une entreprise privée de se regrouper pour confier la négociation de leur contrat à une seule Organisation de Producteurs.
Au printemps 2011, les entreprises laitières proposeront à chaque producteur un contrat qui entre dans le cadre des décrets nationaux. Si le statut de la coopération protège les coopérateurs de l’arrêt de collecte car ils détiennent des parts sociales, il n’en est rien des producteurs qui livrent leur lait à des entreprises privées. « Livrer son lait » est une expression que nous devons d’ailleurs bannir, car avec la contractualisation les producteurs ont l’opportunité de redevenir des Vendeurs de lait. Chaque producteur va donc se voir proposer un contrat pour l’achat de son lait. Mais, est-il capable de négocier individuellement avec son entreprises :
- les conditions de collecte (accès au tank, le lait dans le camion de collecte est-il propriété du producteur ou de l’entreprise…),
- les modalités de détermination du prix (recommandation interprofessionnelle ? accord sur le paiement du lait à la qualité ? négociation de primes qualité...),
- l’orientation de sa production (rien n’empêche une entreprise de ne proposer à un producteur qu’un contrat avec un cahier des charges très précis car il est sur une zone où les autres producteurs ont fait le choix de répondre à ce cahier des charges),
- les évènements qui peuvent amener l’entreprise à rompre le contrats (conditions de qualité minimum, de volume journalier minimum…) et les conditions de rupture du contrat (préavis…),
- qui établit la facture pour le paiement du lait ? Rappelons que la législation française est claire. Le vendeur délivre une facture à l’acheteur...
L’avenir de la négociation avec les entreprises passera par là. Une partie de celle-ci continuera à avoir lieu à Paris et dans les capitales régionales pour fixer la recommandation sur le prix mais la nouveauté est qu’une autre négociation interviendra désormais dans les cours de fermes. Certains ont peut-être la chance d’avoir des connaissances et des capacités juridiques assez poussées pour ne pas signer du vent. Cependant sont-ils assez forts ? A titre d’information, le chiffre d’affaire moyen d’un producteur qui vend son lait à Lactalis est 96 000 fois inférieur à celui du groupe Lactalis. Alors, pour un grand groupe laitier, se passer de quelques producteurs n’est pas une pénalité, c’est peut-être même une opportunité si ces producteurs sont du Massif central. Se retrouver sans collecteur est dramatique pour un producteur. Demandez aux ex-producteurs de l’URCVL comment il peut être dur de traverser ces moments là !
Négociation des contrats confiée à une seule et même Organisation de Producteurs
Nous n’accepterons pas qu’un producteur, s’il n’en fait pas le choix, puisse se retrouver seul fasse à l’entreprise, dans le cadre de l’écriture de son contrat. Aussi nous proposons aux producteurs du Massif central qui vendent leur lait à une laiterie privée de se regrouper et de confier ensemble la négociation de leur contrat à une seule est même Organisation de Producteurs. Celle-ci intégrera des représentants de la Coopération Laitière pour que cette dernière applique au minimum les conditions négociées dans les contrats privés. Elle se dotera des compétences techniques et juridiques appropriées. Elle aura l’avantage du poids du collectif.
Nous construisons actuellement le schéma de cette organisation qui dépend de l’écriture des textes de lois toujours attendus. Les modalités pratiques de cette organisation sont peu à peu fixées et dépendent des remontés constructives (attentes, questions, craintes…) que vous, producteurs de lait, pouvez nous faire. Aussi, n’hésitez pas à vous rapprocher de vos responsables syndicaux locaux pour leur faire part de vos interrogations. Construire un outils dans lequel tous se retrouvent demande que chacun s’exprime. Nous programmons aussi d’organiser durant tout l’hiver et sur l’ensemble du Massif central des rencontres locales (communes et/ou cantons) où Tous les producteurs de lait sont invités à participer.
Une chose est sûre, si nous ne sommes pas capables de nous regrouper pour peser collectivement, bon nombre de producteurs de lait du Massif central seront contraints de changer de production dans les années à venir.