Les éleveurs de porcs touchent le fond
Des cours du porc de nouveau en baisse et des charges alimentaires à la hausse, la production porcine qui a subi une grave crise en 2007-2008, après une année stable en 2009, replonge dans une conjoncture catastrophique. Réunis en section FDSEA le 25 octobre dernier, les éleveurs vont organiser une table ronde départementale sur la filière, la "réunion de la dernière chance".
«Nous sommes au fond du trou» cette phrase de Maurice Imbert, président de la section porcine FDSEA, résume parfaitement la situation dans laquelle se trouvent plonger les éleveurs de porcs de notre département.
Réunis en section le 25 octobre dernier au Puy, les éleveurs de porcs ont fait le point sur la conjoncture porcine catastrophique.
Le scénario catastrophe de 2008 se reproduit
«La crise porcine de 2007-2008 pèse toujours sur les exploitations à travers le remboursement de prêts souscrits en 2009 pour passer la crise. 2009 a été une année de répit avec un retour à l’équilibre des comptes dans les fermes. Malheureusement cette accalmie n’a été que de courte durée car depuis les mois de juin et juillet 2010, le scénario catastrophe de 2008 se reproduit» explique Maurice Imbert.
En effet, depuis la fin du printemps, les éleveurs de porcs doivent faire fasse à deux évolutions négatives : une forte hausse du coût des matières premières et une baisse du prix au cadran.
«Avec l’augmentation du prix des céréales, un porc nous coûte en moyenne 20 euros de plus à produire qu’au printemps 2010. Quant au prix du porc, il n’est plus qu’à 1,17 euros contre 1,30 en 2009» souligne Maurice Imbert.
Pour un élevage naisseur-engraisseur de 100 truies, la perte consécutive à la hausse des charges alimentaires s’élève à 2500 euros par mois et à 2000 euros pour la perte liée à la baisse des cours. Pour ce même élevage, la perte de trésorerie globale s’élève donc à 4500 euros par mois (voir encadré ci-dessous).
Une perte sèche qui pèse très lourdement sur les exploitations. D’autant que cette fois-ci, Maurice Imbert juge irresponsable de proposer de nouveaux prêts de trésorerie, les remboursements des prêts de 2009 étant en cours.
Dans ce contexte très défavorable qui pourrait provoquer des arrêts d’activité parmi les éleveurs, la section porcine de la FDSEA a interpellé le Préfet de Haute-Loire le 29 septembre dernier.
Maurice Imbert résume les grands points de cette rencontre : «Nous l’avons mis en garde sur les dangers de voir disparaître non seulement les éleveurs spécialisés en porcs mais aussi la centaine d’exploitations fragilisées par l’arrêt de leur atelier porc et bien sûr, à terme, la fermeture des abattoirs de notre département affaiblis par l’absence des volumes porcins. Monsieur le Préfet nous a écoutés et nous a proposés l’organisation d’une table ronde départementale sur la filière porcine. Il nous a confié la mission d’organiser cette rencontre en partenariat avec l’administration (DDT)».
Répercuter la hausse des charges sur les prix de vente
Ce temps d’échange mettra autour d’une table des producteurs représentatifs des différentes organisations professionnelles porcines du département, les représentants des abattoirs, les salaisonniers, les distributeurs, la boucherie traditionnelle, les associations de consommateurs ainsi que les médias locaux.
«Aujourd’hui, notre seul espoir réside dans la possibilité de répercuter la hausse de nos charges sur nos prix de vente.
Cette table ronde permettra de susciter une prise de conscience chez les différents acteurs de la filière, sur l’urgence et la nécessité d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Nous devons absolument communiquer sur le rôle important des producteurs locaux et faire en sorte de valoriser notre production locale. Le consommateur altiligérien tient à consommer local et les distributeurs l’ont bien compris puisqu’ils en ont fait leur fonds de commerce. Consciente de l’activité économique générée par la production porcine (700 emplois en Haute-loire), l’administration se monte préoccupée par la santé économique des producteurs de porcs.
La réunion de la dernière chance
Tous les éleveurs s’accordent à dire que la démarche «Le porc de Haute-Loire» est la solution ; les distributeurs partenaires y trouvent entière satisfaction cependant elle demande à être renforcée en terme de volume. Nous devons par ailleurs communiquer auprès des consommateurs à qui revient le choix final au moment de l’achat» explique Maurice Imbert.
Et de conclure : «Cette table ronde est la réunion de la dernière chance. Chaque jour qui passe est un jour de trop».
Pertes en chiffres
Pour un élevage naisseur-engraisseur de 100 truies :
- Consommation mensuelle de l’élevage : 50 à 60 tonnes d’aliment
- Coût supplémentaire lié à la hausse du prix des céréales : +50 euros/tonne soit une perte de 2500 euros
- Perte liée à la baisse du prix du cadran : - 10 à -12 centimes d’euros par porc soit 2000 euros de perte en produit
- Perte totale mensuelle :
- 4500 euros