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Environnement
Les débats sur l’eau sont loin d’être tranchés

Partisans de la création de ressources nouvelles en eau ou de la gestion de la pénurie : les débats sur l’eau opposent grosso modo les agriculteurs et les associations écologiques.

La table ronde « Quel avenir pour l’eau dans le Sud-Ouest ? » a été organisée lors du Salon international de l’agriculture durable, le 4 juin, à Agen.
La table ronde « Quel avenir pour l’eau dans le Sud-Ouest ? » a été organisée lors du Salon international de l’agriculture durable, le 4 juin, à Agen.
© D.R.

La problématique de l’eau est loin de s’estomper dans le monde entier, comme en Europe et en France. La table ronde « Quel avenir pour l’eau dans le Sud-Ouest ? » organisée lors du Salon international de l’agriculture durable (Siad) qui s’est tenue, le 4 juin, à Agen, en est la parfaite illustration. C’est que les enjeux de l’eau sont fondamentaux et la concurrence entre les différents usages est de plus en plus prégnante en raison de l’accroissement de la population mondiale. L’agriculture qui nourrit les populations est en première ligne : elle est responsable de 75 % des prélèvements en eau pour l’irrigation et celle-ci est souvent polluée par des pratiques agricoles peu respectueuses de l’environnement.

 

Cette problématique ne va guère s’arranger à terme, à cause du réchauffement climatique, selon Jean-François Donzier, directeur de l’Office international de l’eau. La fonte des glaciers aura un impact négatif sur le débit des fleuves au delà de l’horizon 2050, poursuit-il. A cette époque, on assistera certainement à des occurrences plus fréquentes des inondations et une aggravation de leurs dégâts. Ainsi que davantage de sécheresses sur le pourtour méditerranéen notamment. Conclusion de Jean-François Donzier : « L’eau facile, c’est fini, il faudra s’adapter ».

 

Son analyse est confortée par Bernard Itier, chercheur à l’Institut national de recherches agronomiques. « Il tombera 100 à 150 mm d’eau en moins dans le bassin de la Garonne » à partir de 2020, prévient-il. Ce qui aggravera la compétition entre les différents usages de l’eau, y compris l’agriculture. « Il y aura certainement moins d’eau pour l’irrigation », pronostique-t-il avant de s’interroger sur l’avenir de la culture du maïs dans le Sud-Ouest, la nécessité de développer la culture du sorgho moins gourmande en eau et d’augmenter les cultures d’hiver qui échapperont à la sécheresse, l’été.

 

Diagnostic non partagé

Ce scénario catastrophe n’est pas partagé par Jean-François Berthoumieu, directeur de l’Association de climatologie de Moyenne-Garonne. Certes il ne conteste pas le réchauffement climatique qui était attribué aux tâches solaires, il y a cinquante ans, dont les gaz à effet de serre sont rendus responsables aujourd’hui. Mais il observe que sur une très longue période, la ressource en eau est restée relativement constante, mais avec une forte variabilité selon les périodes. Sa conclusion est différente : « L’eau est autant disponible, mais elle est plus variable ». Ce qui induit d’autres préconisations : stocker l’eau quand elle est abondante, voire réalimenter les nappes souterraines si besoin.

 

Le directeur de l’Agence de l’eau Adour Garonne, Marc Abadie, est prêt à aller dans ce sens. L’Agence qui a financé le stockage de 500 millions de m3 d’eau depuis 25 ans est prête à proposer un nouveau programme de 100 millions de m3 supplémentaires. Tout en mettant l’accent sur les difficultés et les arbitrages à réaliser entre les différents usagers de l’eau. Jean-Luc Capes, vice-président de la chambre d’agriculture d’Aquitaine, a plaidé en ce sens. Mais il déplore que le climat actuel est plutôt à « serrer la vis », plutôt qu’à « créer de nouvelles ressources », sous l’influence des mouvements écologiques. Comme le prouve la question cruciale des autorisations de prélèvement pour l’irrigation. Elle laisse présager des réductions importantes des volumes attribuées à l’agriculture. Notamment dans le bassin de l’Adour et de la Garonne pour respecter la loi sur l’eau. Et cela dès cet été. C’est dans un tel schéma que s’inscrit Jean-François Donzier quand il évoque « une pénurie structurelle de l’eau dans le Sud-Ouest » et « notre capacité limitée à faire de nouvelles réserves ». Pour privilégier « une gestion plus optimale de l’eau » entre les différents usages, la réduction des fuites dans les réseaux et le recyclage des eaux usées. Le débat est loin d’être terminé.

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