Les acteurs qui ont sauvé la filière laitière face aux 104 producteurs de Saugues
Élus et responsables professionnels du département étaient réunis vendredi 7 janvier à Saugues face aux 104 producteurs laitiers du secteur qui viennent d'être repris par SODIAAL. Une réunion pour redire combien ce dossier était important voire crucial pour la collecte départementale.
Les 104 producteurs laitiers en contrat avec l’URCVL jusqu’au 31 décembre 2010, étaient invités ce vendredi 7 janvier au centre culturel de Saugues pour refaire un point sur l’ensemble du dossier URCVL et pour «officialiser» la dernière étape et la victoire finale.
Ils étaient tous là pour dire, selon les termes de Paul Bastide Maire de Saugues, qu’ils ont «évité une catastrophe économique, et une catastrophe humaine…». La tribune n’était pas assez large pour accueillir le Ministre des Affaires Européennes Laurent Wauquiez, les élus : Jean Proriol député, Adrien Gouteyron et Jean Boyer sénateurs, le président du Conseil Général Gérard Roche, Serge Mouchet le conseiller général du secteur et plusieurs maires, et les responsables professionnels : Gilbert Bros et Laurent Duplomb pour la Chambre d’Agriculture, Yannick Fialip et Jean-Michel Durand pour la FDSEA ou encore Jean-Julien Deygas pour les JA43 sans oublier leurs représentants locaux.
Laurent Duplomb a repris tout l’historique, sur 18 mois, d’un dossier aux multiples rebondissements qui au départ concernait 800 producteurs sur le département pour 140 millions de litres de lait. Nous ne reviendrons pas sur ces étapes qui ont largement été détaillées dans nos colonnes à chaque palier franchi, si ce n’est pour souligner l’important travail qui a été fourni, chacun en leur temps et pour des phases clés, par les deux Laurent, Wauquiez et Duplomb, Gilbert Bros ou Yannick Fialip, les parlementaires, ou encore Gérard Roche. Comme l’a souligné Serge Mouchet; «ce dossier, on l’a tous pris à bras le corps».
Pour Laurent Wauquiez, l’essentiel dans ce dossier, c’est d’avoir gagné une bataille qui «initialement était perdue», c’est d’avoir sauver la collecte laitière sur Saugues mais également sur toute la Haute-Loire. Car pour lui, «la Haute-Loire, c’est un ensemble».
Laurent Duplomb, soulagé de voir la fin de ce lourd dossier, a précisé devant les producteurs de lait sauguains, que depuis mercredi dernier, SODIAAL a officiellement voté la reprise au 1er avril des 104 producteurs. Jusqu’en avril, ils seront encore payés par l’URCVL, mais SODIAAL s’est engagé à gérer la fin de campagne et dès la prochaine campagne laitière, ces producteurs seront coopérateurs chez SODIAAL.
Des questions en suspens
Alors, bien sûr, il reste encore quelques questions à régler comme l’a souligné Grégory Besse président des JA de Saugues, après avoir sincèrement remercié tous ceux qui ont oeuvré pour voir aboutir le dossier. Il reste notamment à s’intéresser au devenir des petits producteurs qui sont orientés vers une cessation laitière, la bourse d’échange, voire une reconversion. On a bien senti la détresse de Mme Coufort qui à 56 ans, avec un petit quota de 60 000 litres de lait ne trouve pas son compte si elle passe par la bourse d’échange. Elle s’interroge, désabusée, sur la place des petites exploitations qui selon elle n’intéressent personne, même si elle participe à la vie rurale. Et d’implorer élus et responsables professionnels : «Je veux que l’on me laisse continuer d’exercer mon métier, être agricultrice et traire mes vaches».
Tout particulièrement interpellé, Gilbert Bros n’a pas caché qu’il n’est plus aujourd’hui rentable de collecter des petits quotas. Yannick Fialip le rejoint en chiffres : «avec une livraison de 200 litres tous les deux jours, le coût de la collecte est équivalent au chiffe d’affaire soit 60 euros. Et il faut encore rajouter dans les charges, les coûts d’analyses et autres frais fixes inhérents». Gilbert Bros, donc, insiste tout particulièrement sur l’indispensable nécessité d’avoir sur notre département, une production laitière dynamique pour faire face à l’après quotas en 2014 et pour conserver nos usines de transformation. «Via lacta perd de l’argent - 2 millions d’euros par an - par ce qu’elle n’a pas assez de volumes».
Pour Yannick Fialip aussi l’avenir passe par la performance économique de nos exploitations, et par la différenciation de notre lait à travers une marque «montagne».
Alors que Gilbert Bros soulignait qu’à travers cette opération, on a finalement redécoupé toute la collecte laitière de Haute-Loire, le mot de la fin revenait à Laurent Wauquiez qui a souligné une fois de plus la mobilisation de tous sur un dossier départemental crucial.