Le préfet aux champs
Visite du préfet sur terrain Pour mieux appréhender la cause agricole, le préfet Christian Chocquet a visité l’exploitation du Gaec de Villechabut sur la commune d’Ajain.
C’est en toute simplicité que le préfet Christian Chocquet s’est rendu sur l’exploitation de Stéphane et Bernard Moreau, une visite qui s’inscrit dans une démarche de rencontre avec le monde agricole, mais aussi l’occasion d’évoquer les problèmes majeurs que rencontre la profession. Nouvelle réforme de la PAC, baisses des soutiens aux agriculteurs, problème des nuisibles et dernièrement le dossier des zones vulnérables, les sujets de préoccupation ne manquent pas chez les agriculteurs.
Entamant le tour du propriétaire par la visite des différents bâtiments et d’une discussion autour des modes de production et des méthodes d’élevage, Stéphane Moreau n’a pas manqué de l’interpeller sur ces différents sujets et notamment sur les bâtiments d’élevage. Alors que son bâtiment à peine terminé en ce début d’année, pouvant loger une centaine d’animaux dont le coût représente un investissement de 300 000 euros, avec une couverture en panneaux photovoltaïques, Stéphane Moreau souligne : « voyez ce bâtiment, sur le montant total de mon investissement, la part de la subvention représente à peine 6,6 % soit 20 000 euros, de quoi freiner de nouveaux investissements ! ».
Puis, en abordant la commercialisation de leurs animaux par l’intermédiaire de CCBE, et les marchés de la viande bovine en plein marasme, l’ancien président de Jeunes Agriculteurs de Creuse n’a pas manqué d’indiquer que la situation devenait de plus en plus catastrophique, d’autant plus à l’approche de la période de vente des broutards. « Les éleveurs sont étranglés d’une part, par la chute des cours et d’autre part, par le poids des charges qui ne cesse de croître… Un effet ciseaux qui met à mal non seulement la trésorerie des exploitants, mais la pérennité même des exploitations ».
Au fil de la visite de l’exploitation Stéphane Moreau profite d’une halte devant un étang pour signifier au préfet les conséquences de l’application de la directive « nitrates » avec l’extension des zones vulnérables sur une quarantaine de communes du département. Un dossier qui n’a pas fini d’échauffer les esprits, tant les contraintes sont lourdes pour les agriculteurs.
Pour le préfet Christian Chocquet, « il s’agit d’une directive européenne pour laquelle la France doit se mettre en conformité. La façon d’appréhender la pollution des eaux a changé, auparavant on mesurait les taux de nitrates sur certains lieux et maintenant le raisonnement porte sur les bassins versants. Même si la carte émise à ce jour sera difficile à faire évoluer en supprimant des communes, nous devons travailler ensemble pour atténuer ses effets auprès des agriculteurs. Même si certaines pratiques agricoles sont à revoir parmi les agriculteurs concernés, nous devons mettre en face des moyens de les aider, mais il faut trouver un équilibre entre l’environnement et l’économie ».
Le préfet souhaite mettre en œuvre des réunions de concertation avec les différents acteurs pour faire « le point sur chacune des zones concernées et accompagner les agriculteurs, afin que personne ne se retrouve seul face à la réglementation ».