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"La production doit faire aliance avec l'aval"

Deux ingénieurs généraux du Ministère de l'Agriculture ont rendu leur étude sur l'agriculture de Haute-Loire et son avenir. Conduite durant plusieurs mois, les grandes lignes de cette analyse ont été divulguées lors de la dernière session de la Chambre d'Agriculture le 29 avril.

Jean-Yves Dupré et André Nil du CGAAER sont intervenus le 29 avril au Puy.
Jean-Yves Dupré et André Nil du CGAAER sont intervenus le 29 avril au Puy.
© HLP

Jean-Yves Dupré et André Nil, les deux ingénieurs du conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) ont terminé la mission de réfléxion qui leur avait été confiée sur l’avenir de l’agriculture de notre département. Ces deux experts avaient déjà quelques connaissances sur notre agriculture puisqu’ils avaient été amenés à intervenir sur l’épineux dossier de l’URCVL en 2009. Les résultats de cette étude demandée par les professionnels de Haute-Loire et le Ministre Laurent Wauquiez, ont été présentés à l’occasion de la dernière session de la Chambre d’Agriculture, le 29 avril dernier.
L’analyse de MM. Nil et Dupré repose au préalable sur un diagnostic complet de chacune des productions  : lait, veaux, bovins allaitants, ovins, porc, céréales, Lentille Verte du Puy, fruits rouges, produits fermiers, produits bio et production d’énergie (voir détail dans cette page).
Après avoir détaillé les forces et les faiblesses de chacune des productions agricoles, les ingénieurs ont présenté la partie la plus attendue par les professionnels, les «orientations possibles», comprenez les «axes de travail» que la profession pourra transformer en axes de réflexion et en actions.

Sécuriser les débouchés du lait

Pour ces ingénieurs, l’avenir passera par une sécurisation du débouché lait et une amélioration de l’efficacité de la production dans les exploitations.
«Il faut conforter et développer l’usine du Puy reprise par Sodiaal ; c’est un outil de transformation qui nécessite quelques investissements sur des lignes de produits sous marque ou sous marque de distributeurs. Les ingénieurs ont invité les producteurs à dialoguer avec leurs industriels-collecteurs sur la sécurisation des débouchés et se montrent très favorables à l’appellation «Montagne» qui permet de garantir les débouchés. «Les producteurs doivent à présent faire alliance avec un vendeur  qui accepte de commercialiser le lait de montagne» ont-ils souligné.
Selon eux, les coûts de collecte qui s’avèrent aujourd’hui pénalisants pour le producteur et dissuasifs pour l’industriel, doivent faire l’objet d’un projet global de réduction de leurs coûts ; pour ce faire, ils invitent encore une fois au dialogue entre agriculteurs et collecteurs et tout particulièrement pour la collecte du lait bio dont le coût est à l’heure actuelle important.
L’avenir passera également par l’amélioration de l’éfficacité par la maîtrise technique, économique, financière et de la productivité du travail.
Les ingénieurs invitent pour cela les OPA et banques à être sélectifs dans le soutien aux investissements dans les exploitations.

Soigner les prairies naturelles

Il faudra aussi «tirer parti des soutiens aux systèmes d’élevage à l’herbe,  par l’augmentation du nombre de PMTVA, par la stabilisation des outils coopératifs en ovins et en améliorant l’exploitation de la prairie permanente.

Porc : s’appuyer sur des opérateurs aval

Pour MM. Dupré et Nil, le maintien de la production porcine est une priorité, ne se serait-ce que pour conserver des abattoirs en Haute-Loire. Le salut de cette production passera selon eux «par le développement de la transformation à la ferme et par des opérateurs d’aval capables de valoriser une production différenciée par son origine (zone de montagne) et sa qualité».

Lentille : rétablir le fonctionnement harmonieux de l’interprofession

Le développement de la filière Lentille Verte du Puy passe notamment par le rétablissement harmonieux de l’interprofession Lentille, ainsi que par la relance de campagnes de promotion et l’organisation de stockage intercampagne. La demande en lentille bio devra également être satisfaite.

La carte des produits fermiers et des circuits courts

MM. Dupré et Nil encouragent les agriculteurs de Haute-Loire à se lancer encore davantage dans les produits fermiers et le bio en s’appuyant sur les opérateurs aval déjà en place et qui ont fait leurs preuves tels que Gérentes, GIE Fruits rouges, magasins collectifs…). «Il faut aussi développer de nouveaux canaux pour accéder à des marchés plus éloignés (vente sur internet…) en s’entourant d’opérateurs compétents». La commercialisation en circuits court à destination de la restauration collective
est une initiative dont ils encouragent le développement. Les ingénieurs ont incité les professionnels de l’agriculture à diversifier leurs revenus de l’élevage en optant pour le biogaz. Enfin, les OPA devront travailler dans le sens d’une optimisation de l’appui technique et de conseils aux producteurs.
Dans leur conclusion, MM. Dupré et Nil ont invité les professionnels à réfléchir à ces axes de travail stratégiques en vue d’établir des programmes d’actions».

 

À l'issue de cette présentation, un large débat s'est installé avec pour principal interlocuteur autre que les élus Chambre, Laurent Wauquiez, à l'initiative avec la Profession, de cette étude. Lire sur La Haute-Loire Paysanne du vendredi 6 mai.

Le diagnostic des 2 ingénieurs

Une agriculture dynamique malgré ses handicaps

Lait : Avec les sous-produits,  le lait représente 50% de la production agricole du département (en valeur) . Un revenu par travailleur modeste (13 à 22 Ke). Prix du lait inférieur aux zones de plaine. Une production contrainte par les quotas qui doit sécuriser ses débouchés.
Veaux : 12% de la valeur de la production agricole (PA). Une production traditionnelle contraignante en travail qui valorise le lait au prix des laiteries. La coopérative des Veaux des Monts du Velay est un bon outil. Une production qui pourrait être déstabilisée par la suppression des quotas laitiers.

Bovins allaitants : Troupeau orienté vers les maigres et broutards. Un revenu dépendant des aides et de l’accès aux PMTVA. AOC Fin Gras du Mézenc : initiative intéressante mais à l’impact limité.

Ovins : 4,5% de la valeur de la PA. Revenu inférieur au lait et à la viande bovine mais va bénéficier à plein du bilan de santé PAC. Commercialisation perturbée par le dépôt de bilan de la Sica Grillon.

Porc : 3,6% de la valeur de la PA. Handicapé par le prix des aliments. Production vitale pour les abattoirs locaux. Le «Porc de Haute-Loire» est un tremplin pour une démarche commerciale avec des opérateurs. Intérêt de la transformation locale pour valoriser.

Céréales : 6,1 % de la valeur de la PA. Rôle important dans l’alimentation des animaux.

Lentille Verte du Puy : Dégagement d’une forte marge par hectare mais rendements aléatoires.Un développement à soutenir par de la promotion. Mais un imbroglio au niveau interprofessionnel.

Fruits rouges : Une réussite exemplaire. Des perspectives de développement.

Produits fermiers : Une bonne valorisation mais une expansion limitée. Des contraintes de travail importantes.

Produits bio : Filière lait porteuse mais collecte locale faible. Filières bovine, ovine et porcine porteuses.

Production d’énergie : Perspectives importantes si tarifs cogénération sensiblement relevés et tarifs intéressants fixés pour l’injection dans le réseau de gaz.

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