«Il faut être dynamique et optimiste…»
Le 7 mars 2019, un mois après la victoire de la liste FDSEA-JA, Yannick Fialip prenait la présidence de la Chambre
départementale d’Agriculture. Après un an, il fait un point sur son début de mandat et sur les perspectives à venir.
Après un an à la présidence de la Chambre départementale d’Agriculture, quel est votre sentiment sur votre poste ?
Être président de Chambre, c’est intéressant, prenant. C’est du souci aussi… Mais c’est une continuité après la présidence de la FDSEA, puisque à la FDSEA on est dans la définition des orientations et à la Chambre, dans l’application de ces orientations. J’ai la chance d’avoir une équipe professionnelle soudée avec diverses compétences ; c’est confortable pour le président.
Concrètement, quelles ont été vos premières impressions ?
Je suis allé à la rencontre des salariés par groupes de 3 ou 4 de façon à voir les différentes missions, nombreuses et diverses, qu’ils remplissent auprès des agriculteurs. Et j’ai noté qu’on a des gens motivés et très proches des orientations professionnelles, ce qui est pour moi un gage de réussite. Le seul point négatif, c’est qu’il y a un “turn over“ assez important à la Chambre d’Agriculture ; nos territoires ne sont pas les plus attractifs… et c’est dommage. Il y a moyen d’avoir une vie professionnelle et une vie privée valorisantes dans le département. C’est quelque chose que je n’avais pas mesuré. Et pourtant, le travail à la Chambre d’agriculture séduit de par sa diversité notamment, comme nous l’avons montré lors des Terres de Jim où nombre de salariés ont participé dans les différents pôles : animal, végétal, installation, bois, diversification…
Revenons au rôle de la Chambre d’Agriculture…
Les missions de la Chambre d’Agriculture se déclinent en 3 axes. Le premier c’est d’accompagner tous les agriculteurs et toutes les agricultures : par l’installation, la transmission, la mise en place de projets, le suivi des exploitations…
Pour exemple, au cours de ce mandat, on a l’objectif de rencontrer tous les cédants dans les 5 ans à venir et de leur proposer une solution pour pérénniser leur exploitation vers un nouveau projet, une installation…
Le deuxième axe c’est la création de valeur ajoutée. La Chambre veut aider les agriculteurs à être performants dans les grandes filières. Je regrette aujourd’hui qu’on réduise les surfaces pour notre filière Lentilles, une production à haute valeur ajoutée qu’il ne faut pas perdre. On souhaite en développer d’autres comme les démarches montagne.
Enfin la Chambre d’Agriculture a une mission d’ouverture et de communication avec le citoyen et le consommateur. Et ce rôle, on voudrait le formaliser à travers l’agro-tourisme qui conjugue à la fois la recherche de valeur ajoutée et la communication autour de notre métier. Un touriste qui vient sur une ferme en Haute-Loire, est convaincu…
L’État se décharge de plus en plus sur l’outil Chambre d’Agriculture sur un certain nombre de missions comme l’instruction des dossier installation, des dossiers bâtiments. Nous, on veut bien accepter ces missions, mais on n’acceptera pas que l’État veuille diriger l’orientation agricole. Je rappelle qu’on a été élu, sur une liste du syndicat majoritaire, pour porter un développement agricole. On est partenaire des services de l’État mais pas sous son commandement…
Qu’en est-il de la régionalisation ?
L’automne dernier on a vécu des moments difficiles face à la volonté de régionaliser. Avec les organisations syndicales, on a plutôt eu gain de cause, après beaucoup de lobbying auprès des parlementaires, parce qu’on pense que la proximité est une des base pour la Chambre. À chaque fois qu’on éloigne un service du territoire, on perd de la réactivité. On restera donc proches des agriculteurs, en partenariat avec les organisations professionnelles du département. C’est l’un de mes souhaits, car malgré nos différences, on travaille tous pour la Haute-Loire. Cet ADN-là sur le département, je le souhaite aussi en région.
Quelles sont les orientations pour 2020 et au-delà ?
La Chambre départementale d’Agriculture c’est un budget de 6,5 millions d’euros, avec lequel nous avons la volonté de proposer plus de services auprès des agriculteurs pour les aider à développer leurs exploitations face à un environnement économique, sanitaire, sociétal, instable. Ils ont besoin d’un maximum de conseils. Pour exemple, un nouveau sujet arrive, c’est l’adaptation au changement climatique ; sujet sur lequel la Chambre a déjà travaillé. Pour répondre aux nombreuses sollicitations, la Chambre adapte ses prestations et travaille de plus en plus en interdépartemental pour mutualiser des services et échanger des compétences. Ainsi, pour mieux répondre aux attentes des agriculteurs, nous proposons un service plus ciblé, un service à la carte, avec plusieurs schémas de développement.
En fin d’année 2020, on va organiser une journée filières avec le Conseil départemental, pour redéfinir les perspectives sur les grandes filières départementales, et pour répondre à des demandes plus locales.
On a aussi la volonté de rencontrer toutes les EPCI pour mettre en oeuvre des partenariats sur des problématiques telles les énergies renouvelables, un projet alimentaire territorial, une analyse de la démographie agricole… On a déjà 3 agents sur les Pays, mais on veut aller encore plus loin. La Chambre a aussi 3 gros projets en partenariat avec les services de l’État : les énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque et méthanisation), l’eau et son stockage, et le foncier (parcellaires).
Autre grosse échéance, les négociations de la PAC. La Chambre d’agriculture sera là pour accompagner techniquement le syndicalisme. De part mes fonctions à la FRSEA et à la FNSEA, je garde un pied dans le syndcalisme ce qui m’aide dans la prise de décisions à la présidence de la Chambre, pour mieux comprendre les enjeux de demain et garder un temps d’avance… J’arrive à trouver un équilibre entre mes diverses responsabilités.
Deux mots pour définir un président de Chambre d’Agriculture.
Il faut être dynamique et optimiste. Je pense que notre métier a de l’avenir et qu’on aura des jours meilleurs… On se doit de garder ce cap.