En 2012, les tracteurs passent au gazole agricole
2011 sera une année de transition pour liquider vos stocks de fioul et vous préparer à l'utilisation du gazole non routier. Des précautions sont à prendre notamment pour le stockage de ce nouveau carburant.
Dans un premier temps annoncé pour le 1er janvier 2011, le remplacement du fioul domestique par le gazole « non routier » pour les tracteurs et automoteurs agricoles(1) devrait finalement être repoussé d’un an, au 1er janvier 2012(2). Ce délai supplémentaire ne doit toutefois pas être une raison pour continuer à utiliser du fioul une année de plus. Le passage au gazole non routier implique un certain nombre de précautions de stockage. « L’objectif, c’est de mettre à profit ce report pour vider les cuves de fioul et les nettoyer pour accueillir le gazole non routier » considère Philippe Van Kempen, chef du service agroéquipement du Bureau de coordination du machinisme agricole. De par sa composition intégrant 7 % d’esters méthyliques d’acides gras (biocarburants), le gazole non routier a un pouvoir détergent supérieur à celui du fioul, ce qui pourrait remettre en suspension les dépôts accumulés sur les parois et le fond de la cuve.
Outre le nettoyage des cuves, l’intégration des esters méthyliques implique de revoir la stratégie de stockage du carburant. Le pétrolier Total recommande notamment de maintenir le plein des réservoirs autant que possible afin de limiter la condensation. Une purge régulière des cuves et réservoirs permettra l’évacuation de l’eau de condensation.
Un stockage saisonnier
Le pétrolier va même jusqu’à préconiser un nettoyage complet des cuves par un professionnel au moins tous les dix ans. L’utilisation d’un système de filtration en sortie de cuve et un changement de filtre plus régulier sur les tracteurs devrait déjà vous prémunir de pas mal d’ennuis.
La multiplication des livraisons s’imposera également avec la commercialisation de deux versions de gazole non routier selon les saisons : un gazole d’été résistant à zéro degré (disponible d’avril à octobre) et un gazole d’hiver tolérant -15°C. La gestion des stocks de carburant risque de devenir une préoccupation supplémentaire sur les exploitations.
La stabilité du prix du gazole devrait toutefois faciliter les prises de commandes, contrairement au fioul dont le prix est très dépendant de la demande. Quant au tarif du gazole non routier, les pétroliers ne s’avancent pas pour l’instant. « En considérant que le tarif du gazole détaxé est très proche de celui du fioul, il n’y a pas de raison à ce qu’il y ait une forte inflation avec l’arrivée du gazole non routier » , estime Philippe Van Kempen.
(1)Les pelles et tractopelles utilisés sur une exploitation, ETA ou Cuma devront utiliser du gazole non routier dès le 1er janvier 2011.
(2)L’arrêté confirmant ce report était sur le point de paraître au moment de la fabrication du dossier.
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Un carburant plus propre
Le gazole non routier qui répond à la norme EN 590 est équivalent au gazole utilisé pour les camions et les automobiles, à la différence qu’il conserve une couleur rouge, preuve d’un carburant détaxé. Principale évolution par rapport au fioul, ce gazole a une teneur en soufre 100 fois inférieure (10 mg/kg au lieu de 1000 mg/kg) et un indice de cétane plus élevé (51 contre 49 pour du fioul de qualité supérieur ou 40 pour du fioul domestique). La réduction du soufre va de pair avec le durcissement des normes limitant les émissions polluantes, d’une part concernant les rejets de dioxydes de soufre, d’autre part pour être compatible avec le fonctionnement de certains dispositifs de dépollution des moteurs à venir (Tier 4). La progression de l’indice de cétane favorise une meilleure combustion. On ne peut d’ailleurs qu’encourager les possesseurs de tracteurs récents à passer au gazole non routier. En vérifiant leur carnet d’entretien, ils seront souvent surpris que le constructeur préconise l’emploi d’un carburant répondant à la norme EN 590, source de litige de plus en plus fréquent dans l’application de la garantie en cas de grosse panne. Quant à l’utilisation du gazole non routier dans les anciens moteurs, les craintes concernant la diminution du pouvoir lubrifiant liée à la réduction du soufre ne sont pas fondées selon les pétroliers. Ces derniers prennent l’exemple de nombreux voisins européens qui utilisent le gazole depuis de nombreuses années sans difficulté. Le pouvoir lubrifiant doit aussi être garanti pour les systèmes d’injection common rail des moteurs récents.