Bruno Le Maire rempile au Ministère de l'Agriculture
Ministre de l'Agriculture depuis juin 2009, Bruno Le Maire a été maintenu dans ses fonctions lors du remaniement ministériel dévoilé ce dimanche 14 novembre. A la veille de la réforme de la PAC, cette stabilité est bien accueillie par la profession. Le président de la FNSEA souligne par ailleurs l'élargissement des missions de Bruno Le Maire à la ruralité et à l'aménagement du territoire "car nous avons besoin d'une politique de développement" des territoires insiste-t-il.
Àgé de 41 ans, Bruno Le Maire a fait partie, ces dernières semaines, de la liste des potentiels prétendants pour succéder à François Fillon. Suite à la composition du nouveau Gouvernement, annoncée dans la soirée du dimanche 14 novembre, Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture depuis juin 2009, conserve son poste dans le nouveau gouvernement Fillon.
Le ministre de l’Agriculture élargit son portefeuille à l’aménagement du territoire, Michel Mercier, ancien ministre de l’espace rural et de l’aménagement du territoire devenant Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Nathalie Kosciusko-Morizet est nommée ministre de l’Écologie, en remplacement de Jean-Louis Borloo qui a choisi de quitter le gouvernement. Son portefeuille ne comporte pas l’énergie qui est l’une des attributions d’Éric Besson, ancien ministre de l’immigration et de l’identité nationale qui devient ministre de l’industrie avec l’énergie et l’économie numérique dans ses attributions. Nommée ministre des affaires étrangères, Michel Alliot-Marie, ministre d’État devient numéro trois du gouvernement après Alain Juppé, ministre de la défense. Laurent Wauquiez devient ministre des Affaires européennes auprès de Michèle Alliot-Marie. Frédéric Lefebvre entre au gouvernement au poste de secrétaire d’État de commerce, de l’artisanat et du tourisme en remplacement d’Hervé Novelli. Pierre Lellouche devient secrétaire d’État au commerce extérieur.
Passation de pouvoirs
Lors de la passation de pouvoirs, devant Michel Mercier, Bruno Le Maire s’est déclaré « très heureux de cette cohérence qui crée, pour la première fois dans l’histoire de notre République, un ministère de l’agriculture, de l’alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l’aménagement du territoire. La ruralité n’appartient pas au passé de la France, la ruralité appartient à l’avenir de la France pourvu qu’on la bâtisse, pourvu que l’on soutienne nos paysans, et je continuerai à les soutenir avec la même détermination et ardeur, ils peuvent y compter, paysans comme pêcheurs ». A la veille des déclarations du commissaire européen à l’Agriculture Dacian Ciolos, la confirmation de Bruno Le Maire au ministère de l’Agriculture est une « bonne chose », a déclaré Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA. « Il est intéressant que les missions de M. Le Maire soient élargies à la ruralité et à l’aménagement du territoire car nous avons besoin d’une politique de développement » des territoires, a-t-il estimé.
Des dossiers délicats à l’horizon
« Les prochains jours vont être essentiels pour l’agriculture française et européenne », estime Guy Vasseur, le président des Chambres d’agriculture, qui souhaite à travers la PAC 2013, « une rénovation ambitieuse de l’agriculture ». Selon lui, « cette nouvelle PAC devra permettre à tous les agriculteurs de répondre aux nouveaux enjeux »… C’est-à-dire « parler d’alimentation mais également d’équilibre de territoires, de dépendance énergétique et de préservation des ressources naturelles ».
Les enjeux des travaux du G20 sur la stabilité des marchés des prix des matières premières agricoles, l’actualité des discussions autour d’une PAC pour 2014 régulatrice, les pourparlers de l’OMC ou encore les négociations d’accords commerciaux bilatéraux, sont les grands dossiers qui attendent le ministre de l’Agriculture, sur la scène européenne et internationale.
Sur le plan national, le ministre devra poursuivre l’application de la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche (LMAP), votée cet été, et la mise en œuvre des plans de modernisation des filières agricoles et alimentaires. Dernièrement, sur France 24, Bruno Le Maire déclarait : « Il y a une direction à suivre, celle de la compétitivité, de la capacité à affronter nos concurrents, notamment nos concurrents allemands (…) Ça prendra un peu plus de temps. Mais si on gagne cette bataille de la compétitivité, si on est suffisamment patients, suffisamment résolus, une fois encore si on tient le même cap, si on fait que chaque exploitation agricole en France devienne plus rentable, avec un meilleur revenu, là on gagnera ». Un vaste mais difficile programme qui sera jugé lors des prochaines échéances électorales : cantonales, sénatoriales et bien évidemment la présidentielle de 2012.
Les grandes étapes de la PAC
1951 : Institution du principe de la PAC, au même titre que la Ceca (Communauté européenne du charbon et de l’acier).
1957 : Signature du Traité de Rome, instituant la Communauté économique européenne (CEE), qui crée en même temps la PAC. L’objectif est d’accroître la productivité de l’agriculture, d’assurer un niveau de vie équitable à la population agricole, de stabiliser les marchés, de garantir la sécurité des approvisionnements et d’assurer des prix raisonnables aux consommateurs.
1962 : Mise en place et développement de la PAC autour de trois principes, qui prévalent encore aujourd’hui : unicité du marché, préférence communautaire et solidarité financière (budget).
1992 : Réforme qui institue le principe de l’aide directe et qui affaiblit la notion de soutien au prix.
2003 : Création du principe de découplage des aides. L’agriculteur reçoit un montant global par exploitation, ou droit à paiement unique (DPU), indépendamment de ce qu’il produit. La réforme introduit aussi la notion de conditionnalité : obtention des aides contre respect de certaines règles, notamment en matière environnementale.
2008 : Bilan de santé de la PAC, qui aboutit à un prélèvement sur les soutiens aux grandes cultures et à une redistribution essentiellement vers les filières animales (ovins, caprins, lait de montagne…).