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Optimiser l’alimentation distribuée à ses ovins allaitants

Pour compenser, au moins en partie, la hausse du prix des aliments, plusieurs leviers peuvent être activés selon les contextes de production au niveau de l’alimentation distribuée.

Produire des fourrages de qualité

Lorsque le pâturage ne peut être pratiqué toute l’année, il est nécessaire d’avoir recours à des fourrages stockés. La récolte de l’herbe au bon stade est déterminante et se traduit par des économies d’achat d’aliments. Le premier réflexe est de penser à l’implantation de légumineuses pour garantir des teneurs en azote plus élevées, mais il est possible de creuser aussi la voie du stade optimum de récolte. Réussir un enrubannage de haute valeur alimentaire passe par une récolte précoce. Ces fauches ne pénalisent pas le rendement annuel. Elles permettent en revanche d’améliorer la valeur énergétique et le taux de matières azotées totales du fourrage récolté.

Répartir au mieux les fourrages selon les besoins des brebis

Une autre piste consiste à faire coïncider au mieux la qualité des fourrages récoltés avec les besoins physiologiques des animaux afin de distribuer le moins de concentrés possibles et de limiter également les achats d’aliments complémentaires azotés. Le foin de luzerne et l’enrubannage sont à distribuer préférentiellement aux brebis en lactation. En fin de gestation, mieux vaut privilégier un foin de graminées bon à moyen. Au stade entretien, les besoins des brebis sont plus faibles, elles peuvent soit pâturer, soit consommer de la paille ou un foin de qualité moyenne.

Du mélange fermier pour les agneaux

Pour les agneaux élevés en bergerie, plusieurs rations sont possibles en passant par des formules simples avec un aliment complet à des rations plus complexes (céréales, protéagineux et aliments minéraux vitaminés-AMV). En règle générale, les rations contenant du pois ou de la féverole sont moins coûteuses mais engendrent un allongement de la durée de finition (+11 jours par rapport à un aliment complet), elles doivent compter au minimum 30 % de protéagineux, voire 40 % pour du pois seul. C’est aussi le cas avec une ration composée de céréales et de fourrages de légumineuses (+16 jours par rapport à un aliment complet).

Bien choisir son concentré

Dans le cas où le concentré pour les brebis ou les agneaux ne peut être produit sur l’exploitation, il est judicieux de se renseigner sur la composition des aliments achetés. En effet, un aliment peut être commercialisé à moindre coût, mais sa teneur en PDI est inférieure aux besoins de l’agneau (100 grammes de protéines digestibles dans l'instestin par kilo de poids vif). Dans ce cas, pour obtenir un agneau fini lourd, la consommation en aliment sera supérieure et sa durée d’engraissement allongé. Se baser uniquement sur la teneur en matière azotées totales est insuffisant. Pensez à estimer le ratio coût par rapport aux protéines disgestibles dans l'intestin à la tonne et demander une formulation identique sur le moyen terme pour ne pas avoir de déconvenues au cours de la phase d’engraissement d’un lot d’agneau.

Gwen Parry (EARL Parry), 458 brebis sur 181 hectares en bio

S’affranchir de l’aliment pour les agneaux

Gwen Parry (EARL Parry), 458 brebis sur 181 ha en bio.
Gwen Parry (EARL Parry), 458 brebis sur 181 ha en bio. © DR
« Avec la hausse du coût de l’alimentation je souhaite diminuer l’achat d’aliments pour mes agneaux, voire ne plus en acheter. En effet, j’achète entre 10 et 12 tonnes d’aliment bio du commerce chaque année. Augmenter l’implantation de protéagineux me permet également d’améliorer encore la complémentarité de mes deux ateliers grandes cultures et ovin. Avant d’implanter de la féverole j’ai d’abord essayé le lupin deux années de suite, mais je n’étais pas satisfait du résultat (maladie et rendement).

Des ventes de céréales en plus, mais des ventes de foin en moins

Je pensais implanter 16,5 hectares de féverole, soit 5 hectares de plus par rapport à mon assolement actuel, mais il sera peut-être préférable d’en implanter 8 hectares pour conserver la même valeur de la ration (cf. teneur en matières azotées totales plus faible que l’aliment du commerce), avec l’objectif de rester à 226 kilos de concentré par brebis (consommation globale du troupeau). Avec l’aliment fermier, il faut également prévoir d’acheter plus de minéraux. La féverole va aussi remplacer une part des céréales dans la ration, donc j’aurai un peu plus de céréales à vendre. En revanche, avec 8 hectares de prairies temporaires en moins, je récolterai moins de foin et par conséquent j’en aurai moins à vendre ».

Plus de charges de mécanisation

Avec l’augmentation des cultures, il faut aussi prendre en compte l’augmentation des charges de mécanisation (carburant, entretien du matériel, travaux par tiers). Au final, le solde devrait être positif, avec une économie de plus de 2 400 euros. »

Propos recueillis par Élise Hommet, chambre d’agriculture de l’Indre

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